Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal, a répondu à toutes les questions et aux interrogations des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) lors d'une plénière consacrée à l'examen du rapport annuel de la BA sur les développements financiers et monétaires en 2017. Mohamed Loukal a révélé que les crédits à l'économie ont augmenté, durant les neufs premiers mois de 2018, de 11,6% pour le secteur public, et de 7,7% pour le secteur privé et les ménages. Présentant les évolutions financières et monétaires du pays, M. Loukal a précisé que les crédits destinés au secteur public, lesquels représentent 49,45% du total des crédits à l'économie ont atteint 4.812 milliards de DA (+11,6%) durant les neufs premiers mois de 2018, tandis que les crédits destinés au secteur privé et aux ménages, ont augmenté à 4.918 milliards de DA (+7,7%). Les crédits destinés au secteur public sont passés de 48,55% à la fin 2017 à 49,45% en fin septembre 2018. Les crédits destinés aux ménages, majoritairement des crédits hypothécaires, ont atteint 740 milliards de DA à la fin de septembre 2018 avec une augmentation de 12%. Les crédits à long et moyen termes représentent 72,3% des crédits à l'économie, ce qui prouve selon le gouverneur, "la poursuite de l'orientation des ressources vers l'investissement". Par ailleurs l'encours des crédits de l'Etat a augmenté de 15,2% en passant de 4.692 milliards de DA à la fin 2017 à 5.403 milliards de dinars à la fin septembre 2018, notamment après l'application du financement non conventionnel, a ajouté M. Loukal. Concernant les dépôts des ménages en devises auprès des banques, ils ont augmenté de 13,55% entre décembre 2017 et octobre 2018, selon le gouverneur de la BA.
Hausse de la masse monétaire Concernant la masse monétaire (M2), elle a augmenté de 8,6 %, passant de 14.975 mds de DA vers la fin 2017 à 16.256 mds à la fin septembre 2018. Selon M. Loukal, cette masse est composée de dépôts à vue pour 4.895 mds de DA (+ 8,8 % par rapport à la fin de 2017), de dépôts à termes de 5.152 mds de DA (+ 9,4 % par rapport à la fin de 2017) et de dépôts de garantie de 858 mds de DA (-16,3 %). Le gouverneur de la banque centrale a indiqué que la part des billets de banque dans la masse monétaire avait baissé de 30,8% en septembre 2018, contre 32,9% en septembre 2017. Le volume de ces billets demeure, lui, important autour, de 5.000 mds de DA. Il y a une part considérable de l'épargne des agents économiques à concurrence de 2.000 mds de DA, en dehors du canal bancaire, a-t-il dit, appelant à "l'impératif d'orienter expressément les stratégies de banques vers le drainage de ces ressources". C'est alors que le premier responsable de la Banque d'Algérie a estimé que la finance participative est appelée à jouer un rôle majeur en matière de renforcement d'inclusion bancaire. Là, il saisit l'occasion pour mettre l'accent sur l'impératif d'observer à travers la concrétisation de cette finance, les principes de progression dans l'application et la consultation dans la publication en associant toutes les parties prenantes tant socialement qu'économiquement. Evoquant le taux d'inflation, M. Loukal a fait savoir le recul de ce taux de 5,59 % fin 2017 à 4,33 % fin avril 2018 avec une hausse de 4,82 % au mois d'août puis un recul à 4,53 % en octobre 2018. L'inflation demeure "modérée", a estimé le gouverneur, appelant à "renforcer la maîtrise de l'inflation avec beaucoup d'efforts pour réduire les dysfonctionnements au niveau des marchés de marchandises et de services".
Augmentation de la fiscalité pétrolière Evoquant l'augmentation des recettes de l'Etat, du fait du rebondissement des prix de pétrole, le gouverneur de la BA a rappelé que la fiscalité pétrolière s'était élevée à 1.840,3 Mds DA durant les neuf premiers mois de 2018 contre 1.415,1 Mds DA en 2017. Les bénéfices versés par la Banque d'Algérie ont augmenté de 919 Mds DA en 2017 à 1.000 Mds DA fin septembre, ce qui a mené à l'augmentation du volume des recettes budgétaire à 4.889,6 Mds DA (fin septembre). En dépit d'une hausse de 4,5% des dépenses publiques durant les huit premiers mois de 2018, le déficit budgétaire a reculé à 470,1 Mds DA (août 2018) contre 745,7 Mds en août 2017. Durant cette période, les dépenses ont reculé de 180 Mds, selon M. Loukal. Le gouverneur de la BA avait entamé son exposé par la présentation des évolutions financières phares ayant marqué l'année 2017.
De l'application du financement non conventionnel Le gouverneur de la Banque d'Algérie a estimé que "nous sommes sur la bonne voie par rapport à l'application du financement non conventionnel et ce, grâce aux mécanismes monétaires utilisés et adaptés pour faire face à l'actuelle conjoncture économique". Pour M. Loukal, ces mécanismes ont permis de maîtriser le taux d'inflation passant de 5,4 % avant la mise en œuvre du financement non conventionnel à 3,5% actuellement, a-t-il annoncé avant d'affirmer que le Trésor public œuvre à mobiliser des fonds mais sans les dépenser qu'en cas de besoin justifié à savoir dans des domaines bien définis. Le gouverneur de la BA a tenu à expliquer par la suite que le mécanisme de financement non conventionnel est utilisé jusque-là pour la couverture des créances des groupes Sonatrach et Sonelgaz, la subvention du Fonds national d'investissement (FNI) pour contribuer dans certains projets et le financement des logements AADL à l'arrêt, outre la couverture du déficit budgétaire où un montant de 570 mds de DA a été attribué en 2017 et 1.848 mds de DA en 2018. C'est alors qu'il indique que le solde du Trésor s'est élevé à 1.475 mds de DA à la fin d'octobre, alors que 1.500 mds de DA ont été injectés dans le marché financier pour financer l'économie nationale. D'autre part et évoquant l'évolution de la masse monétaire, M. Loukal a indiqué que celle en circulation en dehors des banque était estimée à 30,8%, soit près de 5.000 milliards d'un total de 14.975 milliards (total de la masse monétaire à fin 2017). Ce chiffre est réparti sur 2.000 milliards thésaurisés par les agents économiques et les ménages et 3.000 milliards de DA circulant dans le marché parallèle. Pour voir ces sommes intégrer le système bancaire, le gouverneur de la BA a préconisé la mise en place de taux d'intérêts adéquats, la modernisation de la médiation bancaire et l'élargissement des prestations bancaires. La finance participative peut jouer un rôle important pour drainer l'épargne nationale vers les banques. Le premier responsable de la BA a fait savoir que la nouvelle règlementation adoptée par le Conseil du crédit et de la monnaie, le 4 novembre dernier sera publiée prochainement dans le Journal officiel.
Baisse du déficit de la balance des paiements Le déficit de la balance des paiements a enregistré une "importante baisse" lors des neuf premiers mois de 2018 passant de 16,37 milliards USD en 2017 à 10,42 milliards USD en 2018 (-36,34) avec une hausse des exportations de pétrole et un léger recul des importations, a fait savoir, dimanche devant l'Assemblée populaire nationale (APN), le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal. La baisse du déficit de la balance des paiements est essentiellement due à une baisse de 5,8 milliards USD du déficit du Compte courant et, à un degré moindre, à une augmentation de 140 millions USD de l'excédent du Compte capital et des transactions financières, a précisé M. Loukal devant les députés. Durant les neuf premiers mois de l'année 2018, les recettes des exportations des hydrocarbures se sont élevées à 28,72 milliards USD contre 23,93 milliards USD (fin septembre 2017), a encore indiqué le gouverneur de la Banque d'Algérie dans son rapport sur les évolutions financières et monétaires du pays durant 2017 et 2018. Cependant, les quantités de pétrole exportées ont baissé de 8,7% lors de la même période contre 2,3% en 2017. L'amélioration des recettes des exportations d'hydrocarbures vient de l'amélioration des cours de pétrole, dont la moyenne a passé de 45 USD en 2016 à 54 USD en 2017 et à 72 USD lors des neuf premiers mois de 2018. Par ailleurs, les exportations hors hydrocarbures ont passé de 970 millions USD fin septembre 2017 à 1,58 milliard USD soit une augmentation de 7,61%. Ces exportations concernent essentiellement les produits semi facturés à l'image des engrais phosphatiques et azotiques. Le volume global des exportations de marchandises a atteint 30,3 milliards USD lors des neufs premiers mois de 2018 contre 24,9 milliards USD (2017), tandis que les importations ont baissé à 35,3 milliards USD (-2,9%à durant la même période contre 36,3 milliards USD (2017). Le gouverneur de la Banque d'Algérie a relevé, d'une part, "la persistance du niveau élevé" des importations de produits alimentaires (6,29 milliards USD) et la poursuite de la hausse des importation des produits de consommation non alimentaires (6,58 milliards USD), d'une autre part, la baisse des importations de produits d'équipement industriel (9,21 milliards USD contre 10 milliards USD) et une baisse considérable des importations de carburants (740 millions USD contre 1,34 milliard USD). Le volume global des importations de biens et services a atteint 34,6 milliards DA durant la période considérée, contre 44,8 milliards DA durant la même période en 2017. La baisse des importations, d'une part, et la hausse des exportations, d'autre part, ont induit un déficit du solde de la balance commerciale estimé à 4,98 milliards USD (contre 11,41 milliards USD).
Tout pour limiter l'érosion des réserves de change Le gouverneur de la BA a indiqué, en outre, que les réserves de change ont régressé de 11,25 milliards USD entre décembre 2017 et fin septembre 2018, passant de 97,33 milliards USD à 86,08 milliards USD, avant de baisser encore à 82,12 milliards USD à la fin de novembre 2018. En dépit de sa stabilité à un niveau relativement élevé, notamment au vu de la forte baisse de l'encours de la dette extérieure à moyen et long terme, qui a atteint 1,787 milliard USD à la fin de septembre 2018, les réserves de change enregistrent, d'après le gouverneur de la BA, "une baisse continue qui ne saurait être durable à moyen terme". Ainsi, la viabilité de la balance des paiements "exige des efforts concrets pour la diversification de l'économie, l'augmentation des exportations hors hydrocarbures avec une maîtrise de l'absorption locale des importations pour la contenir à des niveaux durables", a expliqué M. Loukal. Evoquant le taux de change du Dinar par rapport à l'Euro et au Dollar, il a noté que le taux de change du Dinar face au Dollar a connu une légère amélioration entre décembre 2017 et mars 2018 de 1,06%, tandis que face au Dollar, il a connu une baisse de 3,04%. De mars à juillet 2018, le taux de change du Dinar a baissé de 3,9% face au Dollar contre une amélioration de 2,32% face à l'Euro. Entre juillet et septembre 2018, le taux de change du Dinar a connu une quasi stabilité face aux autres monnaies en baissant de 0,27% face au Dollar et 0,08% face à l'Euro. La stabilité du taux de change du Dinar s'explique par "les modifications limitées" introduite à son taux face à l'Euro et au Dollar outre une meilleure performance des prix du pétrole et, à un degré moindre, le recul de l'excédent d'inflation. D'autre part, et évoquant les crédits impayés, M. Loukal a indiqué que le montant des prêts "non performants" s'élevait à 1.127 mds de dinars à fin 2017, dont 192 mds octroyés au titre de l'ANSEJ, soit 12%, ajoutant qu'"il n'y a pas lieu de s'inquiéter car ces crédits peuvent être couverts". S'agissant du marché parallèle du change, M. Loukal a précisé que "le traitement de ce phénomène est lié au traitement du problème de l'économie parallèle".
Pas d'augmentation de l'allocation touristique Compte tenu de l'état des réserves de change et du secteur touristique algérien, M. Loukal a affirmé que l'augmentation de l'allocation touristique n'était "pas à l'ordre du jour", Concernant les bureaux de change, il a précisé que les 1.610 agences bancaires assurant ce service (change) étaient capables de couvrir toutes les demandes, rappelant que la BA avaient déjà octroyé des agréments à 46 bureaux de change privés, mais ces derniers avaient suspendu leurs activités pour défaut de rentabilité. De ce fait, l'octroi de nouveaux agréments n'est pas "à l'ordre du jour", a-t-il souligné. Au volet billets de banque et pièces de monnaie, M. Loukal a affirmé que "de nouvelles coupures de 1.000 DA et 500 DA et une nouvelle pièce de 100 DA vont être mis prochainement en circulation", assurant que ces nouvelles coupures "seront difficilement falsifiables, car sécurisées", a conclu le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal.