Les Etats-Unis ont défendu mercredi au Conseil de sécurité la décision du président Donald Trump de reconnaître la souveraineté d'Israël sur le Golan, une position unanimement condamnée par leurs 14 partenaires de l'ONU lors d'une réunion convoquée en urgence à la demande de la Syrie. "Mépris du droit international" et "violation des résolutions de l'ONU", cette "reconnaissance est nulle et non avenue", a asséné Vladimir Safronkov, diplomate de la mission russe à l'ONU. De la Belgique à l'Allemagne en passant par le Koweït, la Chine, l'Indonésie, le Pérou, l'Afrique du Sud ou la République dominicaine, tous ont dénoncé une décision unilatérale qui rompt avec le consensus international jusqu'ici observé. "Le Golan est un territoire syrien occupé par Israël" et "nous demandons que le territoire du Golan soit libéré", a réclamé son homologue du Koweït, Mansour Al-Otaibi. Le décret signé lundi par le président américain "n'affecte pas l'accord de désengagement du Golan de 1974 et ne met pas en péril le mandat de la Fnuod", a affirmé un diplomate de la mission américaine à l'ONU, Rodney Hunter. "La Fnuod continue d'avoir un rôle vital pour préserver la stabilité entre Israël et la Syrie", a-t-il insisté après avoir paradoxalement déploré des activités militaires dans la zone-tampon du Golan que sont censées empêcher par leur présence les Casques bleus. Présente sur le Golan depuis 1974, la Fnuod compte un millier de Casques bleus, dont le mandat vient à échéance en juin. Son coût annuel est d'environ 60 millions de dollars. "La Syrie condamne la reconnaissance de Donald Trump" qui revient à "torpiller le droit international et à humilier les Nations unies", a estimé l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar Ja'Afari. Territoire stratégique notamment par sa richesse en eau, le Golan a été conquis en 1967 et annexé en 1981 par Israël. Plusieurs résolutions de l'ONU attribuent au plateau un statut de "territoire occupé" illégalement. Dès mardi, à l'occasion d'une réunion sur le Proche-Orient, l'ambassadeur français François Delattre avait mis en garde contre les ruptures à l'ordre international.
L'Algérie réaffirme sa position Le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a réaffirmé, vendredi à Tunis, la position "inébranlable" de l'Algérie qui considère le Golan syrien comme "territoire arabe occupé, conformément aux résolutions de la légalité internationale". "Nous réaffirmons notre position inébranlable et considérons le Golan syrien comme territoire arabe occupé, conformément aux résolutions de la légalité internationale, notamment la résolution 497 de 1981, laquelle rejette la décision de l'entité sioniste et ses mesures arbitraires concernant le Golan, et la considère comme nulle et non avenue", a déclaré M. Lamamra dans son intervention devant les ministres arabes des Affaires étrangères lors de leur réunion préparatoire du 30ème sommet arabe. Il a souligné, en outre, "la nécessité pour la communauté internationale de respecter les résolutions et la Charte de l'ONU, d'autant qu'il est inadmissible de s'emparer, d'annexer avec force, ou de reconnaitre illégalement la souveraineté d'un territoire donné, notamment par les pays auxquels incombe la responsabilité principale de préserver et maintenir la paix et la sécurité internationales en vertu de la Charte de l'ONU". S'agissant de la crise syrienne, M. Lamamra a rappelé la position de l'Algérie qui a appelé, "depuis le début", à "une solution politique qui repose sur le dialogue et la réconciliation nationale, à même de préserver la souveraineté, la stabilité de la Syrie, l'unité de son peuple et son intégrité territoriale".
5 pays européens rejettent la décision américaine Cinq pays européens membres du Conseil de sécurité (CS), à savoir l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Belgique et la Pologne ont affirmé mardi dans une déclaration commune leur rejet de la décision américaine de reconnaître la souveraineté d'Israël sur la partie occupée et annexée du plateau du Golan. En application des résolutions de l'ONU, "nous ne reconnaissons pas la souveraineté d'Israël sur les territoires occupés par Israël depuis juin 1967, incluant le plateau du Golan", ont souligné les ambassadeurs de ces pays européens. "Nous ne les considérons pas comme faisant partie du territoire de l'Etat d'Israël", ont-ils insisté, rappelant que "l'annexion d'un territoire par la force est interdite par le droit international". Les pays signataires, ont également souligné via le texte commun, relayé par des médias, que "toute déclaration sur un changement unilatéral de frontière va à l'encontre des règles sur l'ordre international et la Charte des Nations unies". Lors d'une réunion du Conseil de sécurité dans la matinée consacrée au Proche-Orient, plusieurs autres pays s'étaient déjà inscrits contre la décision annoncée lundi par le président Donald Trump à l'égard d'un territoire qu'ils considèrent comme appartenant à la Syrie. La décision américaine "est une violation très grave du droit international", a souligné l'Indonésie, "elle est totalement inacceptable". "La Syrie a le droit de reprendre ce territoire", a renchéri le Koweït, tandis que l'Afrique du Sud évoquait sa grande "préoccupation" après le changement de politique américaine. Donald Trump a signé lundi à la Maison Blanche, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, un décret reconnaissant la souveraineté israélienne sur ce territoire. L'ONU n'a jamais reconnu cette annexion. Prévues de longue date, des consultations à huis clos du Conseil de sécurité sur la force de l'ONU (Fnuod) déployée sur le plateau du Golan doivent se tenir mercredi à New York.