La décision du Premier ministre britannique Boris Johnson de limiter la durée de la session parlementaire avant la date prévue pour le Brexit constitue un coup d'Etat contre le Parlement, a déclaré la porte-parole du Parti travailliste pour les Affaires intérieures. La rentrée parlementaire, qui s'annonce houleuse, est prévue pour mardi. Le Premier ministre a demandé à la reine Elizabeth II de suspendre le Parlement la semaine suivante, après les débats du 9 septembre, et jusqu'au 14 octobre. La session parlementaire reprendrait alors avec le traditionnel discours de la Reine, dans lequel elle expose le programme de son gouvernement. Mais pour la porte-parole du Parti travailliste pour les Affaires intérieures, cette décision de Boris Johnson de limiter la durée de la session parlementaire avant la date prévue pour le Brexit constitue un "coup d'État contre le Parlement", a-t-elle déclaré. Pour sa part, l'ancien Premier ministre conservateur britannique John Major a annoncé vendredi qu'il souhaitait participer à la procédure de contestation en justice de la décision prise par Boris Johnson de suspendre le Parlement britannique pendant cinq semaines pour parvenir à ses fins sur le Brexit. John Major a proposé de s'associer au recours en justice déposé par la femme d'affaires Gina Miller, opposante à la sortie de l'Union européenne, qui avait obtenu en 2017 de la Cour Suprême que le Parlement soit consulté sur le Brexit. "Compte tenu de l'imminence de la 'prorogation' (suspension du Parlement) - et afin d'éviter tout double-emploi et de faire perdre son temps à la Cour - je vais demander à la Cour la permission d'intervenir dans le cadre du recours déjà déposé par Gina Miller", a expliqué l'ancien Premier ministre, qui a dirigé le Royaume-Uni de 1990 à 1997. Boris Johnson a justifié sa décision de suspendre le Parlement de mi-septembre à mi-octobre par la nécessité de renégocier sereinement l'Accord de Brexit conclu avec Bruxelles, provoquant l'indignation de ses adversaires et une grave crise politico-constitutionnelle. Le Premier ministre a promis que le Royaume-Uni sortirait de l'Union européenne au plus tard le 31 octobre, avec ou sans accord.
La réduction des débats, coup dur pour les anti-Brexit En clair, Boris Johnson annoncera son nouveau programme législatif le 14 octobre, ce qui revient mettre le Parlement hors session à partir de la mi-septembre et réduirait à un peu plus de 15 jours le temps qu'auront les députés à partir du 14 octobre pour tenter de bloquer un Brexit sans accord. La date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne est prévue pour le 31 octobre et le successeur eurosceptique de Theresa May a fait savoir qu'il respecterait cette date, avec ou sans accord ("no deal") de sortie avec l'UE. "Boris Johnson vise un coup d'État contre le Parlement. Contre vous, les électeurs, et contre vos représentants politiques. Pour un "no deal" désastreux", a déclaré Diane Abbott dans un tweet. La rébellion touche même les rangs conservateurs: le président de la Chambre des communes, le conservateur John Bercow, a ainsi parlé d'"un affront à la Constitution". Evidemment, le Parti unioniste démocrate (DUP) nord-irlandais, qui soutient le Premier ministre, s'est en revanche félicité de la décision de Boris Johnson.
Chute de la livre sterling Cette suspension jusqu'au 14 octobre, à deux semaines de la date prévue du Brexit (le 31 octobre) fait hurler l'opposition, et les déclarations du gouvernement britannique l'assure, qui jure que n'est pas pour empêcher l'opposition de faire capoter son plan pour le Brexit n'ont pas convaincu du contraire. Johnson avait ainsi assuré dans une déclaration à la télévision Sky: "Les députés auront amplement le temps de débattre." Ce n'est pas ce qui a fait remonter la livre qui avait chuté à cette annonce ni calmé l'opposition qui fustige ici une manoeuvre pour empêcher les députés de stopper un Brexit sans accord le 31 octobre.
Un "No deal" mettrait le pays à la merci de Trump, selon Corbyn Le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn a fait savoir qu'il ferait tout son possible pour empêcher un Brexit sans accord. Une telle éventualité, a-t-il dit, mettrait le Royaume-Uni à la merci du président Donald Trump et des entreprises américaines. Boris Johnson a fait savoir que le Royaume-Uni quitterait l'UE le 31 octobre, avec ou sans accord.
Corbyn est en train de réussir à unifier l'opposition Les partis d'opposition ont d'ailleurs annoncé mardi un accord de coopération en vue de prévenir un "no deal", après des discussions entre Jeremy Corbyn, le Parti national écossais (SNP), les libéraux-démocrates, le Parti Vert et le Groupe indépendant pour le changement.
Empêcher un "no deal" aux Communes L'opposition travailliste britannique a annoncé jeudi qu'elle déclencherait un débat en urgence la semaine prochaine au Parlement pour tenter d'empêcher le Premier ministre Boris Johnson de faire sortir la Grande-Bretagne de l'Union européenne sans accord de retrait. Plus de trois ans après la décision des électeurs britanniques de quitter l'UE, le Royaume-Uni est plus que jamais déchiré sur la façon d'organiser ce Brexit désormais prévu le 31 octobre - avec ou sans accord conclu avec l'UE. Boris Johnson a suscité un tollé mercredi en annonçant une réduction de la session parlementaire, diminuant ainsi le temps laissé aux députés pour éventuellement empêcher un Brexit sans accord. Plus d'un million de personnes ont signé en moins de 24 heures une pétition dénonçant l'initiative du Premier ministre et plusieurs manifestations ont été organisées à Londres et d'autres grandes villes du pays aux cris de "Honte" ou de "Stop au coup d'Etat". Le président de la chambre basse du Parlement, John Bercow, a parlé d'"un outrage à la Constitution". Jeudi, le dirigeant du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a déclaré que son parti entamerait un processus visant à légiférer contre un Brexit sans accord qui, selon lui, serait préjudiciable aux emplois et à l'économie. "Ce que nous allons faire, c'est essayer de l'arrêter politiquement (Boris Johnson) mardi en utilisant la procédure parlementaire pour légiférer et empêcher un Brexit sans accord et aussi pour tenter de l'empêcher de mettre le Parlement sous clé dans cette période absolument cruciale", a déclaré Jeremy Corbyn à la presse. "Sans accord, ce pays risque de s'effondrer le 31 octobre", a-t-il déclaré. "Nous devons arrêter cela et c'est exactement ce que nous allons faire mardi prochain."
"Changer de gouvernement" Il y a une petite majorité contre un Brexit sans accord à la Chambre des communes, qui compte 650 sièges. On ne sait toutefois pas si les opposants de Boris Johnson au sein du Parti conservateur au pouvoir iraient jusqu'à faire chuter son gouvernement par une motion de censure. Selon certains économistes, un Brexit sans accord serait très dommageable pour l'économie britannique. L'Accord de retrait, négocié en novembre dernier avec l'Union européenne par Theresa May, la précédente chef du gouvernement britannique, a été rejeté par trois fois par le Parlement britannique. Boris Johnson a déclaré qu'il voulait une nouvelle mouture de cet accord de divorce négocié avec l'UE, tout en promettant que le Brexit aurait lieu le 31 octobre, avec ou sans accord de retrait. Andrea Leadsom, ancienne ministre des Relations avec le Parlement, a justifié la mise en congés forcés du Parlement, en déclarant qu'elle permettrait au gouvernement de mettre en route son programme tout en s'assurant qu'il y ait toujours "beaucoup de temps pour débattre du Brexit". "En effet, nous espérons être en mesure de débattre d'un nouveau projet de loi sur l'Accord de retrait", a-t-elle dit à la presse. Balayant les critiques, le successeur d'Andrea Leadsom au poste de ministre des Relations avec le Parlement, l'eurosceptique Jacob Rees-Mogg, a mis au défi les députés opposés à un Brexit d'agir s'ils veulent empêcher le Royaume-Uni de quitter l'Union européenne le 31 octobre. "Tous ces gens qui pleurnichent ou grincent des dents savent qu'il y a deux moyens de parvenir à leurs fins", a-t-il dit sur les ondes de la BBC. "Le premier est de changer de gouvernement et le deuxième est de changer la loi. S'ils n'ont pas le courage ou le cran de faire l'un ou l'autre, alors, nous partirons le 31 octobre conformément au résultat du référendum (de juin 2016)."
Intensifier les discussions avec Bruxelles Les négociateurs du Royaume-Uni vont organiser des réunions bi-hebdomadaires avec des représentants de l'Union européenne en septembre dans l'espoir de revoir l'accord de Brexit que les députés britanniques ont rejeté à plusieurs reprises, a déclaré jeudi le Premier ministre britannique Boris Johnson. Boris Johnson, qui a promis une sortie de l'Union européenne au 31 octobre prochain avec ou sans accord, demande la suppression de la clause de sauvegarde ("backstop") pour la frontière irlandaise qui figure dans le plan de retrait de l'UE négocié par celle qui l'a précédé à la tête du Parti conservateur et du gouvernement britanniques, Theresa May. Bruxelles estime le "backstop" indispensable pour éviter le rétablissement d'une frontière physique entre les deux Irlandes. "Alors que mes discussions avec les dirigeants de l'UE ces dernières semaines m'ont renforcé dans l'idée qu'il y a une volonté de discuter d'alternatives au 'backstop' anti-démocratique, il est désormais temps pour les deux camps d'accélérer le tempo", a dit le dirigeant britannique. La multiplication des réunions et des discussions est "nécessaire si nous voulons avoir la chance de parvenir à un accord pour notre sortie au 31 octobre", a ajouté Johnson. A l'issue d'un entretien entre Emmanuel Macron et Boris Johnson jeudi dernier, l'Elysée a fait savoir que les deux dirigeants souhaitaient que se poursuive d'ici la fin septembre l'échange entre le Royaume-Uni et l'UE pour essayer de parvenir à un accord sur le Brexit. Le président français a toutefois prévenu qu'il serait impossible de trouver en un mois "un accord de retrait qui soit loin des bases". La chancelière allemande Angela Merkel a laissé entendre la semaine dernière, avant l'entretien entre Emmanuel Macron et Boris Johnson à Paris, que Britanniques et Européens pourraient trouver d'ici un mois un terrain d'entente sur cette question du "backstop". L'Accord de retrait, négocié en novembre dernier par Theresa May avec Bruxelles, a été rejeté par trois fois par le Parlement britannique.
Les propositions sur le "backstop" pas crédibles Dublin a estimé vendredi que Londres n'avait pas fait de propositions crédibles pour remplacer le "backstop", la clause de sauvegarde visant à éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après le Brexit, qui figure dans le plan de retrait négocié entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. "La position de Boris Johnson est totalement déraisonnable", a déclaré le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, selon lequel la Grande-Bretagne n'a proposé que de "vagues alternatives au backstop". "S'il y a des alternatives au backstop qui produisent le même résultat, qu'on nous les soumette. Et si on peut conclure un accord sur cette base, qu'il en soit ainsi. Mais il faut qu'elles soient crédibles", a-t-il souligné à son arrivée à Helsinki pour une réunion avec ses homologues européens. "(Boris Johnson) ne peut pas se contenter de dire qu'il faut supprimer le backstop et que ce problème sera réglé lors de négociations ultérieures, sans qu'il n'existe de moyen crédible d'y parvenir", a poursuivi Simon Coveney, selon lequel "l'Union européenne ne peut pas l'accepter". Invité à réagir aux déclarations du chef de la diplomatie irlandaise, le ministre britannique des Transports, Grant Shapps, a réaffirmé que Londres avait proposé des alternatives au backstop et reproché à l'Irlande et aux autres membres de l'UE de dire le contraire. "Ce n'est pas la vérité", a-t-il insisté. Boris Johnson a déclaré jeudi que les négociateurs britanniques allaient organiser des réunions bi-hebdomadaires avec des représentants de l'Union européenne en septembre dans l'espoir de revoir l'Accord de Brexit, qui a été rejeté à trois reprises par le Parlement britannique.