L'Erythrée et l'Ethiopie ont signé lundi à Asmara une déclaration conjointe formalisant leur rapprochement et stipulant que les deux pays ne sont plus en guerre, à l'issue d'une rencontre entre les dirigeants des deux pays, s'engageant à mettre en œuvre les accords d'Alger signés en 2000. Au lendemain d'une rencontre historique entre le président érythréen Issaias Afeworki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, les deux dirigeants ont signé lundi une "déclaration conjointe de paix et d'amitié", a indiqué le ministre érythréen de l'Information Yemane Gebremeskel. Ce texte déclare notamment que "l'état de guerre qui existait entre les deux pays est arrivé à sa fin. Une nouvelle ère de paix et d'amitié s'ouvre". Le même document précise que les deux pays œuvreront à promouvoir une étroite coopération, dans les secteurs de la politique, de l'économie, du social, de la culture et de la sécurité. Il vient confirmer ainsi les annonces faites dimanche, à savoir la reprise du commerce, des transports et des télécommunications entre les deux pays, le rétablissement des liens diplomatiques et la mise en œuvre de l'accord d'Alger sur le respect de la frontière. "Après la discussion, nous avons accepté de rouvrir nos ambassades", a déclaré le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, selon les chaînes de télévision publiques des deux pays, après ce sommet sans précédent depuis 20 ans.
Accord d'Alger, ultime recours pour mettre fin au conflit Depuis l'arrivée au pouvoir à Addis-Abeba en avril, de M. Abiy, 42 ans, qui a ouvert la voie au dégel des relations. Le nouveau dirigeant a amorcé un train de réformes avec comme summum à ces bouleversements l'annonce début juin de son intention d'appliquer l'accord de paix d'Alger signé en 2000 avec l'Erythrée et les conclusions de la commission internationale sur la démarcation de la frontière. De 1998 à 2000, une guerre entre les deux pays a fait 80 000 morts, en raison de désaccords sur la frontière. Depuis, Asmara et Addis-Abeba n'avaient pas de relations diplomatiques. La frontière commune reste fortement militarisée et son tracé est toujours contesté autour de la ville de Badmé. En 2002, la Cour permanente d'arbitrage de La Haye a attribué Badmé à l'Erythrée, mais Addis-Abeba a ignoré ce jugement et la ville est restée sous administration éthiopienne. Abiy Ahmed, qui a pris ses fonctions en avril, a déclaré en juin, à la surprise générale, qu'il était prêt à respecter ce jugement international. Une importante délégation érythréenne a été accueillie juin dernier en Ethiopie, et ce pour la première fois depuis 1998. Bien accueillie par les autorités éthiopiennes, cette initiative a débouché sur la visite à Asmara de M. Abiy. En répondant à la main tendue de M. Abiy, le président Issaias a tranché en faveur de la décision de M. Abiy de tourner la page du conflit en respectant l'accord de paix d'Alger, ce qui a été saluée par la communauté internationale. Les accords d'Alger sont un traité de paix, sous la direction de l'ONU, visant à mettre un terme officiel à la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie qui s'est déroulée entre 1998 et 2000. Ils avaient été signés le 12 décembre 2000 à Alger entre le gouvernement de l'Erythrée et celui de l'Ethiopie. Ils font suite au cessez-le-feu du 18 juin 2000. L'accord incluait l'échange des prisonniers de guerre et le respect des accords de cessez-le-feu, notamment la création d'une ligne de démarcation de 25 km de large et l'envoi de casques bleus. Le texte avait décidé également de la création par la suite d'une commission pour discuter des territoires disputés dans le cadre de la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie, ainsi qu'une commission sur les causes et les crimes perpétrés durant la guerre. Le 13 avril 2002, une Commission frontalière Erythrée-Ethiopie est créée conformément aux accords d'Alger en collaboration avec la Cour d'arbitrage international de La Haye. La décision de la Cour accorde des territoires à chaque partie, et Badme (où avait éclaté le conflit) est attribuée à l'Erythrée. Le 21 décembre 2005, une commission de la Cour d'arbitrage international de La Haye conclut que l'Erythrée avait violé les lois internationales lorsqu'elle a attaqué l'Ethiopie en 1998, déclenchant ainsi un conflit plus large.
Premier vol d'Ethiopian Airlines vers Asmara le 17 juillet La compagnie aérienne Ethiopian Airlines a annoncé mardi qu'elle opérerait le 17 juillet le premier vol passager en 20 ans entre Addis Abeba et Asmara, concrétisant ainsi le rapprochement entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Un premier vol, sur Boeing 787, quittera Addis Abeba le 17 juillet à 09H00 locales (06H00 GMT), pour arriver à Asmara 01H10 plus tard, a annoncé Ethiopian Airlines dans un communiqué. Un second vol fera le chemin inverse le lendemain à 11H00. "A Ethiopian, nous nous sentons immensément fiers et heureux de reprendre un programme de vols vers Asmara après 20 ans", a déclaré le P-DG de la compagnie éthiopienne, Tewolde GebreMariam, cité dans le communiqué. "La reprise du transport aérien jouera un rôle capital pour renforcer les liens politiques, économiques, commerciaux et fraternels entre les deux nations sœurs", a-t-il estimé. Ethiopian Airlines espère être "très rapidement" en mesure d'offrir plusieurs vols quotidiens entre les deux capitales, ainsi que de lancer un service marchandises pour profiter de "l'énorme potentiel en terme de marché" des deux pays. Après la reprise dimanche des communications téléphoniques, le retour de vols Ethiopian Airlines à Asmara est la deuxième mesure concrète faisant suite au spectaculaire rapprochement entre les deux pays. A l'occasion de la première rencontre en 20 ans entre les deux plus hauts dirigeants éthiopiens et érythréens, dimanche et lundi à Asmara, les deux pays ont signé une déclaration actant la fin de l'état de guerre entre eux. Un conflit larvé opposait les deux pays depuis la guerre de 1998-2000, déclenchée notamment par un désaccord sur leur frontière commune et qui avait fait quelque 80.000 morts. Le document signé par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président érythréen Issaias Afeworki prévoit la reprise du commerce, des transports et des télécommunications, le rétablissement des relations diplomatiques et la mise en œuvre des décisions internationales sur la frontière. Ce dégel a été lancé par l'annonce en juin par M. Abiy de la volonté de l'Ethiopie d'appliquer l'accord de paix signé en 2000 à Alger avec l'Erythrée et les conclusions en 2002 de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière.