Salomé Zourabichvili, largement élue première femme présidente de la Géorgie, a déclaré que le pays avait "choisi l'Europe", suite à une élection que les observateurs occidentaux ont qualifiée de "concurrentielle" mais entachée d'irrégularités. "Il est maintenant important de montrer que ce pays a choisi l'Europe. C'est pour ça que les Géorgiens ont élu une femme européenne présidente", a déclaré jeudi l'ex-diplomate française aux journalistes après l'annonce de sa victoire. Dans une élection test pour la démocratie de ce pays du Caucase, Mme Zourabichvili, soutenue par le parti au pouvoir Rêve géorgien, a recueilli plus de 59,5% des voix contre le candidat de l'opposition, Grigol Vachadzé. La bonne tenue du vote a été observée de près par les pays occidentaux de l'UE ou de l'Otan, deux organisations que la Géorgie aimerait intégrer. "Le second tour du scrutin était concurrentiel et les candidats ont pu faire campagne librement", a noté l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un rapport, soulignant toutefois "l'utilisation abusive" des ressources de l'Etat pour favoriser Mme Zourabichvili ainsi que la "potentielle intimidation" d'électeurs. Il s'agit du dernier scrutin présidentiel au suffrage direct, avant de passer à un régime parlementaire. Même si le poste de président est devenu essentiellement symbolique après ces changements constitutionnels, le vote est un test pour le parti au pouvoir. L'élection préfigure en effet la confrontation à venir lors des législatives de 2020 entre le Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili et qui a pris les rênes du pays en 2012, et le Mouvement national uni, fondé par l'ex-président aujourd'hui en exil Mikheïl Saakachvili. La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a adressé "ses plus sincères félicitations" à Salomé Zourabichvili, indiquant que celle-ci "pourra compter sur notre détermination à continuer à agir en faveur de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues". Mme Zourabichvili a indiqué que ses premiers déplacements en tant que présidente se feraient en Europe, notamment à Bruxelles, Berlin, Paris et dans les pays baltes. Le président ukrainien Petro Porochenko a souhaité à la nouvelle présidente "tous les succès pour assurer le développement démocratique européen de la Géorgie", tandis que le Kremlin s'est contenté de "prendre note" de l'élection, par la voie de son porte-parole Dmitri Peskov. La victoire de Mme Zourabichvili a été aussitôt contestée par M. Saakachvili, qui a dénoncé "une fraude électorale massive" et demandé aux Géorgiens "d'organiser des rassemblements pacifiques pour exiger des élections législatives anticipées". M. Saakachvili a dirigé la Géorgie de 2004 à 2013, après la Révolution de la rose pro-occidentale à Tbilissi en 2003. Ses deux mandats présidentiels ont cependant été ternis par ses attaques contre l'opposition et surtout par la guerre éclair désastreuse avec la Russie en 2008.
Fille de réfugiés Signe des tensions autour du scrutin, l'opposition a accusé le gouvernement d'intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti d'opposition. Mme Zourabichvili a affirmé de son côté qu'elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort. De nouvelles manifestations pourraient secouer ce pays du Caucase, qui a connu une histoire mouvementée depuis son indépendance en 1991, lors de la fin de l'Union soviétique. Agée de 66 ans, Mme Zourabichvili est la fille de réfugiés géorgiens installés à Paris en 1921. En 2003, elle arrive en Géorgie comme ambassadrice de France. Élu président en 2004, Saakachvili, à la recherche de cadres expérimentés pour intégrer son administration, la nomme ministre des Affaires étrangères. Mais au bout d'un an, Salomé Zourabichvili est limogée, malgré des manifestations contre son départ qui rassemblent plusieurs milliers de personnes dans les rues de Tbilissi. M. Vachadzé, diplomate de carrière et ministre des Affaires étrangères de Mikheïl Saakachvili de 2008 à 2012, a critiqué "le régime oligarchique" mis en place par l'ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili, du Rêve géorgien, alors que le gouvernement échoue à réduire la pauvreté. Homme le plus riche du pays, Bidzina Ivanichvili, s'est officiellement retiré de la vie politique en 2013 après un an comme chef de gouvernement, mais il est toujours considéré comme le véritable dirigeant du pays.
L'opposition rejette les résultats, appelle à manifester Le candidat de l'opposition Grigol Vachadzé a rejeté jeudi les résultats de l'élection présidentielle en Géorgie, remportée par la candidate du pouvoir Salomé Zourabichvili, appelant à organiser dimanche une "manifestation pacifique massive" dans la capitale. "Nous ne reconnaissons pas les résultats de l'élection, nous demandons la tenue d'une élection législative anticipée", a déclaré le candidat, qui a obtenu 40,39% des voix au second tour, dans des propos retransmis à la télévision Le candidat déçu, qui avait obtenu le soutien dix partis d'opposition, a appelé à organiser dimanche "une manifestation pacifique massive" dans la capitale Tbilissi. Au premier tour le 28 octobre, Salomé Zourabichvili avait échoué à remporter plus de 50% des voix, un score perçu comme un désaveu pour le Rêve géorgien fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili. Ancienne diplomate française, Mme Zourabichvili, 66 ans, était arrivée au coude à coude (38,64%) avec Grigol Vachadzé (37,73%). Les sondages donnaient M. Vachadzé légèrement en tête au second tour, forçant Bidzina Ivanichvili, officiellement en retrait de la politique, à sortir de sa réserve, promettant notamment d'augmenter les dépenses sociales et d'effacer les petites dettes bancaires de 600.000 citoyens. "Le second tour du scrutin était concurrentiel et les candidats ont pu faire campagne librement", a noté jeudi l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un rapport, soulignant toutefois "l'utilisation abusive" des ressources de l'Etat pour favoriser Mme Zourabichvili ainsi que la "potentielle intimidation" d'électeurs. Signe des tensions autour du scrutin, l'opposition avait avant le second tour accusé le gouvernement d'intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti d'opposition. Mme Zourabichvili a affirmé de son côté qu'elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort de la part de membres du Mouvement national uni de M. Vachadzé, fondé par l'ex-président aujourd'hui en exil Mikheïl Saakachvili.