Le Premier ministre français Edouard Philippe a symboliquement remis dimanche au président sénégalais Macky Sall un sabre matérialisant les relations historiques entre leurs pays et l'engagement du président Emmanuel Macron à restituer des œuvres d'art à l'Afrique. M. Philippe a remis à Macky Sall le sabre d'Omar Saïdou Tall, une très belle pièce de fer, de laiton, de cuivre, de cuir et de bois avec son étui faisant partie des collections du Musée de l'armée à Paris. S'il ne s'agit pas encore à proprement parler d'une restitution, ce geste en est "la première étape", a dit le Premier ministre français au cours d'une cérémonie à la présidence sénégalaise en présence des descendants de l'ancien propriétaire. Le sabre qui nous réunit ici est infinement plus prestigieux que celui que je possède, c'est celui d'un grand conquérant, celui d'un guide spirituel. Parmi des accords politiques ou commerciaux signés dimanche entre les deux pays a été paraphée une convention prévoyant le dépôt du sabre au Musée des civilisations noires de Dakar pour cinq ans, le temps que soit rédigée une loi sur la restitution proprement dite. Le sabre se trouve déjà depuis plusieurs mois au musée de Dakar sous la forme d'un prêt. "Nous sommes liés par l'histoire", a dit M. Philippe en faisant référence à la colonisation et aux relations privilégiées après l'indépendance du Sénégal, "et ce lien prend un accent particulier aujourd'hui". Il a rappelé qu'il conservait lui-même précieusement son sabre d'officier. "Le sabre qui nous réunit ici est infinement plus prestigieux que celui que je possède, c'est celui d'un grand conquérant, celui d'un guide spirituel … le sabre d'un fondateur d'empire, l'empire toucouleur qui comprenait la Guinée, le Mali, le Sénégal actuel, c'est le sabre d'un érudit", a-t-il dit. "C'est un amateur de sabre qui vous le dit, sa place est bel et bien ici, au cœur de l'ancien empire toucouleur", a-t-il déclaré. Les collections publiques françaises renferment au moins 90.000 objets d'art d'Afrique sub-sahariennes. Plus des deux tiers - 70.000 - se trouvent au Quai Branly, dont 46.000 "acquises" durant la période 1885-1960. Plus de vingt mille autres se trouvent dispersés dans de nombreux musées, y compris au Havre, dont M. Philippe fut le maire.