Le dossier empoisonnait depuis des mois les relations entre Washington et Pékin, l'administration Trump a donné son feu vert à la reprise totale des activités de la société de télécommunications chinoise ZTE, en dépit du tollé parmi les sénateurs américains. Le département au Commerce a annoncé vendredi avoir levé toutes les restrictions à l'exportation visant le groupe, ce dernier s'étant acquitté d'une amende d'un milliard de dollars et du dépôt de garantie de 400 millions de dollars conformément à un accord annoncé début juin. Les Etats-Unis avaient interdit à la mi-avril toutes les ventes de composants électroniques américains à ZTE pour sanctionner le groupe chinois d'avoir violé des embargos contre l'Iran et la Corée du Nord. Ainsi privé de puces électroniques américaines, ZTE avait dû cesser la majeur partie de ces activités, mettant en péril ses quelque 80.000 emplois. Mais la Maison Blanche avait ensuite consenti, à la demande du président chinois Xi Jinping, à revenir sur cette décision qui pénalisait aussi les entreprises américaines. "Bien que l'interdiction sur ZTE soit levée, le département (au Commerce) restera vigilant en surveillant étroitement les mesures prises pour se mettre en conformité avec les législations et la réglementation américaines", a déclaré le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, cité dans le communiqué. Le ministre de Donald Trump rappelle en particulier que ZTE doit mettre en place une cellule de surveillance qui sera sous la tutelle de son administration. Sélectionnée par le département au Commerce, l'équipe, dont le rôle sera de "surveiller en temps réel" les agissements de ZTE, rendra compte au Bureau chargé de l'industrie et de la sécurité (BIS) dépendant du département au Commerce, et ce, pendant dix ans, a souligné Wilbur Ross. Lors de l'annonce de l'accord début juin, ZTE avait aussi accepté la refonte complète de sa direction. La décision de lever des sanctions sur ZTE suscite un tollé parmi les sénateurs américains. Nombre d'entre eux, y compris du parti républicain, estiment que le groupe chinois représente un danger pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
Discussions rompues Ils s'inquiètent du fait que l'utilisation de sa technologie aux Etats-Unis puisse permettre à la Chine de "voler" plus facilement des secrets industriels américains. Ils arguent également que l'amende de 892 millions de dollars, infligée au groupe lors d'un précédent jugement de mars 2017, ne l'avait pas empêché de violer une nouvelle fois la législation. Le Sénat a approuvé le 18 juin un projet de loi pour annuler la levée des sanctions contre ZTE. Et jeudi, des sénateurs républicains et démocrates ont une nouvelle fois demandé au gouvernement de rétablir les pénalités sur ZTE. Après le compromis obtenu début juin, ZTE avait, lui, reconnu une culture d'entreprise "fautive" et promis d'en "tirer les leçons", selon une note interne dévoilée par la presse locale. Le feu vert à la reprise d'activité de ZTE intervient alors que les Etats-Unis et la Chine ont basculé dans la guerre commerciale. Il y a tout juste une semaine, les deux pays se sont en effet mutuellement imposé des droits de douane de 25% sur 34 milliards de dollars d'importations annuelles. Cette semaine, la Maison Blanche a annoncé qu'elle comptait taxer, à partir de septembre, 200 milliards d'importations chinoises supplémentaires à hauteur de 10%. La question ZTE s'était invitée au printemps au menu des âpres pourparlers que menaient alors ldes deux premières puissances économiques pour tenter d'éviter une guerre commerciale. Malgré la perspective de la levée des sanctions sur ZTE, jeudi, le gouvernement chinois a fait savoir qu'aucune discussion avec les Etats-Unis ne se profilait pour tenter d'arrêter la guerre commerciale avec la Chine, faute de confiance entre les deux pays. "Comme la Chine l'a dit à plusieurs reprises, la confiance est indispensable aux négociations. Les deux parties n'ont eu aucun contact pour reprendre les pourparlers", a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng.