Les deux blocs partagent le même diagnostic de la crise politique algérienne et se fixent le même objectif. Une autre plate-forme de l'opposition sur la table. Le pôle des forces du changement qui a participé à la Conférence nationale de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, s'attèlle à concocter sa propre plate-forme politique. Ce bloc de l'opposition constitué par une dizaine de formations politiques ayant soutenu la candidature à la présidentielle d'avril dernier de l'ex-chef de gouvernement Ali Benflis, compte se réunir au courant de la semaine en cours pour peaufiner son document politique de référence. La philosophie de ce document de base n'est pas différente de celle de la Cltd, puisque il prône la négociation d'une sortie de crise entre le pouvoir et l'opposition sans qu'aucune partie n'impose son ordre du jour ou sa feuille de route. En revanche, le Pôle des forces de changement ne considère pas opportun d'appeler à une période de transition au risque de générer un débat infructueux comme par le passé. Cette coalition proclame un véritable changement du régime. La divergence de conception entre le Pôle des forces du changement et la Cltd, réside dans la réclamation d'une période de transition. Les formations constituant cette coalition considèrent que «réclamer une transition donnera lieu à un débat stérile, vu le niet de l'armée et le pouvoir qui campe sur sa position de refus». «Personne ne peut prétendre sortir le pays de l'impasse dans laquelle il se trouve, sans le consensus de toutes les autres parties. Seule une véritable légitimité populaire permettra une réelle sortie de crise politique dans laquelle est enfoncé le pays», a souligné Nordine Bahbouh, le président de l'Ufds, un parti agréé en 2012. Cela n'empêche pas «de coordonner les actions politiques entre les deux coalitions de l'opposition pour définir une stratégie de lutte commune», ajoute-t-il. Dans son approche, le Pôle considère que «la solution à la crise n'est pas constitutionnel mais plutôt une crise de légitimité des institutions. La révision de la Constitution «devrait venir en dernière phase couronner un processus politique commun centré sur la légitimité des institutions», indique-t-on. De son côté, Tahar Benbaïbèche, ex-secrétaire général de l'Onec et du RND, a estimé que le Pôle qui tiendra sa prochaine rencontre dimanche prochain après celle tenue mardi dernier, appelle le pouvoir «à ouvrir le dialogue direct avec l'opposition et les personnalités politiques nationales autour de la sortie de crise du pays qui est sur un volcan sur le plan interne et sous l'effet de la montée des conflits sécuritaires au niveau de ses frontières». Pour le président d'El-Fadjr el Jadid, la seule différence entre les deux coalitions de l'opposition est que le Pôle des forces de changement s'inscrit dans une dynamique de participation, alors que la Cltd s'inscrit plutôt dans un mouvement de boycott des initiatives du pouvoir. Hormis ce point de départ distinct, «les deux blocs partagent le même diagnostic de la crise politique algérienne et se fixent le même objectif à savoir le changement pacifique du régime», ajoute-t-il. «Le véritable danger qui guette le pays est le fait accompli du pouvoir qui continue à dialoguer avec lui-même et sa persistance à nier la crise aiguë du système», affirme-t-il encore. Dans ce contexte, le gouvernement, par le biais du Premier ministre Abdelmalek Sellal a déclaré que l'Algérie «possède des institutions fortes et n'a pas besoin d'une période de transition». «Chacun a le droit de donner son avis mais le peuple a plébiscité le président Abdelaziz Bouteflika lors de l'élection du 17 avril qui s'est déroulée de manière démocratique, de l'aveu même des organisations et institutions internationales», a ajouté M.Sellal. D'un autre côté l'ANP a opposé son niet aux appels incessants des personnalités politiques l'exhortant à s'impliquer pour accompagner le processus de sortie de crise politique. Cette conférence a lieu alors que le président Bouteflika a relancé le chantier de la révision de la Constitution. Le texte propose le retour à une limitation à deux du nombre de mandats présidentiels.