L'Algérie ne peut plus se contenter de n'être qu'un simple marché pour les concessionnaires automobile. Le ton a été donné, hier, par le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, qui participait aux travaux de l'assemblée générale de l'Union professionnelle de l'industrie automobile. C'est donc à partir du siège de la Société nationale des véhicules industriels à Rouiba que le ministre a réaffirmé la volonté des pouvoirs publics à jeter les bases d'une industrie automobile performante. Le ministre a estimé que, jusqu'à maintenant, aucun constructeur n'a manifesté de réel intérêt pour l'implantation d'une usine en Algérie laissant ainsi le champ libre aux concessionnaires. Aussi, a-t-il estimé, qu'il serait plus judicieux d'encourager les équipementiers automobiles et les inciter à venir s'installer en Algérie au lieu d'encourager les concessionnaires et, par ricochet, l'importation. Expliquant la nouvelle orientation de l'économie algérienne laquelle se base sur la mise à niveau des entreprises et le redéploiement du secteur public, le ministre a estimé que l'Algérie ne peut plus se contenter d'usine de montage pour booster la filière, mais doit faire émerger une industrie automobile performante. Pour ce faire, le ministre a demandé l'Union professionnelle de l'industrie automobile d'établir un bilan du secteur, lequel bilan contribuera à donner une certaine visibilité qui permettra de situer l'aide de l'Etat et fera connaître les défaillances du secteur. Il insistera sur la nécessité d'aider les équipementiers automobiles à s'installer en Algérie en tant que constructeurs, notamment en leur assurant la disponibilité de la matière première. Cette position reflète bien la prise de conscience des pouvoirs publics par rapport au fait que jusqu'à présent de nombreux constructeurs, notamment français, aient préféré nos voisins pour délocaliser leur production malgré les engagements pris dans les plus hautes sphères des Etats. Le cas de Renault est édifiant. Le choix de la firme française d'installer son usine pour le montage des véhicules dans le territoire marocain au détriment du marché algérien, a relancé le débat sur les paramètres d'orientation des flux d'IDE (investissements directs étrangers), dans tous les pays de la rive sud de la Méditerranée. Renault a opté pour le Maroc pour la localisation de sa première usine de montage d'Afrique du Nord et ce, au moment où l'Algérie a exprimé un fort intérêt pour le projet, eu égard aux potentialités que renferme le marché national de l'automobile, avec les fortes opportunités d'investissement qu'il présente et la consommation locale qui est également élevée. Il faut dire que la vente à tempérament de véhicules neufs connaît un essor spectaculaire depuis son lancement en 2001, en raison notamment des conditions, de plus en plus incitatives, proposées aujourd'hui par les banques. Le phénomène se confirme à travers l'affluence du public au niveau des banques publiques, privées ou étrangères présentes à l'actuel salon de l'automobile d'Alger. La majorité des citoyens, à défaut de pouvoir payer cash une voiture neuve, se rabattent de plus en plus sur la formule "facilité de paiement". Les banques rivalisent pour attirer les clients et les formules alléchantes foisonnent -concurrence oblige- au grand bonheur des consommateurs lesquels, après la pénurie, ne savent plus maintenant où donner de la tête: dépôt initial de 20 % du prix d'achat, parfois même de 10%, paiement étalé sur 60 échéances, des remises exceptionnelles à l'occasion des fins d'années, durant le salon de l'automobile ou de la sortie de nouveaux modèles. En 2007, près de 200.000 véhicules neufs ont été mis en circulation selon l'ONS, dont une bonne partie par le biais de la formule crédit automobile. Beaucoup ne manquent pas de relever, sans doute à juste titre, que la plupart des voitures neuves en circulation ne sont pas encore totalement payées.