La foule est toujours devant le QG de l'armée Les tensions se sont exacerbées après la suspension dimanche, par les dirigeants, de la contestation des discussions tenues ces derniers jours avec les militaires. Les nouveaux dirigeants militaires au Soudan ont sommé les manifestants de démanteler les barrages devant le QG de l'armée dans la capitale Khartoum, les tensions s'amplifiant après la suspension des discussions entre les deux camps. Craignant un dérapage, des dirigeants africains ont tenu hier, au Caire, un sommet autour de l'égyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l'Union africaine (UA), pour «discuter des moyens les plus appropriés pour (...) contribuer à la stabilité et la paix» au Soudan, selon la présidence égyptienne. Après la destitution le 11 avril par l'armée du président Omar el-Béchir sous la pression de la rue, les chefs de la contestation populaire et le Conseil militaire de transition qui a pris les commandes, campent sur leurs positions. Les premiers veulent un transfert immédiat du pouvoir à une autorité civile et les seconds refusent de le faire jusqu'à présent. Mobilisés à l'initiative des meneurs de la protestation, les manifestants, rassemblés jour et nuit devant le siège de l'armée depuis le 6 avril, ont promis «d'intensifier le mouvement» pour obtenir le transfert du pouvoir. Sur le lieu du sit-in, les Soudanais doivent passer par plusieurs points de contrôle pour accéder aux abords du QG militaire, avec une fouille corporelle et une vérification de sacs par d'autres manifestants. Le Conseil militaire a réclamé le démantèlement des barrages et la «réouverture immédiate des routes pour faciliter la circulation des trains et des autres moyens de transport». Mais des manifestants sont restés insensibles à ces injonctions. Les tensions se sont exacerbées après la suspension dimanche par les dirigeants de la contestation des discussions tenues ces derniers jours avec les militaires, faute de garanties suffisantes sur un transfert rapide du pouvoir. Le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane, a promis le même jour que l'armée répondrait dans la semaine aux demandes des manifestants. Mais ces déclarations ont été jugées trop vagues par les meneurs du mouvement qui ont accusé le Conseil d'être «le prolongement» du régime Béchir. S'adressant lundi à des journalistes, le porte-parole du Conseil a affirmé qu'»une proposition présentée par l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC, qui regroupe les principales formations de la contestation) était en cours d'examen, avec des idées d'autres forces politiques». Le Conseil «communiquera avec chacun pour parvenir à un terrain d'entente». L'Oumma, première formation de l'opposition, a accusé «des membres du Conseil militaire» de vouloir «recycler le régime renversé», et appelé à confier le pouvoir à l'ALC. Enfin, Aboubaker Moustafa, le nouveau chef du Service national de renseignement et de sécurité soudanais (NISS), a rencontré au Caire M. al-Sissi qui selon la présidence, a salué les «efforts du Conseil militaire dans la gestion de la situation» et souligné l'importance de «préserver les institutions de l'état». Le NISS avait été accusé d'avoir mené aux premiers mois de la contestation la répression contre les manifestants ayant fait plus de 60 morts et des centaines de blessés depuis le 19 décembre. Des milliers de personnes ont été emprisonnées.