L'opposition se dit prête à une période de transition de six mois et propose " une feuille de route, à même d'aboutir à une solution politique dans le cadre de la légitimité populaire, consacrée par la Constitution en son article 7. La feuille de route devrait être mise en œuvre au terme de l'actuel mandat présidentiel ". Pour réelle qu'elle soit cette proposition, son argument et sa pensée politique sont très détaillés et visent " l'institution d'une courte période de transition au cours de laquelle les prérogatives du président sortant seront transmises à une instance présidentielle composée de personnalités nationales connues pour leur crédibilité, probité et compétence. L'instance aura pour mission de prendre en charge les revendications du peuple et ses membres s'abstiendront de toute candidature ou proposition de candidature lors des prochaines échéances électorales". Les acteurs politiques, parties prenantes de cette " feuille de route", semblent vouloir passer au plus pressé dans un cadre constitutionnel et surtout que l'actuel mandat présidentiel s'arrête le 28 avril prochain pour laisser place à la période de transition dont les acteurs doivent s'engager, chacun en ce qui le concerne, à adopter des mesures de confiance pour créer une atmosphère sereine et apaisée, et en assurant le respect de la Constitution et du principe de la démocratie. Ces mesures de confiance et de garantie peuvent être assurées par le Haut Commandement de l'ANP. C'est là une proposition de l'opposition qui s'en remet à l'Armée pour piloter politiquement la période de transition. Ainsi les parties prenantes de cette " feuille de route " se disent, dans leur communiqué ayant sanctionné leur conclave, leur entière disponibilité à examiner d'autres propositions susceptibles de prendre en charge ces revendications, appelant " l'ANP à aider à la consécration des attentes populaires dans le cadre du respect de la légitimité populaire ". Par la même occasion, les signataires de la feuille de route ont lancé un appel au peuple algérien à l'effet de " maintenir leur mouvement de protestation et faire preuve de vigilance face à toute tentative d'infiltration, de dispersion, ou de détournement de leurs revendications ". L'objectif semble être clair : sortir le citoyen de la rue en lui faisant miroiter la démocratie des urnes et rendre caduc le " plan de travail " annoncé au-delà du 28 avril prochain, avec à la clé la fin de la crise qui frappe le pays depuis deux décennies. A présent que l'opposition elle-même sollicite l'intervention de l'Armée pour gérer la période de transition et de donner le coup d'envoi de l'édification de la deuxième République, tout le monde attend la réaction et la réponse du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP pour annoncer des mesures capables de sortir de cette crise et de conduire le pays jusqu'à la prochaine élection présidentielle. En maintenant l'espoir sur l'ANP, l'opposition et peut-être même les manifestants, il est indispensable que chacun prenne ses responsabilités et de forcer au dialogue et surtout d'être évertué à trouver ensemble les préalables qui encouragent la franche concertation, et c'est pour sortir de cette impasse que le rôle de l'Armée est sollicité par tout le monde y compris par les marcheurs. A l'écoute des attentes politiques et démocratiques du peuple, l'ANP a aujourd'hui une autre occasion républicaine de faire entendre la voix de la raison et de jouer un rôle majeur aux prochaines échéances électorales.