En menant ces négociations à Damas, les Kurdes auraient cherché à préserver au maximum leurs acquis et éviter un conflit avec le régime qui est en position de force après avoir réussi à reconquérir plus de 60% du pays avec l'aide de l'allié russe. Une coalition arabo-kurde engagée dans des négociations inédites avec le pouvoir à Damas a annoncé hier la création de «comités» chargés de poursuivre les discussions, en vue d'une solution politique prévoyant une «décentralisation». Longtemps surveillés par le régime, les Kurdes de Syrie ont profité du conflit qui ravage le pays depuis 2011 pour instaurer une autonomie de facto dans les régions sous leur contrôle dans le nord et le nord-est syrien, soit près de 30% du territoire selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Une délégation du Conseil démocratique syrien, bras politique des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par Washington, a eu des discussions jeudi à Damas, à l'invitation du gouvernement syrien, les premières du genre.»Il a été décidé de former des comités pour aller de l'avant dans les négociations afin de régler tous les problèmes en suspens», a indiqué le Conseil démocratique syrien dans un communiqué. Ces comités se pencheront sur des problématiques d'ordre «économique, militaire, juridique et politique», a précisé Sihanouk Dibo, un conseiller du Parti de l'union démocratique(PYD), une formation représentée au sein du Conseil. Leur objectif sera «de mettre en place une feuille de route menant à la décentralisation de la Syrie», a-t-il déclaré.»Il est encore trop tôt pour parler d'un accord mais nous y oeuvrons», a poursuivi le responsable, avant de préciser que les négociations seraient «longues et difficiles car le pouvoir de Damas est très centralisé». Le régime a Damas n'a pas commenté ces négociations. Fin 2017, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem avait reconnu que les Kurdes syriens souhaitaient «une forme d'autonomie», estimant que cette question était «négociable». En menant ces négociations à Damas, les Kurdes auraient cherché à préserver au maximum leurs acquis et éviter un conflit avec le régime qui est en position de force après avoir réussi à reconquérir plus de 60% du pays avec l'aide de l'allié russe. Le président Bachar al-Assad, qui critique le soutien américain aux FDS, avait d'ailleurs menacé en mai de recourir à la force pour reconquérir les territoires kurdes. La minorité kurde (15% de la population) contrôle des pans de territoires à cheval sur les provinces de Raqqa et Alep (nord), mais aussi de Deir Ezzor et Hassaké, où se trouvent d'importants champs pétroliers. En 2016, la communauté a proclamé une «région fédérale» qui gère ces territoires. Cette administration organise des élections à un niveau local et collecte des impôts. Elle a ses propres forces de police et écoles. Avec l'appui de la coalition internationale, les FDS, fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), luttent toujours contre une poche de l'EI à Deir Ezzor.