L'entrée en vigueur de l'accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) devrait être bien saisie par les opérateurs économiques nationaux afin de conquérir le marché africain. C'est une évidence que le ministre du Commerce, Said Djellab a bien confirmé. D'ailleurs, au passage, il est très important de rappeler que l'Algérie avait ratifié l'accord instituant la ZLECAF à Kigali (Rwanda) en 2018, le ministre a précisé que cet accord est entré en vigueur le 30 mai 2019 et regroupe 24 pays sur les 55 pays africains. Le ministre du secteur estime, à juste titre, que ce "grand marché" africain de 1,2 milliard de consommateurs actuellement et d'environ 2,5 milliards à l'horizon 2050 est "très important pour l'Algérie", avant d'ajouter que " d'ici les cinq (05) prochaines années, 90 % des produits circulant sur le marché africain seront concernés par les avantages fiscaux qu'offre la ZLECAF. ". L'Algérie, a-t-il poursuivi, est parmi les pays africains "les mieux positionnés" pour conquérir le marché africain avec sa stratégie d'industrialisation et ses potentiels économiques, dans ce sens, il a appelé les opérateurs nationaux "à saisir cette opportunité de la ZLECAf et se préparer dès maintenant à la concurrence". Saisissant l'occasion d'être présent à la conférence-débat intitulée "La stratégie nationale d'exportation et le marché africain : perspectives de la ZLECAF", organisée en marge de la 52ème édition de la Foire internationale d'Alger (FIA-2019), le ministre indique que l'entrée en vigueur de l'accord est une "opportunité importante" en faveur des opérateurs économiques nationaux afin d'investir le marché africain.
Prochaines négociations en juillet D'autre part, le ministre du Commerce, M. Saïd Djellab a tenu à préciser que les résultats des négociations en relation avec les règles d'origine et l'accès au marché des marchandises seront présentés lors du prochain Sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de Gouvernement africains prévu à Niamey (Niger) le 7 juillet 2019. Il a tenu à mettre en exergue la nécessité d'augmenter le taux d'intégration national pour pouvoir bénéficier de tous les avantages de la ZLECAF. "Il nous faudra au moins un taux d'intégration de 30 à 50 % pour que le produit soit Algérien et avoir la possibilité de le commercialiser dans la ZLECAF. Donc, nous devons obligatoirement augmenter ce taux", a-t-il insisté.
Quelques chiffres Soulignant que les échanges entre les pays africains ne dépassent pas les 16% contre 60 % en Europe ou en Amérique du Nord, le ministre a expliqué que la ZLECAf devra augmenter ces échanges grâce aux avantages fiscaux qu'elle offre, car les taxes devraient reculer à 24 % pour les produits taxés à 30 %, à 11 % pour ceux de 15 % et à 3,5 % pour ceux de 5 %. Ajoutant que le marché africain est plutôt investi par la Chine, l'Inde, l'UE, et les Etats-Unis, M.Djellab a précisé que la ZLECAf donnera l'avantage aux pays africains dans les échanges commerciaux d'où la nécessité pour l'Algérie "de se placer dans une bonne position et faire valoir son "énorme" potentiel en matière de production et d'exportation. Il a, en outre, affirmé que l'adhésion des opérateurs algériens est "totale" sur la nécessité de conquérir le marché africain dans le cadre de la ZLECAf, en relevant qu'une commission interministérielle a été chargée de réunir les représentants des operateurs de plusieurs filières pour identifier les produits susceptibles d'être exportés. Pour sa part, le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Bouchlaghem, a indiqué que les échanges commerciaux avec les pays du continent restent marginaux et dominés par le commerce intra-pays arabes. Révélant que les échanges avec les pays africains avaient atteint 2,2 milliards de dollars en 2018, M. Bouchlaghem a précisé que 80 % des importations algériennes et 90 % des exportations sont réalisées avec les pays de l'Afrique du Nord. Le marché africain représente plus de 1,2 milliard de personnes (estimation de 2,5 milliards en 2050), 2,5 milliards de dollars de produit intérieur brut combiné, et un potentiel commercial estimé à plus de 3.000 milliards de dollars, selon lui. Il a, toutefois, souligné qu'actuellement, le commerce intra-africain ne représente que 16% du commerce total du continent, contre 60% en Europe ou en Amérique du Nord.
De la logistique Evoquant le cas de la logistique, le ministre a indiqué que la position géographique de l'Algérie est également un avantage à saisir, soulignant que la wilaya de Tamanrasset peut devenir un port pour les exportations algériennes vers plusieurs pays limitrophes et aussi pour la pénétration d'autres pays africains. Il a, à cet effet, invité les opérateurs algériens à s'installer et investir dans la logistique et le transport dans cette wilaya, seuls ou en partenariat avec des operateurs étrangers.
Plus d'opportunités pour les opérateurs économiques algériens De son côté, le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Bouchlaghem a déclaré que "Nous nous sommes réunis avec des opérateurs économiques algériens pour débattre sur la ZLECAF et nous avons constaté qu'elle présente plus d'opportunités que de risques pour les opérateurs algériens". M. Bouchlaghem ajoute que les représentants de plusieurs filières économiques, avaient souligné "l'importance de cet espace continental pour l'expansion de leurs activités et la contribution à la promotion des exportations hors hydrocarbures". Le même responsable a révélé, par ailleurs, que le ministère du Commerce effectuera prochainement une tournée dans plusieurs pays africains à laquelle prendront part des opérateurs économiques nationaux afin d'identifier les opportunités d'exportation des produits algériens sur le marché africain.
Stratégie d'exportations Le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, indique que la conquête du marché africain fait également partie des objectifs de la Stratégie nationale d'exportation (SNE). S'agissant des objectifs de la SNE, M. Bouchlaghem a indiqué qu'elle vise à diversifier l'économie et les exportations algériennes pour en renforcer la résilience et la durabilité, ainsi que l'amélioration du climat des affaires pour attirer l'investissement, renforcer la compétitivité des entreprises et les aider à intégrer les chaînes de valeurs mondiales. La SNE, selon lui, aspire aussi à renforcer les capacités et la qualité de production et de gestion des entreprises orientées vers l'export, et aussi favoriser un commerce extérieur dans le cadre du développement durable et inclusif. Et dans ce même ordre d'idées, il faut rappeler que 4 consultations nationales ont été tenues et qui avaient permis d'identifier 08 secteurs ayant un potentiel à l'export, dont 4 comme secteurs pilotes à savoir : les produits pharmaceutiques, technologies de l'information et la communication, produits alimentaires et agricoles, ainsi que les équipements de transport (composants automobile). Les autres secteurs également identifiés sont : les produits de la pétrochimie, les matériaux de construction, les cuirs et textiles, ainsi que le tourisme.
Des objectifs M. Bouchlaghem a affirmé, par ailleurs, que les cibles à viser pour les exportations algériennes hors hydrocarbures sont : atteindre 7 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures comme potentiel à moyen terme, étoffer l'offre exportable d'au moins 20 produits qui n'ont jamais été exportés et la pénétration de 15 nouveaux marchés, dont 5 en Afrique subsaharienne. Ainsi, en matière d'accès aux marchés des marchandises, l'accord de la ZLECAF prévoit une élimination progressive des droits de douane sur le commerce intra-africain afin de dynamiser les échanges a-t-il expliqué, ajoutant que les résultats des négociations en relation avec les règles d'origine et l'accès au marché des marchandises seront présentés lors du prochain Sommet extraordinaires des chefs d'Etat et de Gouvernement africains prévu à Niamey (Niger) le 7 juillet 2019. Pour rappel, cette conférence-débat rentre dans le cadre d'un programme d'animation appelé "Les après-midi de la FIA", organisé à l'occasion du déroulement de la FIA-2019. Ce programme, sous forme de conférence-débat portant sur différentes thématiques économiques animé par des experts nationaux et étrangers, s'est déroulé durant les journées du 19, du 20 et du 22 juin. Le coup d'envoi de la FIA-2019 a été donné mardi dernier par le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah avec la participation de plus de 500 exposants nationaux et étrangers, issus de plus de 15 pays. Placée sous le thème "Algérie: diversification économique et opportunités de partenariat en perspective", la FIA-2019 s'est étalée du 18 juin à hier, 23 juin courant.