La proclamation des résultats partiels de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) ont donné vainqueur le candidat de l'opposition, Félix Antoine Tshisekedi, qui a considéré son prédécesseur comme "partenaire de l'alternance démocratique". A cette occasion, l'ONU a appelé toutes les parties prenantes du processus électoral à régler "tout contentieux" par les mécanismes institutionnels et juridiques prévus par la loi.
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, 55 ans, est le président "provisoirement élu" qui doit succéder au chef de l'Etat sortant, Joseph Kabila, 47 ans, a proclamé, mercredi soir, la Commission électorale nationale indépendante (CENI). M. Tshisekedi l'a emporté avec 38,57% des voix, devant l'autre tête de l'opposition, Martin Fayulu, deuxième avec 34,8%, selon les résultats dévoilés par la Commission électorale. Le candidat de la coalition au pouvoir, l'ex-ministre de l'Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, est arrivé, quant à lui, en troisième position avec 23,8% des suffrages exprimés, tandis que les 18 autres prétendants ont fait des scores peu significatifs. Les résultats de cette élection qui s'était déroulé le 30 décembre 2018 peuvent encore faire l'objet de recours devant la Cour constitutionnelle. Celle-ci devra proclamer les résultats définitifs d'ici le 15 janvier, selon l'actuel calendrier électoral, tandis que la prestation de serment du nouveau président, élu pour un mandat de cinq ans, est prévue le 18 janvier. Félix Tshisekedi est le fils d'une figure historique congolaise, Etienne Tshisekedi, ancien premier ministre et président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), décédé à Bruxelles le 1er février 2017. Lors de sa première prise de parole, après la publication des résultats, il a rendu hommage au président sortant, Joseph Kabila, le considérant comme "un partenaire de l'alternance démocratique". "Je rends hommage au président Joseph Kabila. Aujourd'hui, nous ne devons plus le considérer comme un adversaire, mais plutôt comme un partenaire de l'alternance démocratique dans notre pays", a souligné M. Tshisekedi devant ses partisans réunis au siège de son parti l'UDPS. A Kinshasa, les congolais ont investi dès mercredi soir la rue pour exprimer leur soulagement et joie de l'issue de ce processus électoral qui a permis, selon eux, une "transition pacifique" et constitue une occasion "d'unir tous les congolais et les forces vives du pays".
Appels au calme et au règlement de contentieux par voie légale A la même occasion, la coalition au pouvoir a annoncé avoir pris acte de ces résultats provisoires, mais se réserve "le droit d'introduire des recours". "Nous sommes déçus par le mauvais score qui nous est attribué, mais nous prenons acte de la proclamation provisoire qui a été faite par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Nous verrons le cas échéant, comment introduire des recours par des voies légales", a déclaré Lambert Mende, porte-parole du Front commun pour le Congo (FCC, coalition au pouvoir) qui soutient le candidat Emmanuel Ramazani Shadary. En revanche, l'autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu a contesté la victoire de son rival, Félix Tshisekedi. Arrivé deuxième avec 34,8% des voix, M. Fayulu a dénoncé, dans une conférence de presse, une "escroquerie électorale" et a soutenu que "ces résultats n'ont rien avoir avec la vérité des urnes". Ses partisans ont d'ailleurs manifesté jeudi à Kisangani (nord-est) contre les résultats proclamés par la commission électorale, ont rapporté des médias locaux indiquant que la police a dû tirer des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants sortis exprimer leur mécontentement. Tenant compte de ces développements, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a exhorté toutes les parties prenantes en République démocratique du Congo (RDC) à "s'abstenir" d'actes de violences après la proclamation des résultats, appelant au règlement des contentieux par la voie légale en respect des lois de la République. "Le secrétaire général appelle toutes les parties prenantes à s'abstenir d'actes violents et à régler tout contentieux électoral par les mécanismes institutionnels établis conformément à la Constitution de la République démocratique du Congo et aux lois électorales pertinentes", a dit son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans une déclaration de presse rendue publique mercredi soir depuis New York. La France a, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, appelé également au "calme" en République démocratique du Congo (RDC). "Il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformes aux résultats que l'on a pu constater ici ou là", a déclaré Jean-Yves Le Drian sur la chaîne d'information CNEWS. "Il faut qu'on garde son calme, qu'on évite les affrontements et que la clarté soit faite sur ces résultats qui sont inverses à ce que l'on imaginait, à ce qui était avancé", a poursuivi Jean-Yves Le Drian.
L'ONU appelle à la responsabilité avant la publication des résultats définitifs L'envoyée des Nations unies en République démocratique du Congo, Leila Zerrougui a appelé vendredi au "sens suprême des responsabilités" dans les prochains jours alors que doivent être annoncés les résultats définitifs de l'élection présidentielle. Leila Zerrougui, représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour la RDC, a déclaré au Conseil de sécurité que la semaine prochaine pourrait être marquée par une période de contestations et une révision judiciaire des résultats provisoires de l'élection présidentielle, et que la Cour constitutionnelle devrait annoncer les résultats définitifs d'ici une semaine. Elle a observé que les jours à venir seraient essentiels pour la conclusion de ces élections historiques en RDC, s'engageant à dialoguer avec toutes les parties prenantes en RDC. "Un sens suprême des responsabilités doit l'emporter dans les jours à venir", a-t-elle souligné. Après deux années de retard et plusieurs reports, les élections en RDC ont finalement été organisées le 30 décembre 2018, même si le vote dans les régions de Beni, de Butembo et de Yumbi a été reporté jusqu'en mars 2019 au motif d'inquiétudes concernant une épidémie à virus Ebola et la situation de sécurité. Jeudi, la Commission électorale nationale indépendante de RDC a annoncé les résultats provisoires de l'élection, déclarant l'homme politique d'opposition, Felix Tshisekedi, vainqueur du scrutin présidentiel avec 38,57% des suffrages. La commission a également annoncé que l'autre candidat d'opposition, Martin Fayulu, avait obtenu 34,83% des suffrages, et le candidat du gouvernement sortant, Emmanuel Shadary, 23,84% des voix. Suite à cette annonce, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé toutes les parties prenantes à s'abstenir de toute violence et à transmettre les éventuels litiges électoraux par le biais des mécanismes institutionnels établis conformément à la Constitution de la RDC et aux lois électorales applicables. Dans sa présentation au Conseil de sécurité vendredi, Mme Zerrougui a affirmé que des millions de Congolaises et de Congolais avaient démontré leur adhésion au processus politique du pays et leur détermination à exercer leur droit de vote démocratique, et que par conséquent "nous devons leur montrer notre solidarité collective, alors que le processus électoral est en cours de finalisation et que la RDC se prépare à mener à bien la première transition de pouvoir pacifique de son histoire".
L'UA exhorte la RDC à consolider la démocratie et à préserver la paix Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat a souligné jeudi la nécessité pour tous les acteurs concernés en République démocratique du Congo (RDC) de consolider la démocratie et de préserver la paix suite à la publication des résultats provisoires de l'élection présidentielle, ont rapporté vendredi des médias. "Le président de la Commission réitère ses félicitations au peuple, aux acteurs politiques, à la société civile et aux institutions compétentes de la République démocratique du Congo pour la tenue des élections dans des conditions jugées satisfaisantes par la Mission d'observation électorale de l'UA dirigée par le président Dioncounda Traoré", a indiqué l'UA dans un communiqué. "Il est important que toute contestation des résultats proclamés, notamment celle portant sur leur non-conformité avec la vérité des urnes, se fasse pacifiquement, par le recours aux procédures prévues par les textes en vigueur et le dialogue politique entre toutes les parties prenantes", a indiqué M. Faki dans le communiqué. Selon les résultats provisoires annoncés par la commission électorale, Felix Tshisekedi, le candidat de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le principal parti d'opposition du pays, aurait remporté l'élection avec plus de 7 millions de voix à travers le pays. Il se classe ainsi devant Martin Fayulu, de la coalition Lamuka, et loin devant Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat de la coalition au pouvoir. Son principal adversaire, M. Fayulu, a cependant dénoncé les résultats de l'élection comme un "coup électoral", affirmant que les résultats annoncés n'avaient aucun rapport avec la réalité exprimée par les urnes. Les résultats définitifs devraient être proclamés dans les prochains jours, après confirmation par la Cour constitutionnelle de la RDC.