Le complexe sidérurgique d'El Hadjar est bien bloqué. Des travailleurs du comité de concertation composé de représentants des travailleurs en CTA (contrat de travail aidé) contestataires sont en grève depuis une semaine demandant à être permanisés. Cette situation a engendré la paralysie de la production au niveau du haut fourneau n° 2 ainsi que les deux aciéries. La situation est telle que l'intransigeance affichée par les deux parties en conflit a même frôlé la gravité. La preuve, il y a deux jours, un des travailleurs contestataires a tenté de se suicider avant que ses collègues n'interviennent au bon moment pour sauver cette situation. Bien que le P-DG du complexe se déclare prêt pour le dialogue il semble que les deux parties n'ont pas encore trouvé un terrain d'entente. Et une bonne nouvelle est venue de la part du secrétaire général du syndicat, Riadh Djemaï qui annonce l'installation d'un comité de concertation composé de représentants des travailleurs contestataires, de syndicalistes et de responsables du complexe Sider El-Hadjar (Annaba). Ceci dans la perspective de multiplier et approfondir le dialogue pour rapprocher les vues entre les parties en conflit engagé depuis plus d'une semaine au complexe. Il est important de préciser qu'en réalité ce comité de concertation se compose de trois travailleurs en CTA, trois responsables et trois syndicalistes. Le comité a déjà entamé l'opération des concertations au moment où, de son côté, le P-DG du complexe, Chamseddine Maâtallah, a tenu à affirmer "l'attachement de la direction du complexe au dialogue et à la communication transparente pour résoudre le conflit". M. Maâtallah a même fait appel "à la sagesse et au bon sens pour préserver l'entreprise et les acquis des travailleurs". Il est utile de rappeler, au passage que Sider-El Hadjar emploie 4.500 travailleurs dont 492 en CTA et 1.159 en contrat de travail à durée limitée. Sider-El Hadjar produit divers produits ferreux et d'aciéries ainsi que des tubes destinés aux industries mécaniques, électroménagères et bâtiment. Pour le moment l'activité au niveau du complexe sidérurgique est toujours caractérisée par la paralysie du haut fourneau, du laminoir ainsi que des autres unités. Ce qui donne donc lieu à une perte sèche pour l'usine dont les finances sont déjà mal en point. En vérité cette paralysie est susceptible de menacer l'existence et le devenir du complexe. Près d'un millier de grévistes recrutés en CTA et CDD, campent sur leur position exigeant leur permanisation. Et du côté de l'administration on refuse les revendications arguant, justement, que la situation financière actuelle du complexe ne permet pas de satisfaire la demande des protestataires. Les différentes réunions avec la direction, tenues en présence des représentants des grévistes, du secrétaire général du syndicat d'entreprise et du secrétaire général de l'union de wilaya UGTA n'ont pas abouti et le conflit risquait de prendre une autre tournure. La tension est à son maximum surtout depuis que la direction a engagé des poursuites judiciaires en portant plainte contre le secrétaire général du syndicat d'entreprise pour incitation à la grève et blocage de la chaîne de production. Mais, il se trouve que ce dernier se défend, expliquant que le mouvement a été spontané et qu'il n'était au courant de rien. Il tente, par contre, de calmer la situation en prenant contact avec les grévistes. Et voilà qu'en fin de compte, il y a eu cette annoncé ô combien précieuse pour préserver la situation, de la part de ce même secrétaire général du syndicat, Riadh Djemaï avec l'installation d'un comité de concertation " collectif ". On se rappelle bien cette déclaration, juste après son élection à la tête du conseil syndical du complexe Sider-El Hadjar affilié à l'UGTA, M. Djemaï au début du mois passé, dans laquelle il souligne que la défense des intérêts et acquis des travailleurs est "tributaire de la préservation de l'outil de production et sa promotion pour améliorer l'environnement au sein du complexe et lui permettre de réaliser les objectifs d'efficience économique pour lesquels d'énormes ressources ont été mobilisées". Pour atteindre les objectifs tracés, il est impératif de mobiliser toutes les parties, travailleurs, responsables et partenaire social pour préserver ce fleuron de la sidérurgie en Algérie, avait alors ajouté le nouveau secrétaire général. Juste avant cette déclaration le P-DG Chemseddine Maâtallah, a annoncé la mise en œuvre de la première tranche du plan d'investissement qui mobilise une enveloppe financière de 720 millions de dollars et qui a permis la remise en service du haut fourneau n° 2 ainsi que la réhabilitation et la modernisation de plusieurs installations industrielles du complexe qui entamera la seconde tranche du plan d'investissement pour 20 milliards de DA. Ce financement sera consacré à la réhabilitation de la cokerie qui représente un maillon stratégique de la sidérurgie, selon le même responsable qui a indiqué que l'entrée en activité de cette unité permettra la production du charbon actuellement importé. Cette seconde tranche inclura également la modernisation de plusieurs unités industrielles dont l'aciérie à oxygène et le laminoir à froid ainsi que la réalisation d'une seconde centrale d'oxygène et autres structures logistiques. Ces investissements à lancer "à la fin de l'année en cours", visent à améliorer les performances économiques du complexe Sider-El Hadjar et porter sa production à plus d'un million de tonnes d'acier liquide, est-il indiqué. La mise en œuvre de la première tranche du plan d'investissement devrait porter la production annuelle du complexe à 850.000 tonnes vers la fin de l'année en cours durant laquelle plusieurs opérations d'exportation de produits ferreux et acier ont été effectuées en direction de l'Egypte, la Tunisie, la Syrie, de l'Italie et de l'Inde.