Représentant commercial de la Russie en France Alexandre Tourov évoque la coopération des deux pays y compris en Arctique, les sanctions et le Nord Stream 2 dans une interview au journal Izvestia. Le projet Nord Stream 2 sera mis en œuvre malgré les appels des pays occidentaux à l'arrêter, affirme dans un entretien à Izvestia Alexandre Tourov, représentant commercial de la Russie en France. Il souligne que les entrepreneurs et les experts - y compris à Paris - saluent la construction du gazoduc. Depuis dix mois, les échanges russo-français ont augmenté de 16% pour atteindre 14,2 milliards de dollars. Les exportations russes ont bondi de 33,5%, alors que les importations ont progressé de 5%. Qui plus est, les exportations de la Russie dépassent déjà les chiffres de 2017, ce qui a prédéterminé une réduction considérable du déficit de ses échanges. La Russie élargit ses échanges non seulement avec la France, mais aussi avec d'autres pays de l'UE, notamment avec la Belgique et la Suède. "Le fait est que la Russie veut réduire la part de l'énergie et des matières premières dans ses exportations, car la structure actuelle des exportations russes ne correspond pas au potentiel industriel, scientifique, technique et d'innovation du pays… Ainsi, le commerce extérieur russe vise de plus en plus activement les exportations industrielles, explique Alexandre Tourov. Cela ouvre de larges possibilités, notamment pour développer les investissements étrangers directs. Je vais vous citer un exemple: l'entreprise Boeing a lancé en 2018 dans la région de Sverdlovsk une usine de composants aériens de titane, ce qui élargit considérablement les capacités russe en matière d'exportations. Avant, 25% des appareils de Boeing utilisaient des éléments russes, alors que ces derniers pourraient couvrir tous les avions de l'entreprise. J'espère que cela encouragera les constructeurs européens et français avec qui nous coopérons de manière étroite". La Russie a accumulé plus de 16 milliards de dollars d'investissements français au cours du premier semestre 2018, alors qu'il existe dans le pays plus de 500 grandes entreprises comprenant des capitaux français qui investissent des fonds considérables dans l'économie russe et créent de emplois pour les spécialistes qualifiés. "Nous organisons régulièrement les réunions du Conseil économique, financier, industriel et commercial (Cefic) et coopérons activement avec le ministère français de l'Economie et des Finances. Au cours de la dernière réunion du Cefic qui a eu lieu le 24 décembre à Paris sous la présidence des ministres Maxime Orechkine et Bruno Le Maire, nous avons constaté une approche pragmatique et moderne, orientée à longue terme". Parmi les projets internationaux majeurs conjoints de la Russie et de la France il faut notamment souligner Yamal GNL, mis en œuvre en Arctique par la société russe Novatek, la société française Total et leurs partenaires chinois. "La mise en œuvre du projet Nord Stream 2 intensifiera le développement de nos relations, non seulement dans le domaine énergétique", fait remarquer Alexandre Tourov. Après la réunion du Cefic, Maxime Orechkine a souligné l'importance majeure d'Arctic GNL 2, un autre projet conjoint. L'interlocuteur d'Izvestia évoque rôle que joue la France dans le cadre de ce dernier: "Ce projet réunit également Novatek et Total: ces entreprises ont des relations de partenariat de longue date. Les Français ont annoncé leur volonté de poursuivre leur travail sur ce projet. Si l'on le traduit du langage diplomatique vers la langue de business, cela signifie des perspectives de coopération sur d'autres projets. La troisième ligne de Yamal GNL a été lancée en décembre avec une avance considérable par rapport au calendrier des travaux. C'est le premier projet qu'on met en œuvre dans les conditions climatiques si compliquées. Beaucoup d'experts ont exprimé leur préoccupation par rapport à ses perspectives, mais ses succès témoignent d'un niveau élevé de la coopération entre la Russie et la France et de leurs capacités technologiques". Alexandre Tourov a également commenté la pratique des sanctions à laquelle on recourt souvent ces derniers temps: "Les sanctions constituent une politique visant à limiter nos capacités économiques. Ces derniers temps, la Russie a considérablement renforcé son économie, alors que ses producteurs se sont mis à presser leurs rivaux sur les marchés internationaux. En fin de compte, on a lancé à l'étranger des processus contre nos entreprises métallurgiques, nos producteurs d'engrais minéraux et d'autres produits très compétitifs. A mon avis, l'objectif de tout cela est de limiter l'élargissement de notre influence économique par des moyens politiques". Le représentant commercial de la Russie en France a également fait des prévisions pour l'année 2019: "En 2019, nous organiserons en Russie la 25e réunion du Cefic. Cette fois-ci, on a décidé d'élargir sa géographie hors de Moscou et de l'organiser dans une autre ville importante pour la coopération russo-française. Nous accueillerons des délégations étrangères au Forum d'investissement de Sotchi en février et au Forum économique international de Saint-Pétersbourg en juin, ainsi qu'au Forum économique international de Yalta qui aura lieu à la fin du mois d'avril. Nous invitons également les Français au Forum économique oriental en septembre. Nous avons également d'autres projets bilatéraux que nous poursuivrons en 2019".