Alors que le Parlement européen a adopté une résolution appelant à prévoir de nouvelles sanctions contre la Russie dans le cadre du projet de gazoduc Nord Stream 2, notamment en limitant son accès aux sources financières, un expert a affirmé à Sputnik Allemagne que les députés tentaient de compenser le manque de moyens par "des propos acides". La résolution du Parlement européen n'aura aucun impact "pratique" sur le projet de gazoduc Nord Stream 2, car de tels documents, très critiques envers la Russie, existent depuis plusieurs années, a déclaré dans une interview à Sputnik Christian Wipperfürth, expert en énergie. Selon lui, les résolutions du genre adoptées par le Parlement européen revêtent souvent "un caractère déclaratif", sont adoptées depuis plusieurs années et sonnent beaucoup plus radicalement que la politique réelle appliquée par les pays membres. "La marge de manœuvre du Parlement européen est assez limitée, ce que les députés tentent de compenser par des déclarations particulièrement violentes. Quant à nous, on ne doit pas s'en inquiéter trop. Le Parlement européen émet, presque traditionnellement, des propos acides", a-t-il noté. D'autant plus que la campagne électorale "renforce encore plus la tendance des parlementaires à des paroles retentissantes", a-t-il ajouté. Christian Wipperfürth s'est dit certain que la résolution resterait sans suite, car les pays de l'UE s'étaient entendus il y a plusieurs semaines pour apporter des précisions. "Les partisans d'un compromis seront contraints de lutter contre "un vent debout", ce qui ressort clairement de la résolution du Parlement européen. Mais je ne m'attends pas à des actions impressionnantes parce que le gouvernement allemand et nombre de sociétés ont laissé entendre depuis longtemps que le gazoduc leur serait utile et qu'il n'avait pas d'alternative." Il a ajouté que les Américains ne pourraient pas livrer assez de gaz en Europe vu le prix de celui-ci. Qui plus est, les États-Unis ont importé ces derniers mois une quantité record de brut russe, en raison d'une vague de froid qui a déferlé sur le pays cet hiver. Citant des sources anonymes américaines, The Wall Street Journal avait précédemment annoncé que les États-Unis s'apprêtaient à imposer des sanctions à l'encontre des investisseurs du projet et des entreprises qui s'occupent de la pose de tuyaux pour le gazoduc. Les sanctions seront introduites par le biais d'amendements à la loi CAATSA (Countering Adversaries Through Sanctions Act) qui impose des sanctions à plusieurs pays dont la Russie. Le ministre américain de l'Énergie Rick Perry avait précédemment déclaré aux journalistes que Washington envisageait des sanctions supplémentaires contre le projet Nord Stream 2. Une possible nouvelle imposition contre les investisseurs et les entreprises construisant ce gazoduc avait été annoncé par The Wall Street Journal. Le projet Nord Stream 2 est réalisé par la société russe Gazprom en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Ce programme prévoit la construction d'un gazoduc d'une capacité de transfert de 55 milliards de mètres cubes par an depuis la Russie jusqu'à l'Allemagne en passant par la mer Baltique, soit une longueur de plus de 1.200 kilomètres. Les États-Unis s'y opposent énergiquement.
USA vs Nord Stream 2 En imposant toujours de nouvelles sanctions contre le projet de gazoduc Nord Stream 2, les États-Unis se livrent à une "concurrence déloyale", voire à des actions "comparables au racket ou à un raid", a déclaré ce mardi le porte-parole de la présidence russe, rappelant que ce projet était compétitif à 100%. Moscou sait très bien que les États-Unis s'élèvent contre le projet de gazoduc Nord Stream 2 et estime une telle position inacceptable, a déclaré ce mardi le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov. "L'attitude hostile et loin d'être concurrentielle des États-Unis envers ce projet purement économique est bien connue, elle n'est pas nouvelle. Nous réalisons tous que nous avons affaire à des tentatives de concurrence déloyale, voire des actions pratiquement comparables au racket ou à un raid, mais au niveau international. Nous estimons une telle approche inacceptable", a-t-il déclaré. Dmitri Peskov a rappelé que le prix du gaz russe livré par ce gazoduc était compétitif, tandis que celui du gaz américain reviendrait beaucoup plus cher. "Nous sommes certains que la compétitivité d'un projet doit être prouvée par ses avantages du point de vue de l'offre et de la demande. En l'occurrence, ce projet, le gaz qui suivra cet itinéraire, est compétitif à 100% et Washington doit sans doute réfléchir aux moyens de décider ses clients européens à acheter du gaz plusieurs dizaines de pourcent plus cher que le gaz russe", a-t-il souligné.