La classe politique anesthésiée par ses contradictions internes, percluse à jamais, est restée sur la même position pour faire l'opposition pour l'opposition depuis le 22 février dernier début du " Hirak ". Une paralysie d'action par rapport à ce qui se passe dans le pays avec cette grave crise politique. Dans son camp partisan on cherche à jouer la carte de la récupération du mouvement citoyen. Chacun s'adonne à sa propre idée de sortie de crise. Des propositions qui diffèrent tout d'abord de la loi fondamentale du pays et des revendications populaires ne reposant sur aucune stratégie garantissant ni le périmètre du dialogue, ni le champ politique de la transition. Jusqu'à preuve du contraire l'issue de la crise politique actuelle est introuvable à tous les niveaux ; le chef de l'Etat, M. Abdelkader Bensalah n'est pas arrivé à convaincre tous les acteurs à s'attabler sur les difficultés politiques du pays. Tout est chambardé en raison de divergences sur le propre des contestations populaires, de l'utilité d'un chef d'Etat intérimaire, d'un gouvernement rejeté, de cette exigence populaire du départ de tous les symboles du régime, d'une opposition qui n'a rien à offrir sur le plan politique, en raison également de médiateurs crédibles entre le Hirak et les décideurs du moment ; à première vue, les idées et les conceptions des uns et des autres sont opposées quant à la sortie de crise. Le Haut Commandement de l'Armée et la présidence de la République restent fidèles à une approche pragmatique conduisant à une propre transition et à une élection présidentielle transparente et libre. Cela ne peut se valoir qu'à travers un dialogue, une concertation nationale de type classique sur des sujets définis. Pour les perspectives importantes de sortie de crise ou pour les nouveautés sorties des exigences du mouvement citoyen, c'est la Constitution qui a le dernier mot. C'est-à-dire que les décideurs du moment ne peuvent être contraints de s'engager à exécuter ce qu'ils n'entendent pas promettre en dehors du cadre constitutionnel. La règle de l'unanimité peut garantir qu'il en sera ainsi, sauf que les rares sujets d'importance pour lesquels il serait accepté d'y renoncer. Cela semble être l'engagement fort de l'ANP et de la présidence de la République. Le mouvement citoyen, qui combine de plus en plus les revendications politiques, démocratiques et l'indépendance de la justice ainsi que le départ des symboles du régime, reste cependant dépourvu de représentation structurée susceptible d'amorcer un dialogue-concertation avec les décideurs. Quoi qu'il en soit, ce handicap de leadership a été reconnu, mais cela n'a pas empêché le succès de cette force hétérogène dont les revendications sont légitimes selon le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah. C'est dire que la politisation accrue du mouvement citoyen pour le changement radical du système est prise en compte. Il y a lieu de rappeler qu'à travers les épreuves douloureuses qu'il a endurées, le peuple algérien a témoigné de sa capacité à définir sa propre ligne de conduite, c'est le cas aujourd'hui de la crise politique actuelle. Il ne demande que son droit à la parole politique et démocratique. Encore faut-il qu'acteurs et protagonistes déterminent les différentes étapes de sortie de crise, les mesures et les perspectives qui lui conviennent Par contre, la classe politique, n'est pas aujourd'hui disposée à contribuer à l'instauration de la transition même si elle a été appelée à composer et à diriger l'instance de gestion et d'organisation des élections présidentielles. L'opposition tient à profiter de cette mauvaise situation politique pour prendre le pouvoir à travers une cooptation avalisée par l'Armée et loin de la souveraineté populaire. Ce qui signifie pour nombre de chefs politiques que l'application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution ne leur conviennent pas politiquement parlant, cherchant une présidence collégiale. Une nouvelle aventure politique qui retarderait sans nul doute l'émergence de cette nouvelle ère républicaine réclamée par le peuple. Autant qu'on puisse comprendre, les propositions avancées par les partis politiques sont totalement rejetées par le mouvement citoyen qui n'en prend point ombrage. En effet, la classe politique en général n'a-t-elle pas, à diverses reprises en commun ou individuellement dans le cadre partisan, lancé des initiatives, des propositions et même des appels à la désobéissance civile et qui n'ont pas recueilli l'adhésion du peuple. Un champ politique qui se déchire, plus, il est rejeté par la société. Pour une large part, ce rejet populaire du politique partisan y compris des personnalités dites " nationales " est l'expression d'une exaspération spontanée. Il n'est donc pas de lui rechercher d'autres causes; il faut tirer les conclusions adéquates de cet état de fait, prendre sur soi et sur tous, de dénoncer vigoureusement et nettement toute tendance au substitutisme, ce fléau courant durant deux décennies, qui voudrait que l'on dicte au peuple algérien ce qu'il doit faire ici et là pour soutenir le régime.