La présidence égyptienne a annoncé, mardi, la conclusion d'un accord lors du sommet consultatif sur le Soudan au Caire, prévoyant une période de transfert du pouvoir du Conseil militaire soudanais à un gouvernement civil de transition dans un délai de trois mois au lieu de 15 jours comme l'avait exigé l'Union africaine, appelant toutes les forces politiques du pays à "la préservation de l'unité et la stabilité du Soudan". Sous la houlette du chef de l'Etat égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l'UA, Le Caire a abrité mardi un sommet qui s'est focalisé sur la situation politique au Soudan avec la participation des présidents Idriss Déby (Tchad), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud). A ce propos, le porte-parole de la présidence égyptienne, l'ambassadeur Bassam Radhi, a déclaré à la presse que "la réunion consultative des partenaires régionaux du Soudan a permis d'obtenir des résultats positifs au bénéfice du peuple soudanais afin de préserver son unité, ses capacités et sa stabilité". Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait effectué récemment une visite au Soudan, au cours de laquelle il avait appelé les autorités du Conseil de transition soudanais à remettre le pouvoir à un gouvernement civil dans un délai de 15 jours. La décision annoncée par le président de la Commission de l'UA avait été adoptée, par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA, ordonnant au Conseil militaire de transition du Soudan de céder dans un délai de 15 jours le pouvoir à un gouvernement civil pour éviter la suspension de son adhésion à l'Organisation panafricaine. "Tout le monde cherche à préserver le Soudan et sa stabilité est la notre", a soutenu encore Bassam Radhi, précisant que les ministres des Affaires étrangères des pays ayant assisté à la réunion consultative sur le Soudan ont convenu de tenir une série de réunions pour coordonner et suivre l'évolution de la situation dans ce pays. Dans un discours prononcé à la fin des travaux, le président égyptien a annoncé que les dirigeants africains ont convenu de donner plus de temps au Conseil militaire soudanais pour mettre en œuvre les réformes démocratiques, avec l'aide et le soutien de l'UA. Les dirigeants africains ont souligné, à l'occasion, "la nécessité urgente d'aborder la situation au Soudan, de mettre en place un système démocratique global, de renforcer l'Etat de droit et de réaliser un développement efficace". Le Soudan traverse actuellement une phase de transition après le renversement de l'ancien président Omar el-Béchir à la suite d'un mouvement de contestation populaire. Un conseil militaire de transition a repris le gouvernement intérimaire sous la présidence du général Abdel Fattah al-Burhane. Le chef du Conseil a affirmé dimanche à la télévision son "engagement à remettre le pouvoir au peuple", et promis que l'armée répondrait dans la semaine aux demandes des manifestants. Mais ces déclarations n'ont pas rassuré les chefs de la contestation, qui ont accusé le Conseil militaire d'être "le prolongement" du régime d'Omar el-Béchir, et appelé à "intensifier" les manifestations.
Un train de manifestants arrive à Khartoum Un train plein de centaines de manifestants rejoignant le rassemblement devant le QG de l'armée pour réclamer au Conseil militaire de transition un transfert du pouvoir aux civils est arrivé mardi à Khartoum, selon des médias locaux. De nombreuses personnes sont arrivées sur les toits des wagons, agitant des drapeaux soudanais et scandant "Liberté, paix, justice". Une foule les attendait à la gare pour fêter ce renfort venu de la ville d'Atbara (centre) pour rejoindre le sit-in devant le siège de l'institution militaire en place depuis le 6 avril. L'armée a exigé à plusieurs reprises ces derniers jours que les barrages et check-points établis par les manifestants sur les axes menant à son QG soient levés, en affirmant qu'ils portaient atteinte à la liberté de circulation et au transport de "biens essentiels". Un Conseil militaire de transition a pris les commandes du pays après la destitution le 11 avril dernier du président Omar al-Bachir sous la pression de la rue. Le mouvement de protestation, qui a débuté en décembre après un triplement du prix du pain, s'est transformé au fil des semaines en manifestations pour exiger le départ d'al-Bachir, avant de réclamer la dissolution du Conseil militaire et un transfert du pouvoir aux civils. Plusieurs pays africains réunis mardi au Caire sous la houlette de l'Egypte ont plaidé pour que les parties soudanaises parviennent à une "transition pacifique" d'ici trois mois. L'Union africaine (UA) avait, le 15 avril dernier, exigé un transfert du pouvoir aux civils dans un délai de 15 jours, sous peine de suspendre le pays de l'organisation panafricaine.