LVMH, qui a vu ses résultats annuels atteindre de nouveaux records en 2018 et les ventes de Louis Vuitton accélérer contre toute attente en fin d'année, a affiché mardi sa confiance pour l'année 2019. Le numéro un mondial du luxe, propriétaire de 70 marques dont Dior, Bulgari ou Moët & Chandon, a bouclé l'année sur une très robuste croissance de 11%, après une hausse de 12% en 2017, faisant près de deux fois mieux que le marché mondial dont la hausse est estimée à environ 6% par le cabinet Bain. Son résultat opérationnel a grimpé de 21%, atteignant pour la première fois la barre des 10,0 milliards d'euros, pour une marge de 21,4%, en progression de 1,9 point. "Nous avons bénéficié d'une économie mondiale porteuse (...) et qui devrait le rester en 2019", a déclaré Bernard Arnault, PDG de LVMH, tout en prédisant, comme l'an dernier, une possible crise dans les années à venir avec la perspective d'une remontée des taux d'intérêt. "Nous sommes confiants mais prudents pour 2019. L'année commence bien, le mois de janvier est très très bien orienté", a-t-il ajouté. Ces performances, qui interviennent alors que les investisseurs craignaient l'impact du ralentissement d'un moteur chinois devenu crucial (la clientèle chinoise pèse pour plus du tiers des ventes mondiales de luxe) et celui du mouvement des "Gilets jaunes" en France, sont largement à mettre au profit de Louis Vuitton qui pèse pour plus de la moitié des profits du groupe. Contre toute attente, la mode-maroquinerie, division phare du groupe qui compte Louis Vuitton, a fortement accéléré la cadence avec une croissance organique qui a bondi de 17% au quatrième trimestre, au lieu des 11% attendus par les analystes. La division a même accéléré le pas en Chine et a poursuivi sur les mêmes tendances au début de 2019, a précisé Bernard Arnault, évoquant la forte "désirabilité" de ses marques, notamment Vuitton, Dior ou Céline.
Performance "exceptionnelle" de Vuitton La performance du malletier a été "exceptionnelle", a reconnu le PDG, précisant que la marque avait "largement" dépassé les 10 milliards d'euros de ventes. La première griffe mondiale de luxe, qui réalise un tiers de ses ventes auprès des clients chinois, continue de tourner à plein régime et de gagner des parts de marché grâce à d'importants investissements dans le digital et ses magasins. Elle est aussi portée par le succès des collections masculines signées Virgil Abloh, fondateur de la marque branchée américaine Off-White, recruté en mars 2018. Gourou des réseaux sociaux, le créateur qui mêle les codes du sportswear à ceux du luxe, a fait des défilés de Vuitton de véritables événements et a élargi la clientèle de la marque. Pour pouvoir maintenir la cadence, Louis Vuitton ouvrira quatre nouveaux ateliers dans le courant de l'année. "Vuitton est en pleine ascension, mais c'est une ascension contrôlée et sélective", a tenu à indiquer Bernard Arnault. La marque compte, avec une poignée de concurrents comme Gucci ou Saint Laurent (propriétés de Kering), Moncler ou Hermès, parmi les griffes qui signent les meilleures performances du secteur. Cette avance a permis à la division mode de dégager un résultat opérationnel en hausse de 21% en 2018 à 4,9 milliards d'euros. A l'inverse, les autres grandes divisions ont fait moins bien qu'attendu au quatrième trimestre, notamment dans les vins & spiritueux (Hennessy, Dom Perignon Moët & Chandon), deuxième division la plus rentable de LVMH, où la croissance organique est tombée à 2% et à 5% sur l'année, en raison d'un "manque d'approvisionnement" dans le cognac. Au total, le groupe a maintenu une très solide cadence de 15% de croissance organique en Asie hors Japon et une progression de 8% en Europe, tandis qu'il a ralenti aux Etats-Unis à 5% en fin d'année. En Bourse, le titre LVMH a fini à 259,75 euros mardi, signant une hausse de 0,6% depuis le début de l'année, à comparer à une progression de 1,9% pour l'indice Stoxx 600 des biens de consommation. La valeur, qui accuse une baisse de 16% depuis un sommet de 313,70 euros touché en mai 2018 en raison des inquiétudes liées à la Chine, se traite sur des multiples de valorisation de 18,77 fois les bénéfices estimés pour 2020, contre 18,09 pour le suisse Richemont. LVMH compte toutefois parmi les valeurs préférées des analystes pour son profil diversifié et la robustesse des performances de Louis Vuitton. Au total, les ventes du groupe ont progressé de 10% à 46,83 milliards d'euros en 2018, le résultat net a bondi de 18% à 6,35 milliards et le dividende proposé a été relevé de 20% à 6,00 euros par action. Les chiffres d'Hermès sont attendus le 8 février, ceux de Kering le 12.
Aucun lien avec l'arrivée d'Elliott chez Pernod Ricard LVMH n'est en rien lié à l'arrivée du fonds activiste Elliott au capital de Pernod Ricard et n'a nullement l'intention de déstabiliser le groupe de spiritueux français, a déclaré mardi Bernard Arnault, P-DG du géant mondial du luxe. Interrogé lors d'une conférence de presse sur des spéculations prêtant à LVMH des visées sur certains actifs de Pernod Ricard, il a répondu n'avoir "absolument rien à voir dans cette histoire". "Je ne connais pas ce fonds activiste et n'ai eu aucun contact avec eux", a-t-il affirmé, ajoutant que sa famille avait des "relations amicales avec Alexandre Ricard" (P-DG du groupe) et qu'il ne ferait "rien qui puisse le gêner dans les problèmes qu'il peut rencontrer avec ce fonds d'investissement". Le fonds américain, qui a fait irruption au capital de Pernod Ricard en novembre dernier, réclame plus de rentabilité au groupe français ainsi que des modifications dans sa gouvernance. Dans une lettre adressée à ses dirigeants, Elliott laisse aussi entendre que Pernod Ricard devrait rester ouvert à une possible opération de rapprochement avec un concurrent, nourrissant des spéculations sur des schémas de démantèlement entre Diageo et LVMH, tous deux alliés au sein de Moët Hennessy, la filiale de vins & spiritueux du groupe de Bernard Arnault.