Le gouvernement syrien et une coalition arabo-kurde, soutenue par Washington, ont eu des discussions à Damas sur l'avenir des vastes régions syriennes à population majoritaire kurde, les premières du genre dans le pays en vue d'une solution politique et la fin de la guerre en Syrie. La coalition arabo-kurde des "Forces démocratiques syriennes" (FDS), engagée dans des négociations avec le gouvernement, a annoncé samedi la création de "comités" chargés de poursuivre les discussions en vue d'une solution politique prévoyant une fin de la guerre. Une délégation du "Conseil démocratique", bras politique des FDS, soutenues par Washington, a eu des pourparlers jeudi à Damas, à l'invitation du gouvernement syrien, les premiers du genre. "Il a été décidé de former des comités pour aller de l'avant dans les négociations afin de régler tous les problèmes en suspens", a indiqué le "Conseil" dans un communiqué, sans fournir plus de détails sur la nature de ces comités ni annoncer de date pour des discussions futures. Le "Conseil démocratique" a dépêché à Damas des représentants pour des pourparlers avec le gouvernement, deux mois après que le président syrien Bachar al Assad a menacé de recourir à la force pour reconquérir les territoires sous contrôle kurde, sans toutefois exclure des négociations. Omar Oussi, un député kurde au Parlement syrien à Damas, a confirmé l'arrivée jeudi de la délégation à Damas, pour des pourparlers qui devaient porter sur le fait de "faciliter l'entrée de l'armée dans les territoires à majorité kurde à l'est du fleuve Euphrate et le retour des institutions étatiques", a-t-il dit, en allusion aux régions contrôlées par les Kurdes. En échange, cette minorité obtiendrait une "reconnaissance par la Constitution de ses droits culturels". Dans le nord et le nord-est syriens, aux frontières avec la Turquie et l'Irak, les Kurdes contrôlent de vastes pans de territoires à cheval sur les provinces de Raqa et Alep, mais aussi Deir Ezzor et Hassaké. D'importants champs pétroliers s'y trouvent. La milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG) constitue la colonne vertébrale des FDS qui ont chassé fin 2017 Daech de la ville de Raqa. En menant ces négociations, les Kurdes auraient cherché à préserver au maximum leurs acquis et éviter un conflit avec le gouvernement syrien qui a réussi à reconquérir plus de 60% du pays après des offensives contre groupes armés et terroristes. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "les rebelles contrôlent aujourd'hui moins de 10% du territoire et le gouvernement plus de 60%". "Il ne reste plus devant nous que le processus politique, sur la base de la déclaration de Genève et de la résolution 2254" de l'ONU, a déclaré M. Hariri. La 2254 prévoit un gouvernement de transition regroupant figures du gouvernement et de l'opposition ainsi que des élections libres. L'opposition a récemment remis à l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura une liste de 50 noms qui doivent participer à un comité constitutionnel chargé de travailler sur une réforme de la Constitution. À ce jour, toutes les négociations régime-opposition organisées sous l'égide de l'ONU ont échoué en raison principalement de l'exigence d'un départ de M. el Assad.