Les Bourses européennes ont terminé en baisse lundi, mais leurs pertes sont modérées, la prudence restant de mise en dépit des éléments positifs venus tant d'Europe que des Etats-Unis. Mais les perspectives de croissance en zone euro ne laissent pas d'inquiéter et l'hypothèque du Brexit pèse sur le sentiment. Dans le même temps, Wall Street semble s'installer un peu plus dans le vert, après des débuts hésitants pour elle aussi. À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en baisse de 0,38% à 4.719,17 points. Le Footsie britannique a cédé 0,39% et le Dax allemand 0,18%. L'indice EuroStoxx 50 lâche 0,27%, le FTSEurofirst 300 0,45% et le Stoxx 600 0,15%. Les places boursières européennes avaient entamé la séance en hausse, soutenues encore par les propos de Jerome Powell qui s'est engagé vendredi à ce que la Réserve fédérale fasse preuve de patience dans sa politique monétaire cette année. Mais la tendance positive s'est vite dissipée. Après ces déclarations, les investisseurs seront très attentifs à la publication, mercredi, du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed. D'un point de vue global, la reprise des négociations commerciales entre Washington et Pékin est également en soi un élément de soutien, tout comme la solide statistique de l'emploi américain publiée la semaine passée, ou encore les initiatives prises par la Chine pour étayer la croissance, telle une nouvelle réduction du coefficient des réserves obligatoires. La Chine négociera "de bonne foi" pour résoudre le conflit commercial avec les Etats-Unis, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères. Reflétant de fait les hésitations de la Bourse, Philip Shaw, économiste d'Investec, souligne que beaucoup d'incertitudes demeurent sur la croissance mondiale, les discussions sino-américaines et l'évolution de la politique monétaire de la Réserve fédérale. "Il reste encore beaucoup de questions sans réponse", dit-il.
Valeurs L'indice incluant les valeurs du luxe accuse la plus forte perte sectorielle du jour (-1,11%), se ressentant sans doute encore de l'avertissement lancé par Apple la semaine passée et de ses implications pour la croissance de la Chine. Le secteur technologique est en tête des hausses, avec un gain de 1,5%. Le spécialiste des semi-conducteurs AMS, avec un gain approchant les 10%, est en tête des hausses de l'indice Stoxx 600. Parmi les plus fortes baisses du Stoxx 600, on trouve le britannique Centrica (-4,41%), victime d'un abaissement de recommandation de Jefferies d'"acheter" à "conserver". En Europe, les ventes au détail ont progressé plus que prévu en novembre pour le deuxième mois consécutif, à la faveur d'achats de vêtements et de produits électriques, tandis qu'en Allemagne, les commandes à l'industrie ont fléchi plus que prévu en novembre, attestant d'une économie qui marque le pas après neuf ans de croissance ininterrompue. Aux Etats-Unis, la croissance de l'activité dans le secteur des services aux Etats-Unis a ralenti plus fortement que prévu en décembre, à son plus bas depuis cinq mois, s'ajoutant à la contraction plus forte que prévu du secteur manufacturier annoncée la semaine passée. Le rendement des Treasuries à 10 ans remonte, après avoir fléchi en début de séance, réagissant au médiocre indice ISM des services, dans l'attente des 78 milliards de dollars que le Trésor doit adjuger cette semaine en obligations à trois, 10 et 30 ans. Le rendement est de 2,669% contre 2,659% vendredi, après être tombé jeudi à 2,543%, la veille de la parution de la robuste statistique de l'emploi américaine de décembre. Il avait atteint un pic de 3,05% début décembre, profitant de la tourmente boursière induite par les craintes tenant à la croissance mondiale et à la dernière hausse de taux faite par la Réserve fédérale. Le rendement du Bund à 10 ans remonte lui aussi, à 0,216% (soit près d'un point de base de gain), alors qu'il était en très légère baisse en matinée. Il avait touché la semaine passée un plus bas de plus de deux ans de 0,146%. Les Pays-Bas, l'Autriche, l'Allemagne, la France et l'Italie devraient tous placer des emprunts prochainement, durant une période qui sera probablement l'une des plus animées du marché primaire cette année.
Wall Street profite de la reprise des discussions USA-Chine La Bourse de New York a fini en hausse lundi pour la deuxième séance consécutive, la reprise des discussions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ayant alimenté les espoirs d'embellie économique, une perspective qui a notamment bénéficié aux valeurs technologiques. L'indice Dow Jones a gagné 98,19 points, soit 0,42%, à 23.531,35. Le S&P-500, plus large, a pris 17,75 points, soit 0,7%, à 2.549,69. Le Nasdaq Composite a progressé de 84,61 points, soit 1,26%, à 6.823,47. Les marchés boursiers américains ont ainsi amplifié le rebond entamé vendredi (+3,43% pour le S&P-500) à la faveur des chiffres supérieurs aux attentes de l'emploi aux Etats-Unis et des déclarations rassurantes de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, sur l'évolution des taux d'intérêt. Le S&P-500 affiche désormais un rebond de 8,45% par rapport au plus bas de clôture de 20 mois inscrit le 24 décembre, au terme trois mois de repli qui lui avaient fait perdre près de 20%. Alors que les craintes d'une guerre commerciale à grande échelle entre les Etats-Unis et la Chine ont été l'une des principales causes de cette baisse, l'humeur semble prête à changer: le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a déclaré lundi que Washington et Pékin pourraient conclure un accord "raisonnable" sur les différends en cours et le ministère chinois des Affaires étrangères a part assuré négocier "de bonne foi". "Le principal élément, c'est le fait que l'administration (américaine) évoque des progrès dans les discussions avec la Chine. C'est quelque chose que le marché considère comme très important", explique Rick Meckler, associé de Cherry Lane Investments.
Valeurs Parmi les plus fortes progressions sectorielles du jour se trouvent plusieurs compartiments sensibles aux tensions commerciales: le S&P des hautes technologies a ainsi gagné 0,86% et celui des biens de consommation non contrainte 2,36%. Quant à l'indice Philaelphia Semiconductor, qui regroupe de nombreuses entreprises réalisant une part importante de leurs ventes en Chine, il a progressé de 1,95%. Le secteur de l'énergie a quant à lui pris 1,29% avec la poursuite du rebond des cours du pétrole. En hausse de 3,44% en clôture, Amazon a de nouveau ravi à Microsoft (+0,13%) le titre de première capitalisation de Wall Street en portant la sienne à 797 milliards de dollars, 13 milliards de plus que l'éditeur de Windows. Quant à Netflix, il a bondi de 5,97%, porté entre autres par les récompenses glanées lors de la cérémonie des "Golden Globes" dimanche soir. A la baisse, le secteur défensif des services aux collectivités a cédé 0,71%. Un recul amplifié par la chute de 22,34% de la compagnie d'électricité californienne PG&E après les informations de Reuters sur un possible dépôt de bilan du groupe ou de certaines filiales face au risque judiciaire lié à sa possible responsabilité dans des incendies de 2017 et de 2018. Dans l'actualité des fusions-acquisitions, la "biotech" Loxo Oncology a vu son cours s'envoler de 66,33% après l'annonce de son rachat par Eli Lilly (+0,54%), une opération de près de huit milliards de dollars (sept milliards d'euros). Le distributeur Dollar Tree a pris 5,46% après l'irruption à son capital du fonds activiste Starboard Value, qui réclame la vente de l'enseigne Family Dollar et le remplacement de la majorité des administrateurs. L'indice ISM d'activité du secteur des services est ressorti en net recul pour le mois de décembre, au plus bas depuis cinq mois, mais la composante des nouveaux contrats a légèrement progressé, ce qui entretient l'espoir d'une embellie. Comme vendredi, la hausse des actions s'est accompagnée d'une baisse des cours des emprunts d'Etat et donc d'une remontée des rendements des Treasuries, un mouvement favorisé par les spéculations sur un ralentissement de la hausse des taux de la Réserve fédérale. En fin de journée, le rendement des titres américains à dix ans s'affichait à 2,698%, en hausse de près de quatre points de base. Il était tombé jeudi dernier à 2,543%, au plus bas depuis janvier de l'an dernier. Le marché obligataire attend mercredi le compte rendu de la réunion de la Fed de décembre.
Changes Sur le marché des devises, la journée a été marquée par le repli du dollar, qui souffre des spéculations sur une possible interruption de la remontée des taux d'intérêt de la Réserve fédérale, relancées vendredi par les déclarations vendredi du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell. L'indice mesurant les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence cédait 0,51% au moment de la clôture de Wall Street après avoir touché en séance son plus bas niveau depuis le 22 octobre. L'euro s'appréciait alors de 0,7% à 1,1474 dollar. "Les propos du président Powell vendredi sur le fait que les autorités monétaires seront flexibles et qu'elles écoutent 'attentivement' les marchés financiers ont nourri le sentiment selon lequel le cycle de resserrement de la Fed pourrait ralentir ou s'interrompre au cours des mois à venir", explique Shaun Osborne, responsable de la stratégie changes de Scotiabank à Toronto. Les contrats à terme continuent d'intégrer une faible probabilité de baisse des taux cette année, précise-t-il. Lundi, le président de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic, a estimé que la banque centrale pourrait n'avoir à relever les taux qu'une seule fois cette année.