L'ONU a averti mercredi que l'insécurité et les attaques armées dans la région du Sahel ont atteint des niveaux sans précédent, appelant à augmenter l'aide humanitaire aux millions de personnes affectées par la propagation de la violence. Depuis 2018, le nombre d'incidents violents dans la région a atteint des niveaux deux à quatre fois plus élevés que le pic enregistré durant la crise malienne de 2013, selon un bilan présenté par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Au total 159 incidents violents ont été enregistrés en avril seulement, faisant plus de 300 morts, précise OCHA, relevant que la crise touche des familles extrêmement vulnérables. Les besoins au Sahel sont chroniquement élevés et les communautés luttent encore pour se remettre de l'impact de la sècheresse aiguë qui a frappé la région l'année dernière. En un an seulement, les déplacements internes ont quintuplé, forçant plus de 330.000 personnes à quitter leur foyer, et plus de 100.000 personnes à se réfugier dans un pays voisin. La violence a gravement touché le secteur de l'éducation et les services de santé. Dans toute la région, plus de 1.800 écoles ont fermé leurs portes, certaines pendant plus de trois années consécutives et plus de 80 centres de santé sont fermés ou partiellement opérationnels. En 2019, 5,1 millions de personnes au Burkina Faso, au Mali et dans les régions occidentales de Tahoua et Tillaberi au Niger, ont besoin d'aide humanitaire. Les Nations unies et leurs partenaires ont lancé un appel de 600 millions de dollars pour venir en aide aux 3,7 millions de personnes les plus durement touchées. Un quart de l'année s'est déjà écoulée et le financement moyen n'est toujours que de 19%. "Nous devons agir maintenant et vite. Et nous devons aussi agir sur le long terme", souligne Fatou Bintou Djibo, Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies au Niger. "Des efforts de secours soutenus, ainsi qu'un développement économique et social sont essentiels. Au Sahel, la violence est aussi enracinée dans un sentiment de marginalisation et de privation des droits", précise la responsable onusienne.