Au lendemain du réveil spontané des Algériens à travers le mouvement citoyen pour exprimer leur ras-le-bol d'un pouvoir qui a trop duré , un constat et une conscience que personne ne met en cause, mais qui appelle à un changement radical et l'adoption de mesures d'urgence pour une véritable transition. Or déjà dix vendredis de contestations populaires pacifiques et on n'en prend pas le chemin. Les propositions de sortie de crise, les suggestions du Haut Commandement de l'ANP, les feuilles de route établies par les partis politiques, une fois de plus ressemblent à un catalogue que tout le monde lit mais n'en retient aucune leçon ,chacun va avec sa conclusion peut-être de bonnes intentions sans définir la voie à adopter pour arriver à la transition en question, réponse aux multiples défis de cette phase, relance propre de la démocratie ; à défaut d'apporter des réponses originales à la crise, tout ce qui est balancé comme solution a connu jusqu'ici un succès médiatique seulement que ses promoteurs qui ont paru prendre un malin plaisir à étaler leurs divergences de vues plutôt qu'une plateforme de sortie de crise consensuelle. Dans ce contexte plus délicat, le peuple dans ses revendications légitimes se donne comme priorité première le départ de tous les symboles du régime, le mouvement de la justice pour fouiner dans les dossiers de corruption et de détournements de deniers publics. Cette exigence est maintenue et défendue bec et ongles au dixième vendredi de la contestation populaire. Le mouvement citoyen toujours en mobilisation accrue semble vouloir dire aux décideurs du moment qu'il tient apparemment à figurer sur le " ticket " démocratique " de la transition et la prochaine élection présidentielle. Mais sait-on jamais, ces mêmes décideurs sont appelés à se montrer magnanimes. Nul doute qu'avec plus de persévérance, ils seront bien capables, ils savent qu'ils ont besoin de l'adhésion et de l'accompagnement du peuple pour la sortie de crise. L'arithmétique démocratique paraît plaider en ce sens : le mouvement citoyen se ralliera plus volontiers à la période de transition et à la suite politique si elle intervient telle que le demande le peuple…Dans le cas contraire, l'argument-clé de la contestation populaire, à savoir qu'il incarne le changement s'en trouverait dangereusement affaibli. Et puis , rien de tel pour que les divergences qui feraient fuir les citoyens vers d'autres issues incalculables… Le problème est que certaines parties semblent psychologiquement incapables de se contenter et de reconnaître le rôle du mouvement citoyen dans cette mauvaise passe que traverse le pays. Face à tous ces problèmes toujours sans solution, les nuages s'amoncellent chaque jour et aucune partie, aucun des acteurs politiques et sociaux ne semblent vouloir se donner la preuve de son engagement à une sortie de crise avec des solutions acceptables par tout le monde, élaborée par une conférence nationale. Attitudes psychologiques, paternalisme, improvisation, mais surtout incapacité à se mettre autour de la même table de dialogue et de concertation pour une stratégie globale et cohérente. Cela explique en grande partie la déroute du chemin d'apaisement de la crise à laquelle on peine toujours à trouver ne serait-ce qu'un petit couloir bien aéré. L'amplitude des divergences, des propositions de sortie de crise, la diversité des protagonistes et l'activisme frénétique de certains sonnent comme une illusion. Faute d'hommes politiques, de compétences et de réflexion , l'Algérie ne s'en sortira pas et ne se donnera pas les moyens démocratiques vers une nouvelle ère républicaine Au-delà du rituel des divergences politiques qui ont toujours régné comme obstacles à l'épanouissement clair du pays dans une vision à bâtir une démocratie authentique, le progrès économique et social, la justice sociale, la liberté, c'est l'heure d'oublier tous ces maux, réfléchir à la sortie de crise et de conjuguer les efforts afin d'œuvrer ensemble à l'atteinte des objectifs soulevés en toute légitimité par le mouvement citoyen depuis le 22 février dernier et qui ne cessent de s'élargir. ; Dans cette confusion qui semble savamment entretenue faute de consensus, il ne manque pas de personnes pour exprimer qu'à présent, il importe de trouver un bon et solide point de départ et de rechercher quelques lumières du côté du mouvement citoyen . Au-delà de toutes ces " réalités objectives " du moment il est une réalité profonde et constante : la mobilisation citoyenne, sa capacité, sa volonté inébranlable de tenir tête aux manœuvres, agitations, ni les machinations de toutes sortes d'entreprise n'ont réussi jusqu'ici à désarmer le mouvement citoyen. Toujours présent, toujours pacifique, toujours vivant pour affirmer sa confiance pour le changement radical du système. Une détermination et une confiance en soi dans une mobilisation prudente ô combien bouleversante dans sa signification et sa portée pour les apprentis sorciers, les moralistes de cette phase ! Un peuple maître de sa sagesse.
