Le département américain du Commerce veut sanctionner la participation de ces entreprises, spécialistes de la vidéosurveillance et de l'intelligence artificielle, à la répression des Ouïghours. Une tension supplémentaire alors que les négociations commerciales entre Washington et Pékin doivent reprendre cette semaine. A quelques jours de la reprise des négociations commerciales entre Pékin et Washington, le département américain du Commerce a annoncé lundi placer sur liste noire huit entreprises et une vingtaine d'organismes publics chinois, afin de sanctionner leur participation à la répression des Ouïghours dans la région du Xinjiang (nord-ouest)." Ces entités sont impliquées dans des violations des droits de l'homme et des abus […], des détentions arbitraires massives et la surveillance high-tech mise en place contre les Ouïghours, les Kazahks et d'autres membres des minorités musulmanes ", justifie le ministère américain. " Le gouvernement américain et le département du Commerce ne peuvent pas tolérer et ne toléreront pas la suppression brutale des minorités ethniques à travers la Chine ", défend dans le communiqué le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross. Des ONG dénoncent depuis des années l'internement massif -jusqu'à un million de personnes- de cette population majoritairement musulmane. Importations interdites Parmi les entreprises visées par concernées Dahua, un autre spécialiste des systèmes de surveillance également coté, ainsi que les experts de l'intelligence artificielle MegviiTechnology, SenseTime, iFlytek et Yitu Technologies.
Comment Pékin utilise une appli mobile pour traquer les musulmans ouïghours En étant placées sur liste noire, ces entreprises ne pourront plus importer de produits depuis les Etats-Unis, sauf obtention d'une licence spéciale. " Cette mesure permettra que nos technologies […] ne soient pas utilisées pour réprimer des populations minoritaires sans défense ", a expliqué Wilbur Ross. Le placement sur liste noire pourrait de fait compliquer la vie de plusieurs de ces groupes. MegviiTechnology a prévu de se coter prochainement à Hong Kong, tandis que SenseTime est partenaire de Qualcomm et de Nvidia.En août dernier, un décret interdisait déjà à Hikvision, Huawei et à plusieurs autres entreprises chinoises d'équiper les agences fédéralesaméricaines (FBI, Nasa…). Le Sénat américain vient également d'adopter une proposition de loi pour accroître la pression sur la Chine, avec une menace de sanctions à la clé, pour qu'elle mette fin aux " violations de droits humains ".
Sérieux froid Avec la guerre commerciale que se mènent Washington et Pékin à coups de droits de douane, les Etats-Unis ont engagé un bras de fer autour des entreprises technologiques, au premier rang desquelles Huawei . Mais es actions engagées étaient jusqu'à présent justifiées par la volonté de préserver la propriété intellectuelle américaine et ainsi d'assurer la sécurité nationale.Si l'administration américaine a assuré lundi que l'annonce était indépendante des réunions prévues avec le vice-Premier ministre Liu He à Washington cette semaine, elle devrait jeter un sérieux froid. A plusieurs reprises ces dernières semaines, Donald Trump a aussi exprimé son souhait de voir la crise politique à Hong Kong, dont la population défie Pékin depuis plusieurs mois, se résoudre pacifiquement.