Depuis le 22 février dernier, le temps politique en Algérie connaît une brusque accélération, une profonde crise, une séquence politique complexe, dont il est aujourd'hui encore très difficile de démêler l'écheveau. L'investiture de M. Abdelkader Bensalah, chef de l'Etat par intérim, semble bien avoir envenimé les choses et agrandi le fossé entre les revendications populaires pour un changement radical et les décideurs du moment. Vendredi, la mobilisation populaire s'est encore manifestée pour refuser tout ce qui émane du chef de l'Etat particulièrement les consultations qu'il a entamées jeudi dernier pour " le traitement de la situation politique " dans le pays. Les actions primaires lancées par le chef de l'Etat sont en train d'agrandir le fossé entre lui et le peuple qui, vendredi s'est montré plus exigeant et à un rythme cadencé pour exiger le départ des restes du pouvoir. Chaque vendredi en effet, des séquences plus directes sont de mise pour le changement total du système avec de nouvelles têtes, celles qui n'ont pas participé au pouvoir. Les manifestants n'ont pas abdiqué et maintiennent la pression pour le départ urgent du chef de l'Etat, du Premier ministre et de son gouvernement ; une condition sine qua non pour l'arrêt des manifestations et l'ouverture d'une phase de transition démocratique et transparente. Au neuvième vendredi de la contestation populaire, la situation commence à lasser. Et bien des vérités sont venues confronter la rue mouvante dans sa conviction que les décideurs du moment ont leur propre feuille de route de sortie de crise. La preuve, les manifestants de ce vendredi ont rejeté la démarche de consultation lancée par le chef de l'Etat avec la classe politique, les personnalités nationales et les représentants de la société civile. Mais s'il ne fait pas de doutes que les revendications populaires pour le changement du système et ses symboles finira par être avalisé par les décideurs du moment, notamment le Haut Commandement de l'ANP ; force aux Algériens de rejeter les opérations de replâtrage, force aux Algériens de refuser qu'ils soient représentés par une classe politique totalement décrédibilisée, inopérante sur le plan politique et démocratique , et dont les chefs ne représentent qu'eux-mêmes , car contrairement aux espoirs de changement et de démocratie nourris par la société algérienne, la classe politique dans son ensemble n'est pas encore venue joindre ses efforts pour faire aboutir les revendications populaires. Chaque formation politique est en train de faire valoir son propre plan de sortie de crise et dont le contenu est trop éloigné de ce que le peuple exige. ; le mouvement citoyen tient à maintenir son vouloir pressant pour une solution globale de la crise, un retour à la souveraineté du peuple, tel que prévu par la Constitution. Une solution qui non seulement défie les adversaires de la volonté populaire, mais écarte aussi l'éventualité du danger d'anarchie politique. Il faut bien à un moment ou à un autre, le pouvoir de décision actuel que prenne la détermination de mettre un terme à cette grave crise que traverse le pays, comment rétablir l'ordre dans cette Algérie, que nous voulons belle et prospère? Dans le climat présent, la relation entre le paysage politique-partisan, les décideurs actuels et le nouvel ordre politique et démocratique exigé par le mouvement citoyen est pleine de contractions explosives qui pèsent sur la véritable solution de sortie de crise et même sur l'avenir du pays. L'essentiel n'est-il pas d'aplanir ces contradictions ? Que d'aucuns se mettent à la page avec les revendications du peuple. N'est-il pas aussi d'écarter, la perspective sociopolitique et économique vers laquelle le pays risque de balancer et aux conséquences incalculables, si les égoïsmes granitiques de certains obscurcissent la volonté volontaire au point de dicter un chemin suicidaire ? Une tentative de désordre préjudiciable aux intérêts de la nation et qui donne l'occasion aux adversaires du mouvement citoyen de tirer parti et de le récupérer à des profits douteux. En d'autres termes il est indispensable de pérenniser les conditions de la stabilité politique, économique et sociale du pays que d'autres considérations. D'ou la volonté et l'effort que tout le monde se rassemble pour créer la force du changement, c'est à dire que ce changement ne dépend pas seulement des attentes du peuple mais exige un minimum de bonne volonté mutuelle de la collectivité nationale et d'agir dans le cadre des intérêts de la Patrie pour témoigner à la face du monde, devenu de plus en plus sceptique et cynique, la détermination du peuple algérien à atteindre son objectif final qui est celui d'abolir à jamais le système politique actuel, en vue d'instaurer un ordre politique nouveau ;C'est dire que dans le climat politique actuel assez flou et sans perspective fluide, la stérilité du champ politique en général ,l'arbitrage du peuple s'est révélé le mieux indiqué pour la fin de cette crise. Il faut vite se mettre à la période de transition dans la mesure où les protagonistes du moment prétendent faire dépendre l'avenir politique du pays d'une multitude de propositions qui ne se ressemblent nullement sous prétexte d'un équilibre problématique et où le pays risque d'avaliser le statu quo politique, ce qui à l'évidence est contraire à l'objectif primordial du mouvement citoyens. En d'autres termes, pour rester fidèles aux revendications populaires et renforcer la cohésion politique qui doit exister, tout un chacun à le devoir impérieux de refuser que le mouvement citoyen ne soit considéré que comme une force d'appoint dont certains politiques rechercheraient les faveurs au gré de leurs seuls intérêts.