Donald Trump a tempêté lundi contre la Banque centrale américaine dans un contexte de grande inquiétude sur les perspectives de croissance de la première économie du monde, qui s'est traduit par un nouveau recul de Wall Street. "Le seul problème de notre économie, c'est la Fed", a tweeté le président américain alors que la Réserve fédérale a remonté la semaine dernière ses taux d'intérêt. "Ils ne sentent pas le marché, ils ne comprennent pas nécessairement les guerres commerciales", a-t-il ajouté, suscitant la vive désapprobation des démocrates. Ces propos ont accentué la fébrilité des marchés, déjà secoués lundi par le blocage partiel des administrations de Washington ("shutdown"). L'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 2,91% et l'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a lâché 2,21%. Les cours du pétrole ont eux aussi été emportés par une spirale baissière. Les marchés s'inquiètent de la perspective d'un ralentissement économique, des conséquences de la guerre commerciale, de la remontée des taux d'intérêt et du "shutdown" entré en vigueur samedi et qui pourrait se prolonger jusqu'en janvier. Critiques acérées "C'est la veille de Noël et le président Trump plonge le pays dans le chaos", ont accusé dans un communiqué Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, son homologue au Sénat. "La Bourse plonge tandis que le président mène une guerre personnelle contre la Réserve fédérale, juste après avoir limogé son ministre de la Défense", écrivent-ils. Pour Donald Trump, "la Fed est comme un joueur de golf puissant qui ne peut pas mettre la balle dans le trou car il manque de précision". Ces critiques acérées contre la puissante institution, qui a pour double mission le plein emploi et la maîtrise de l'inflation, ne sont pas nouvelles mais elles polluent un peu plus les discussions sur l'économie. Par ses commentaires, l'hôte de la Maison Blanche souffle aussi le chaud quand son secrétaire au Trésor s'efforce depuis samedi d'apaiser les esprits sur les conséquences du "shutdown". Steven Mnuchin a aussi tenté de faire taire les informations selon lesquelles Donald Trump envisage de congédier le président de la Fed, Jerome Powell, ce qui constituerait un acte inédit portant gravement atteinte à l'indépendance de l'institution. Lundi, M. Mnuchin a tenu une réunion téléphonique avec un groupe de travail sur les marchés financiers pour discuter de "la coordination des efforts pour assurer des opérations de marchés normales" dans le contexte du "shutdown". Ce groupe, créé en 1988 après le crash boursier d'octobre 1987 et utilisé pendant la crise de 2008, comprend les responsables de la Réserve fédérale et divers régulateurs des marchés financiers. Il est surnommé "l'équipe de protection contre les plongeons boursiers". Le ministre de Donald Trump, qui avait plutôt jusqu'alors la confiance du président, a mis en avant la bonne santé actuelle de l'économie américaine, qui devrait croître de quelque 3% cette année. "Nous continuons de constater une forte croissance économique aux Etats-Unis, avec une activité robuste des consommateurs et des entreprises", a-t-il affirmé dimanche. Mais l'annonce de la réunion d'un groupe associé à des crises, par le biais de son compte Twitter, qui plus est --selon des médias américains-- depuis son lieu de vacances au Mexique, a aussi semé le doute lundi sur la réalité de la conjoncture économique. La semaine dernière, le Comité monétaire de la Banque centrale avait un peu réduit sa projection de croissance américaine pour cette année (3% contre 3,1% précédemment), et surtout pour 2019 (2,3% contre 2,5%), emboîtant le pas au Fonds monétaire international (FMI) qui prévient depuis des mois que les effets positifs de la réforme fiscale vont s'estomper et que la guerre commerciale va affecter l'économie américaine et mondiale.
"Pas très rassurant" Fait très inhabituel, Steven Mnuchin a aussi dévoilé dimanche avoir eu des discussions individuelles avec les patrons des six principales banques des Etats-Unis, Brian Moynihan (Bank of America), Michael Corbat (Citi), David Solomon (Goldman Sachs), Jamie Dimon (JP Morgan Chase), James Gorman (Morgan Stanley) et Tim Sloan (Wells Fargo) qui lui "ont confirmé avoir d'amples liquidités disponibles pour les prêts aux consommateurs, pour les opérations de marchés et pour toutes les autres opérations". "Ce communiqué n'est toutefois pas très rassurant dans la mesure où les investisseurs ne s'étaient pas vraiment inquiétés ces derniers jours du fonctionnement des marchés, malgré les importantes chutes", a commenté Nick Bennenbroek, stratégiste chez Wells Fargo. Donald Trump est d'autant plus irrité par la chute de Wall Street que l'économie était jusqu'alors l'atout majeur de son mandat. Et l'annonce d'un ralentissement économique intervient au moment où le 45e président des Etats-Unis n'est jamais paru aussi isolé. Trump plonge les Etats-Unis "dans le chaos" Turbulences financières, paralysie d'une partie des administrations américaines, limogeage choc du ministre américain de la Défense: les démocrates ont accusé lundi Donald Trump d'avoir plongé les Etats-Unis dans "le chaos" à la veille de Noël, alors qu'aucune issue immédiate au "shutdown" ne se dessinait. Depuis vendredi, minuit, républicains et démocrates se rejettent la responsabilité de l'impasse budgétaire ou "shutdown", qui a provoqué la fermeture partielle des administrations. Seule pierre d'achoppement: le financement d'un mur à la frontière mexicaine que promet Donald Trump depuis sa campagne présidentielle en 2016 et auquel s'opposent farouchement les démocrates. "C'est la veille de Noël et le président Trump plonge le pays dans le chaos", ont accusé Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, son homologue au Sénat. "La Bourse plonge tandis que le président mène une guerre personnelle contre la Réserve fédérale, juste après avoir limogé son ministre de la Défense", ont-ils asséné dans un communiqué commun. Ayant décidé, à cause du +shutdown+, de rester à Washington plutôt que de passer les fêtes comme prévu dans sa résidence ensoleillée de Floride, le président américain a lui posté une avalanche de tweets pour justifier à tout-va sa politique. Alors que l'incertitude pèse sur les perspectives de croissance de la première économie du monde et que Wall Street a encore chuté lundi, Donald Trump a notamment épinglé la Banque centrale américaine (Fed), "seul problème" de l'économie américaine, selon lui. Le président américain a également évoqué le départ de son ministre de la Défense, le général Jim Mattis, dont l'annonce en fin de semaine dernière, après celle du retrait prochain des troupes américaines en Syrie, a secoué les alliés des Etats-Unis. "L'AMERIQUE EST DE NOUVEAU RESPECTEE", a proclamé Donald Trump.
"Guidé" par les ultra-conservateurs En attendant Melania Trump, qui devait le rejoindre pour Noël après être d'abord partie sans lui en Floride, Donald Trump a aussi ironisé sur les médias parlant de son isolement. "Je suis tout seul (pauvre de moi) à la Maison Blanche en attendant que les démocrates reviennent et passent un accord sur la Sécurité à la Frontière dont on a désespérément besoin", a-t-il tweeté. Les démocrates ont proposé de renouveler, dans le budget 2019, une enveloppe de plus de un milliard de dollars pour financer des barrières et autres mesures de contrôle à la frontière avec le Mexique. Mais pas question d'allouer cinq milliards au "mur" uniquement voulu par Donald Trump pour satisfaire, affirment-ils, sa base. "Tant que le président est guidé" par les ultra-conservateurs, "il est dur de voir comment il pourrait présenter une solution qui pourrait passer à la fois la Chambre et le Sénat", ont souligné Nancy Pelosi et Chuck Schumer. Les républicains détiennent jusqu'au 3 janvier la majorité au Congrès américain, mais ils ont besoin de 60 voix --et donc de votes démocrates-- au Sénat pour passer les lois budgétaires. Or, tout compromis doit au final être validé par Donald Trump, qui a le dernier mot. Face à l'impasse, les parlementaires sont partis fêter Noël dans leurs circonscriptions. Pour l'instant, aucun vote n'est prévu jeudi, lorsque les sénateurs doivent rentrer à Washington. Depuis ses fenêtres, Donald Trump pouvait lui sans doute constater, lundi, les effets de la fermeture de nombreux ministères, qui affectent quelque 800.000 fonctionnaires. Le "shutdown" touche la Sécurité intérieure --qui gère justement les frontières--, la police fédérale, les Transports, le Trésor, mais aussi l'Intérieur, qui supervise les parcs nationaux. C'est le cas du Mall, grande étendue verte au cœur de Washington, où des poubelles débordaient lundi.
Privés de sapin de Noël à Washington Devant la Maison Blanche, le sapin de Noël était fermé au public et des poubelles débordaient lundi à cause du "shutdown", les administrations américaines marquant leur troisième jour de paralysie partielle faute d'accord politique sur le financement du mur anti-immigration clandestine voulu par Donald Trump. A la veille de Noël, qu'il passe à Washington au lieu de sa résidence ensoleillée de Floride pour cause de "shutdown", le président américain a ironisé sur les médias parlant en boucle de son isolement après des démissions sonnantes dans son gouvernement et les négociations qui patinent autour de son projet de mur à la frontière mexicaine. "Je suis tout seul (pauvre de moi) à la Maison Blanche en attendant que les démocrates reviennent et passent un accord sur la Sécurité à la Frontière dont on a désespérément besoin", a-t-il tweeté lundi. "Pratiquement tous les démocrates à qui nous avons affaire aujourd'hui soutenaient fermement un Mur à la Frontière ou une Barrière", jusqu'à ce qu'il en fasse sa grande promesse de campagne en 2016, avait-il dénoncé un peu plus tôt. Depuis ses fenêtres, Donald Trump pouvait sans doute constater les effets de la fermeture, depuis vendredi minuit, de nombreux ministères, qui laisse environ 400.000 fonctionnaires en congé sans solde. Quelque 400.000 autres, employés dans les services jugés essentiels (douanes, sécurité aéroportuaire, inspection sanitaire, etc.), sont contraints eux de travailler sans être payés aux échéances régulières, en pleine période de fêtes. Le "shutdown" affecte des ministères importants comme la Sécurité intérieure --qui gère les frontières--, la police fédérale, les Transports, le Trésor, mais aussi l'Intérieur, qui supervise les parcs nationaux. C'est le cas du Mall, grande étendue verte au cœur de Washington, et de l'enclos où s'élève, devant la Maison Blanche, le "sapin de Noël national" flanqué de petits arbres représentant les 50 Etats américains. "Zone fermée, pour cause d'interruption des budgets fédéraux", pouvait-on lire sur des affichettes. Vers la Maison Blanche, et devant le grand obélisque du "Monument", plusieurs poubelles débordaient.
Impasse Par rapport aux précédents grands "shutdowns" américains, l'urgence est toutefois moins palpable cette fois: seules 25% des administrations sont fermées, les parlementaires, sentant le conflit venir, ayant pris soin d'approuver auparavant le financement des 75% restant, dont le grand budget de la Défense. Mais plusieurs grands syndicats d'employés fédéraux dénoncent cette paralysie budgétaire "inutile", qui ajoute aux inquiétudes économiques alors que la Bourse de New York est dans le rouge. Les démocrates ont proposé de renouveler, dans le budget 2019 une enveloppe de 1,3 milliard de dollars pour financer des barrières et autres mesures de contrôle à la frontière avec le Mexique, mais ils rejettent farouchement la construction d'un mur. Les républicains détiennent jusqu'au 3 janvier la majorité au Congrès américain, mais ils ont besoin de 60 voix --et donc de votes démocrates-- au Sénat pour passer les lois budgétaires. Face à l'impasse, les parlementaires ont repoussé toute décision jusqu'à jeudi, et sont partis fêter Noël dans leurs circonscriptions. Pour l'instant, aucun vote n'est prévu jeudi et la conjoncture actuelle présage d'une longue crise. Les démocrates reprendront le 3 janvier la majorité à la Chambre des représentants après leur nette victoire en novembre, enregistrée notamment grâce à un message d'opposition à la politique anti-immigration de Donald Trump. Leurs électeurs pardonneraient difficilement s'ils cédaient sur ce mur, devenu épouvantail emblématique. Les républicains ont renforcé leur contrôle du Sénat, mais avec 53 sénateurs sur 100, ils auront encore besoin d'un consensus pour mettre fin au "shutdown". Or, tout compromis doit au final être validé par Donald Trump, qui a le dernier mot. La crise pourrait donc durer, a mis en garde la Maison Blanche ce weekend.