La Russie a affirmé mercredi que tous les processus politiques qui se déroulent en Algérie relèvent des affaires intérieures du pays, ajoutant qu'"aucune ingérence de pays tiers" ne devait avoir lieu, suite à l'annonce de la démission du président Abdelaziz Bouteflika. "Nous avons beaucoup de projets communs dans le domaine de l'économie, par conséquent nous comptons sur le fait que les processus intérieurs qui se déroulent dans ce pays, et qui relèvent exclusivement des affaires intérieures de l'Algérie, se déroulent sans ingérence de pays tiers", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, cité par l'agence de presse Sputnik. M. Peskov a, en outre, rappelé que la Russie a des "relations amicales, mutuellement avantageuses et de longue date avec l'Algérie", avant d'espérer que les processus politiques en Algérie "n'auront aucune influence sur le caractère amical de nos relations bilatérales". Le président Bouteflika a notifié officiellement mardi au président du Conseil constitutionnel, sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République.
Washington réitère que c'est au peuple algérien de décider comment mener la transition Le porte-parole adjoint du département d'Etat américain, Robert Palladino, a déclaré mardi que c'est au peuple algérien de décider comment mener la transition. " Je n'ai pas une réaction spécifique (à faire) à part que les Etats-Unis s'interrogent sur comment mener cette transition et c'est au peuple algérien de décider" comment l'opérer, a déclaré Palladino à la presse. Le diplomate américain a été invité lors d'un point de presse à commenter l'annonce de la démission du président Bouteflika. Jeudi dernier, le département d'Etat a déclaré qu'il appartenait au peuple algérien de dire comme mener la transition, précisant que Washington respectait le droit des Algériens d'exprimer leurs points de vue. Le département de Mike Pompeo a salué " l'engagement du gouvernement à garantir la sécurité des manifestants ". Le président Bouteflika a notifié officiellement mardi au président du Conseil constitutionnel, sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République. " Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l'apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement ", a relevé le président dans sa lettre de démission. La décision " se veut l'expression de ma foi en une Algérie fière et digne tenant son rang et assumant pleinement ses responsabilités dans le concert des nations", a-t-il souligné.
Le Drian: "C'est une page importante de l'histoire de l'Algérie qui se tourne" Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a estimé que la démission mardi du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est une "page importante" de l'histoire de l'Algérie "qui se tourne". "Le Président Bouteflika a annoncé sa démission. C'est une page importante de l'histoire de l'Algérie qui se tourne", a réagi le ministre français dans une déclaration publiée dans la nuit de mardi. Pour Jean-Yves Le Drian, "le peuple algérien a montré ces dernières semaines, par une mobilisation continue, digne et pacifique, qu'il était déterminé à faire entendre sa voix", exprimant sa confiance dans la poursuite de la transition démocratique. "Nous sommes confiants dans la capacité de tous les Algériens à poursuivre cette transition démocratique dans ce même esprit de calme et de responsabilité", a-t-il conclu.
La transition politique en Algérie en débat à Paris La transition politique, conséquence des revendications des Algériens exprimées dans le mouvement populaire, a fait mardi soir l'objet d'un débat à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) de Paris au cours duquel des chercheurs ont tenté d'examiner les perspectives immédiates après le départ du président Abdelaziz Bouteflika. D'emblée, le directeur adjoint à l'IRIS, Didier Billion, a fait remarquer qu'en Algérie, il y a "une sorte d'accélération de l'histoire", estimant que les contradictions qui ont surgi ces dernières semaines "ne vont pas s'arrêter". "La situation s'est radicalement modifiée au moins de deux mois", a-t-il fait observer, relevant que le régime en place "a été pris de panique" devant l'ampleur des manifestations et des revendications politiques. Pour lui, dans ce genre de situations, les pouvoirs réagissent "trop peu et trop tard". Tentant de qualifier la contestation populaire algérienne de "révolution" ou de simple "mouvement", il s'est référé à Lénine qui disant : "Quand on ne veut pas en bas et on ne peut pas en haut, c'est alors la révolution". C'est ainsi qu'il fait part d'une forme de "désinhibition" de la jeunesse algérienne, dont la plupart n'a pas connu la "décennie noire", notant que les fractures et les fissures du système algérien sont devenues "publiques et visibles". Le chercheur a tout de même, après son constat, soulevé la problématique de la représentativité et de l'absence de leadership du mouvement populaire algérien qui constitue, pour lui, une "réelle difficulté" pour la période de transition qui s'annonce. Le politologue Hasni Abidi a émis, au cours de son intervention, plusieurs hypothèses au sujet de la transition politique tout en essayant d'analyser si elle sera pactée ou imposée. Il a d'abord noté que la rue est devenue la "propriété" des Algériens et un "acteur décisif", soulignant que le plafond des revendications des Algériens est "très haut". Cependant, il a indiqué que ce mouvement populaire, qui devient "important", recèle des "faiblesses", dont le fait qu'il ne peut pas durer trop longtemps et ne peut gérer seul la transition. C'est vrai, pour lui, que cette transition va être gérée par le "pouvoir civil ou populaire" et le "pouvoir militaire", cependant l'incertitude demeure, soulignant que la transition est un processus de négociation". "Il y a un débat inédit aujourd'hui en Algérie. Il faut avoir une lecture flexible de la transition qui se fait toujours grâce à une locomotive", a affirmé ce politologue qui revient d'Algérie et qui est directeur CERMAM (Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, Genève). Il a expliqué que la transition est un processus politique entre les différents acteurs et que le "dégagisme" n'est pas une "offre politique". Hasni Abidi a estimé que "l'on s'achemine vers une présidentielle dans laquelle on aura un président de consensus qui va mener la transition". Toujours à propos de la transition, le professeur algérien en économie Mouloud El Mouhoud a estimé, après une analyse de la situation économique de l'Algérie, que les perspectives sont "possibles" et qu'il existe encore une marge de manœuvres pour mener à bien cette transition. Pour sa part, Akram Belkaïd, journaliste au Monde Diplomatique, s'est quelque peu appesanti sur les transformations qu'a subies la société algérienne notamment avec l'apport des réseaux sociaux et son impact sur la jeunesse. "Nous sommes en phase de réappropriation du terrain et des espaces par la jeunesse algérienne", a-t-il fait constater, prévoyant pour la période de transition un "moment d'extra-constitutionalité" pour donner le temps nécessaire à cette transition. Il a exprimé, dans ce sens, sa crainte qu'en restant dans le cadre de la Constitution, "on risque de présenter un clone de l'ancien président que la rue rejette".
Le Président Bouteflika met fin à son mandat Pour rappel, le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au Président du Conseil constitutionnel, sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de Président de la République, indique mardi un communiqué de la présidence de la République. "Son Excellence, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a notifié officiellement à Monsieur le Président du Conseil constitutionnel, sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de Président de la République, à compter de ce jour, mardi 26 Radjab 1440 correspondant au 02 avril 2019, dans les termes suivants : J'ai honneur de vous notifier formellement ma décision de mettre fin au mandat que j'accomplis en qualité de Président de la République, à partir de ce jour, mardi 26 Radjab 1440, correspondant au 02 avril 2019. Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l'apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement. Cette décision procède de mon souci d'éviter que les excès verbaux qui marquent malencontreusement l'actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l'Etat. Dans le même temps, cette décision se veut l'expression de ma foi en une Algérie fière et digne tenant son rang et assumant pleinement ses responsabilités dans le concert des nations. Dans cette perspective, j'ai pris les mesures appropriées, dans l'exercice de mes prérogatives constitutionnelles, pour les besoins de la continuité de l'Etat et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition devant mener à l'élection du nouveau Président de la République. Dieu, Le Tout-Puissant, m'est Témoin des initiatives que j'ai prises, des actions que j'ai menées, des efforts que j'ai déployés et des sacrifices que j'ai consentis pour être à la hauteur de la confiance dont mes compatriotes m'ont honoré, œuvrant sans relâche pour consolider les bases de l'unité nationale, de l'indépendance et du développement de notre cher pays ainsi que pour promouvoir la réconciliation avec nous-mêmes et avec notre identité et notre histoire. Je souhaite tout le meilleur au Peuple algérien".