Donald Trump a demandé mardi au Congrès américain de débloquer 5,7 milliards de dollars (4,9 milliards d'euros) pour la construction d'une clôture à la frontière avec le Mexique, se disant disposé à ce que cette clôture soit en acier plutôt qu'en béton afin de convaincre les démocrates. Lors d'une allocution télévisée retransmise en direct depuis le bureau Ovale - une première depuis son accession à la Maison blanche -, Donald Trump s'est gardé de proclamer l'état d'urgence nationale, une hypothèse qu'il disait envisager ces derniers jours pour sécuriser la frontière Sud des Etats-Unis et qui lui aurait permis de se passer de l'approbation du Congrès en vue d'obtenir le financement du mur. S'exprimant avec des mots abrupts dans le but de convaincre l'opinion à une heure de grande écoute, Donald Trump a insisté sur la situation de crise grandissante à la frontière avec le Mexique des points de vue sécuritaire et humanitaire. Il est apparu disposé à trouver une solution avec les démocrates pour sortir de l'impasse budgétaire au Congrès. Mais les démocrates ne veulent pas entendre parler d'une barrière frontalière, qu'elle soit en acier ou en béton, notamment pour son coût qu'ils estiment à terme à plus de 24 milliards de dollars. Le chef de file de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, et Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants où les démocrates sont de nouveau majoritaires, ont réaffirmé mardi soir leur opposition au projet qui a constitué l'une des principales promesses électorales de Donald Trump durant la campagne présidentielle de 2016. Dans un discours retransmis en direct par les principales chaînes nationales dans la foulée de l'allocution de Trump, Schumer et Pelosi ont accusé le président d'utiliser une rhétorique de la peur et de faire de la désinformation à propos de la situation à la frontière mexicaine. La question d'un mur anti-immigration est au coeur de la fermeture partielle de l'administration fédérale ("shutdown") qui dure depuis le 22 décembre, Trump ayant rejeté un projet de loi de finances ne prévoyant pas de fonds pour la construction de ce mur. Un nombre de plus en plus important d'Américains imputent à Donald Trump la responsabilité du "shutdown", selon un sondage Reuters/Ipsos publié mardi.
Nouvelle réunion mercredi à la maison blanche Rien n'indique que le président américain va flancher, après avoir déclaré en décembre qu'il serait "fier" de fermer le gouvernement fédéral s'il n'obtenait pas les crédits pour le mur. Donald Trump, qui doit se rendre jeudi à la frontière américano-mexicaine, pourrait être tenté de proclamer l'état d'urgence à cette occasion. "Combien de sang américain devra être versé avant que le Congrès fasse son travail ?", a dit Trump mardi soir après avoir énuméré les détails de meurtres commis, selon lui, par des immigrés clandestins qui posent d'importantes menaces sécuritaires pour le peuple américain. "A la demande des démocrates, il s'agira d'une clôture en acier et non pas d'un mur en béton", a-t-il ajouté au cours de son allocution de près de dix minutes, espérant renvoyer aux démocrates un signal d'ouverture à propos du mur qu'il réclame. Réagissant à ces propos au côté de Chuck Schumer, Nancy Pelosi a blâmé Trump pour avoir rejeté une proposition bipartisane destinée à mettre fin au "shutdown" et pour son "obsession à contraindre les contribuables américains à dépenser inutilement des milliards de dollars pour un mur inefficace". La semaine dernière, après son élection à la présidence de la Chambre des représentants, Pelosi avait qualifié d'"immoral" un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, des propos auxquels Trump a fait référence mardi soir. "La seule chose immorale, c'est l'inaction des politiciens qui continuent de permettre que davantage de personnes innocentes deviennent d'horribles victimes", a dit Trump. Chuck Schumer a exhorté le président républicain à permettre le financement des agences fédérales et à discuter séparément de la question de la sécurité frontalière. Donald Trump doit s'entretenir mercredi avec les dirigeants républicains et démocrates au Congrès sur des options pour sortir du "shutdown", selon la Maison blanche. Les précédentes réunions n'ont pas permis d'avancée. Le "shutdown" affecte à des degrés divers 800.000 fonctionnaires, qui se retrouvent soit au chômage technique soit tenus de travailler sans être payés.