Le Conseil constitutionnel dit avoir constaté «la vacance définitive de la Présidence de la République», en application de l'article 102, alinéa 4 de la Constitution», informé le Parlement de «l'acte de déclaration de la vacance définitive», et fait état de la publication de ladite déclaration au «Journal Officiel». Le poste de président de la république est officiellement vacant. Le Conseil constitutionnel l'a constaté, hier, à l'occasion d'une réunion tenue sous la présidence de Tayeb Belaiz. Au lendemain de la démission d'Abdelaziz Bouteflika, sous la pression d'un mouvement populaire inédit pour le départ du système en place, l'institution en question s'est réunie pour confirmer ce constat, et le notifier au Parlement. Dans un communiqué publié, le Conseil constitutionnel dit avoir constaté « la vacance définitive de la Présidence de la République, en application de l'article 102, alinéa 4 de la Constitution », informé le Parlement de «l'acte de déclaration de la vacance définitive», et fait état de la publication de ladite déclaration au « Journal Officiel ». Par cet acte, la voie est désormais balisée pour l'application de l'article 102 de la Loi fondamentale, comme demandée par le chef d'Etat-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Mardi 2 avril, le chef de l'Etat a notifié officiellement sa démission au Conseil constitutionnel. Dans sa lettre, Bouteflika a dit avoir pris cette décision «en mon âme et conscience», destinée «à contribuer à l'apaisement des cœurs et des esprits de mes compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement», a-t-il expliqué. Pourtant, c'est loin d'être gagné, lorsque l'on sait que c'est désormais Abdelkader Bensalah qui prend l'intérim du chef de l'Etat pendant trois mois. L'article 102 de la Constitution dispose qu'après avoir été notifié du constat de vacance, «le Parlement se réunit de plein droit», et que «Le président du Conseil de la nation assume la charge de chef de l'Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées». En d'autres circonstances, ce processus ne devrait rencontrer aucun obstacle. Cependant, il se trouve que Bensalah est contesté et discrédité par le peuple et les manifestations de la rue. Pour avoir été un des symboles de ce système que les algériens veulent chasser définitivement, et avoir soutenu Bouteflika durant tous ses mandats, le cinquième qui était en plan compris, le deuxième homme de l'Etat ne jouit d'aucune crédibilité. Les citoyens ne sont pas tranquilles à l'idée de voir leur destin et celui de leur «révolution», laissé entre les mains de quelqu'un qui a soutenu pendant des années ce régime. Il n'est pas le seul, d'ailleurs. Même le gouvernement de Noureddine Bedoui, nommé par Bouteflika trois jours avant sa démission, est rejeté. Le slogan «Yetnahhaw Gaâ» (Qu'ils partent tous), n'est pas une simple phrase pour se défouler. Il reflète si besoin est, la détermination des algériens à déboulonner tous ceux qui veulent se recycler, et surfer sur la vague du mouvement du 22 février pour rester au pouvoir, voire revenir quelques mois après. Hélas, l'activation de ce processus constitutionnel bloque tout, même pour le gouvernement en fonction qui, selon l'article 104 de la Constitution, «ne peut être démis ou remanié jusqu'à l'entrée en fonction du nouveau Président de la République». «Yetnahhaw Gaâ» ! Bensalah ne disposant pas des mêmes prérogatives qu'un président, il ne pourra pas non plus dissoudre l'APN. D'où l'impasse à laquelle est confrontée l'Algérie, au lendemain de la démission du président de la république, après un règne sans partage durant 20 longues années. En instaurant un système politique quasiment présidentialiste, Bouteflika s'est entouré de gens qui, aujourd'hui, devraient partir avec lui. Face à cette situation, l'armée et son chef d'Etat-major se trouvent devant une responsabilité historique. Celle de redonner au peuple sa souveraineté, en application de l'article 7 de la Constitution. « Nous estimons qu'il n'y plus lieu de perdre davantage de temps, et qu'il faut appliquer immédiatement la solution constitutionnelle proposée, à savoir la mise en application des articles 7, 8 et 102, et entamer le processus garantissant la gestion des affaires de l'Etat dans le cadre de la légitimité constitutionnelle », a déclaré Gaïd Salah mardi, lors de la réunion de l'Etat-major de l'ANP. Redonner la parole au peuple suppose le respect de sa volonté dans un changement radical, avec le départ de tous les symboles du régime, Bensalah, Belaiz et Bedoui compris. Ce qui nous emmènera à la recherche d'une solution politique, qui proviendra d'un consensus entre l'armée et les têtes que dégagera le mouvement populaire, sachant que la classe politique est dans sa majorité discréditée aussi. En attendant les marches de ce 7e vendredi, où le peuple donnera sa réponse à la nouvelle donne, on est dans le Wait and see…