Le mouvement citoyen, parce qu'expression authentique des aspirations populaires pour le changement, la démocratie et le bien-être, a pu, depuis le 22 février dernier se mettre en évidence à travers une présence accrue, pacifique sur la scène nationale, résolument engagée et civilisationelle en faveur d'une transformation radicale du système politique en vigueur en Algérie depuis plus d'un quart de siècle. Dans ce contexte de grave crise politique et pour la première fois en effet que les manifestations se déroulent dans des conditions normales loin de tout fait de violence ou d'affrontement avec les forces de l'ordre. Ces conditions favorables, en permettant une mobilisation contagieuse de l'ensemble des franges de la société loin de toute tutelle politique partisane sont aujourd'hui à la base de cette forte solidarité et de la communion nationale. Une large adhésion qui signifie que l'étape qui commence pour la concrétisation du changement est décisive car elle devra permettre au pays d'avoir la capacité de faire face, dans les meilleures couloirs possibles, aux exigences de la nouvelle République qui sera marquée sans nul doute par des mutations profondes sur tous les plans, tous les secteurs. La nature de cette étape exige donc que les solutions à la crise, les décisions et les orientations y afférentes qui s'inscrivent dans le cadre de la satisfaction des revendications légitimes du peuple et l'élargissement de sa participation démocratique, prennent appui sur une analyse rigoureuse et une évaluation objective de la crise en question. Cette démarche doit être la preuve de la maturité de l'ensemble de la collectivité nationale sans exception aucune et de toutes les forces vives de la nation, et permettra d'apporter également les aménagements et les améliorations nécessaires aux solutions de la crise. Au terme de treize vendredis de marches populaires encore plus sages et disciplinées exigeant de mettre en place les premières marches du changement, il est toutefois relevé des distorsions qui se font jour pour tenter d'introduire des déséquilibres et des rigidités dans le processus de résolution. Un semblant de doute est jeté. En effet, jusqu'ici aucun résultat appréciable n'a été atteint, exception de l'ouverture des grands dossiers de corruption et de détournements de deniers publics. Le citoyen a l'impression de sentir que quelque part on hésite à identifier et à situer ces déséquilibres et ses rigidités et qui peuvent mettre en relief le danger de leur persistance. La preuve, l'une des principales exigences renouvelées en ce ''vendredi 13'' porte sur le départ des symboles et des racines de l'ex-pouvoir, le NON à l'élection présidentielle prévue le 4 juillet prochain, le jugement sans exception des corrompus et des prédateurs de l'économie nationale. Ces exigences populaires à défaut d'être une solution en soi à la crise actuelle, peuvent constituer l'une des réflexions les plus intéressantes pour l'apaisement ou le rapprochement des idées et par ricochet la base d'une volonté commune du changement politique et du système appelé depuis le 22 février par le peuple. C'est ainsi que, dans l'intérêt suprême du pays, de nouvelles initiatives s'imposent tout d'abord, pour rétablir la confiance, faire jouer à plein l'ensemble des acteurs politiques et sociaux un rôle solidaire pour le succès de l'étape actuelle, satisfaire dans les meilleures conditions de stabilité politique aux revendications légitimes du peuple et l'utilisation prioritaire de ce que prévoit la Constitution en pareille situation politique délicate. A beaucoup d'égards, il s'agit d'un processus qui semble bien arriéré par rapport à la réalité des exigences de solutions à la crise. Les actions engagées jusqu'à présent n'ont pas supprimé les faiblesses et les faits politiques qui, malgré l'appel au dialogue lancé par le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah et le chef de l'Etat, M. Abdelkader Bensalah, c'est tout le champ politique qui n'arrive pas à semer les graines essentielles et les impératifs sains à trouver ensemble ne serait-ce que les fentes d'un début de dialogue. Limitée par les aléas politiciens, les déperditions en ancrage dans la société, concurrencée par des divisions souvent internes, de divers titres de rivalités et de contradictions, soumise à un environnement politique fluctuant et contraignant, la classe politique nationale se présente à tous comme un champ politique inculte et en crise lui aussi. Le bas niveau politique est dû essentiellement à une valorisation insuffisante de la proximité avec la société et qui est inappropriée à l'acte politique qui devrait valoir, soit une faiblesse des activités de " bonification " du climat sociopolitique conséquence souvent de l'érosion de l'intelligence et de la compétence politique. A tous ces facteurs défavorables, celui d'une recherche politique consensuelle de sortie de crise, l'absence d'une entente nationale cohérente pour aller ensemble vers une élection présidentielle régulière et transparente, d'une façon générale et malgré les ambitions politiques des décideurs du moment à travers les solutions proposées et d'aller vers l'élection d'un nouveau président de la République conformément à la loi fondamentale du pays, le milieu politique et social reste ''sous-équipé '' et en retard par rapport aux revendications légitimes du peuple, ce qui semble accentuer l'idée du report du scrutin présidentiel à une date ultérieur. C'est ce report que le mouvement citoyen exige et rien d'autre ont exprimé les clameurs, les banderoles et les pancartes de la foule ce vendredi à travers toutes les régions du pays où les citoyens sont sortis en masse. Cela explique que le mouvement populaire persiste à voir se déclencher une progression raisonnée vers un processus, un embryon d'union politique autour de ces revendications légitimes. Les manifestants de ce ''vendredi 13'' ont également reproché aux décideurs politiques du moment de perdre du terrain, du temps dans la recherche de la vraie solution à la crise actuelle. Une solution plus dynamique et plus acceptable, capable d'une stabilité durable, accompagnée d'une amélioration des pistes politiques qui restent jusqu'à présent impraticables.