Pour l'heure, le cours des événements présente un danger pour la propre cohésion nationale. La situation de crise peut encore durer. Elle durera sûrement longtemps, dans la mesure où il est peu probable qu'on trouve une solution consensuelle à la crise du moment.
Le chef de l'Etat, M. Abdelkader Bensalah tout comme le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, tous deux développent le même discours apaisant mais jusqu'ici ce discours ne convainc pas la classe politique et le mouvement populaire. On l'a bien vu en ce vendredi XVI. Alors que le chef de l'Etat a appelé jeudi dans un message adressé à la Nation, " toutes les parties concernées à participer au processus consensuel et à faire prévaloir la sagesse et l'intérêt du peuple, tant dans leurs débats que dans leurs revendications. De même que je les exhorte à saisir cette nouvelle opportunité pour s'impliquer pleinement dans la concertation que nous prônons aujourd'hui plus que jamais ", les espoirs mis dans l'instauration de ce dialogue se sont révélés vains. La preuve, les manifestants du vendredi ont rejeté en bloc les propositions annoncées et exigent encore le départ de toutes les figures du défunt régime. C'est aussi ce qu'exige l'opposition pour se mettre à la table des négociations de sortie de crise mais persiste à vouloir une période de transition qu'elle gérera sans la présence des institutions de l'Etat. Autant dire que les politiques refusent le temps d'apaisement. Le rejet par l'opposition et par les manifestant de dialoguer avec l'actuel chef d'Etat, qui a pourtant appelé à apaiser les esprits pour le bien et l'intérêt de la Nation, ne laisse aucune possibilité à la mise en place de ce dialogue, ni encore aux préparatifs politiques de l'élection présidentielle. Pourquoi ce rejet, cet acharnement ? Les causes sont multiples, dont certaines, et non des moindres, sont à rechercher dans la situation politico-organique des formations politiques où les choses se révèlent de plus en plus secouées par les rivalités internes. D'autres sont tout aussi importantes et déterminent en fait la poursuite de la crise. Elles prennent leurs sources dans le jeu de certains politiques et personnalités nationales qui semblent tirer profit de cette crise tout en mettant un rideau sur la recherche de la solution à la crise. Les luttes qui ne manqueraient pas de s'ensuivre devront entraîner une remontée de certains courants radicaux nostalgiques du statu-quo sous-jacent surtout dans les milieux de l'intégrisme politique. Des milieux qui tiennent compte du fait que l'anti-Etat clamé par les manifestants est un atout non négligeable du jeu complexe qui se déroule à la faveur de cette crise politique et qui pourrait leur être bénéfique. A preuve les slogans répétés en ce vendredi. Des milieux politiques qui tirent également profit du fait que la solution à la crise s'épuise. Dans le contexte politique actuel, il est souhaitable que de nouvelles mesures viennent au secours d'une véritable dissuasion et persuasion pouvant avoir des incidences positives sur l'échange des débats politiques. Il en résulte que, soucieux d'assurer au pays une sortie de crise adéquate, le Haut commandement de l'ANP tient absolument à sauvegarder ses positions et ses engagements à accompagner le peuple dans ses revendications mais aussi à faire valoir la stabilité des institutions de l'Etat, ne manquera pas dans les prochaines heures à clarifier la situation actuelle. De nouvelles possibilités de rapprochement avec la classe politique, les personnalités et la société civile ne sont pas à exclure si les choses continuent d'aller dans le sens contraire d'un consensus national. En effet, il faut voir les choses en face : l'arme du dialogue inclusif constitue un moyen d'apaisement dont on n'a peut-être pas encore mesuré toute la puissance et l'impact positif sur la crise actuelle. Le dialogue place en fait tout un chacun devant ses responsabilités : ou bien accepter d'aller ensemble vers la sortie de crise et s'arranger pour les mécanismes à mettre en place, ou bien vouloir s'enfoncer dans une crise politique aux conséquences économiques, sociales et politiques incalculables. Le temps n'est plus aux pressions politiciennes et manœuvres de coulisses et qui peuvent sans cesse repousser la solution des problèmes liés à la crise présente. Il n'est plus question, cette fois alors que la crise persiste, d'atermoiements, ni d'imaginer qu'il sera possible de sortir de cette impasse grave sans qu'un véritable dialogue règne. Il est clair dans ces conditions, qu'il faudra une bonne dose de bonne foi, de sagesse et d'intelligence politique afin que personne ne se dérobe à ses responsabilités nationales les plus élémentaires pour faire dans la vertu du dialogue à la sortie de crise. Arme de dissuasion ?. Le dialogue 'est évidemment quand il y a va de la sécurité et de l'avenir de la Nation. Il ne faut pas, cependant, oublier que le dialogue est aussi un moyen de persuasion inestimable, à utiliser en temps de crise ou d'aisance socio-politique.