Au lendemain d'un sommet historique de leurs dirigeants, l'Erythrée et l'Ethiopie ont signé, lundi à Asmara, une déclaration formalisant leur rapprochement et mettant fin à vingt ans d'état de guerre. Le président érythréen Issaias Afeworki et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ont signé dans la matinée, dans la capitale érythréenne, une "déclaration conjointe de paix et d'amitié", a annoncé le ministre érythréen de l'Information, Yemane Gebremeskel. Ce texte déclare notamment que "l'état de guerre qui existait entre les deux pays est arrivé à sa fin. Une nouvelle ère de paix et d'amitié s'ouvre". Le document confirme la reprise du commerce, des transports et des télécommunications, le rétablissement des relations diplomatiques et la mise en œuvre de l'accord international de 2000 sur la frontière commune. Des images de la cérémonie montrent MM. Issaias et Abiy attablés à un bureau en bois, avec en toile de fond, les drapeaux des deux pays, signant cette déclaration. Peu après, M. Abiy a quitté l'Erythrée pour rentrer à Addis-Abeba au terme d'une visite de deux jours. "Nous nous sommes mis d'accord pour la reprise du trafic aérien et naval, pour la circulation des personnes entre nos deux pays et la réouverture des ambassades", avait déclaré dimanche soir M. Abiy, lors d'un dîner en son honneur. Ce dégel a été lancé par le jeune Premier ministre, 42 ans, après son annonce en juin de la volonté de l'Ethiopie d'appliquer l'accord de paix signé en 2000 à Alger avec l'Erythrée et les conclusions de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière. L'Ethiopie et l'Erythrée se sont livré de 1998 à 2000 une meurtrière guerre conventionnelle, avec chars d'assaut et tranchées, qui a fait quelque 80 000 morts, notamment en raison d'un désaccord sur leur frontière commune. Autrefois façade maritime de l'Ethiopie avec les ports de Massawa et d'Assab, l'Erythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre. L'indépendance de l'Erythrée a privé l'Ethiopie de tout accès à la mer et l'a forcée à s'appuyer presque exclusivement sur Djibouti pour son commerce maritime. L'accès de l'Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, aux ports érythréens devrait stimuler l'économie des deux pays, tout en menaçant l'hégémonie de Djibouti. La liberté de mouvement des deux côtés de la frontière permettra la réunion de deux peuples, liés par une histoire, une langue et une ethnicité communes, et de familles séparées depuis plus de 20 ans. R. I./Agences