Pour expliquer sa faillite, la compagnie aérienne allemande, qui fait voler ses appareils depuis trente ans, invoque notamment la hausse du prix du kérozène, mais encore des surcoûts imprévus comme des opérations de maintenance en trop grand nombre. Après FlyBee, cette nouvelle déconfiture sur le marché intra-européen semble confirmer l'analyse de Ryanair d'une consolidation inévitable. Ryanair en avait fait le constat : toutes les compagnies ne pouvaient pas survivre à la baisse des prix en raison des surcapacités sur le marché intraeuropéen. Après FlyBee, récemment l'an dernier, c'est au tour de la compagnie aérienne allemande Germania de déposer le bilan. La compagnie créée en 1986 et domiciliée à Berlin a annoncé sa faillite ce mardi 5 février sur son site internet, ainsi que l'annulation de tous les vols qu'elle prévoyait. Dans son communiqué, elle détaille que Germania (la compagnie aérienne ainsi que ses deux filiales de maintenance et de services) a demandé au tribunal de grande instance de Berlin-Charlottenburg à être déclarée insolvable. Cette compagnie à bas coûts, avec 37 appareils dans sa flotte et Berlin comme siège, desservait principalement depuis l'Allemagne et la Suisse des destinations touristiques autour de la Méditerranée et au Moyen-Orient. Elle avait aussi misé en France sur des départs depuis Toulouse, ainsi que sur les aéroports de Stockholm-Arlanda et London-Gatwick. Germania insolvable : les billets achetés en direct non remboursés Elle transportait ainsi plus de quatre millions de passagers annuels. L'entreprise a dit ne pas avoir pu réunir les financements nécessaires pour "couvrir un besoin à court terme en liquidités". "Notre seule possibilité était de nous déclarer insolvables. C'est bien sûr l'incidence qu'aura cette décision sur nos salariés que nous regrettons le plus", a écrit le directeur général Karsten Balken, qui remercie ses salariés "du fond du cœur". Il a également présenté ses excuses aux passagers qui avaient acheté un billet et qui ne pourront pas prendre le vol prévu. Mais là, il y a deux cas de figures: ceux qui pourront se faire rembourser leur billet ou trouver une solution de remplacement et ceux qui en seront de leur poche. Germania explique ainsi que ceux qui avaient acheté leur billet auprès d'un autre voyagiste, au sein d'une formule comprenant vol et hébergement, "peuvent contacter leur tour-opérateur afin d'organiser un autre transport". Mais "pour les passagers qui ont réservé directement avec Germania, il n'y a malheureusement pas de droit à un transport de substitution". Le communiqué se conclut sur les causes, multiples, de cette déconfiture, arguant que les besoins en liquidités à court terme sont "apparus principalement en raison d'événements imprévisibles" : "Des événements imprévisibles tels que des hausses considérables du prix du kérosène l'été dernier avec affaiblissement simultané de l'euro face au dollar, des retards importants dans l'intégration d'appareils au sein de la flotte et un nombre inhabituellement élevé d'opérations de maintenance nécessitées par les appareils de la compagnie ont été de lourds fardeaux pour l'entreprise", a expliqué Germania. Pour mémoire, le 8 janvier 2019, la compagnie avait publié un communiqué sur son site qui alertait pour les mêmes invoquées ci-dessus des difficultés qu'elle rencontrait et de sa recherche d'options de financement pour répondre à ses besoins urgents de liquidités. A cette date, elle assurait : "Néanmoins, nos opérations aériennes ne sont soumises à aucune restriction et tous les vols de Germania continuent à opérer comme prévu." Un cran en arrière, le 5 octobre 2018, Germania affichait un optimisme sans restriction quant à l'avenir, dressant un bilan tout à fait positif de son activité de l'été : "Germania dresse en Suisse un bilan positif de l'été: pour faire face à la forte demande de la saison estivale, la compagnie aérienne spécialisée dans les vols vacances a augmenté de 36% le nombre de places et néanmoins enregistré un taux de remplissage supérieur à l'année passée. Sur les vols en provenance et à destination de Zurich, Germania a transporté en juillet et août 26 % de passagers en plus qu'à l'été 2017." La suite du communiqué ne cessait de brandir les points positifs de l'activité de la compagnie : taux de réservation "tout à fait positif", "croissance à deux chiffres" du nombre de passagers sur certaines destinations phares, réservations "pour les prochains mois d'hiver" réjouissantes. Le communiqué se concluait triomphalement ainsi : "Les réservations électroniques de vols via le site Internet ou l'application ont fortement augmenté au cours des dernières semaines et des derniers mois. Et la saison d'hiver 2018/19 s'inscrit également dans cette tendance."