L'apaisement du front social nécessite que le dialogue soit le fondement de l'action stratégique quotidienne, afin que la concertation soit permanente et que soient en tout temps identifiées et évaluées les mesures d'échange de confiance et de prise de décision. Il est évident que dans des négociations sociales, toutes les décisions prises devraient être légitimées par la consultation la plus large, c'est-à-dire celle qui ne devrait pas souffrir d'un manque de représentativité, sinon le risque est certain que le front social ne sorte pas de son agitation. Certes, il y a eu augmentation des salaires, mais la mesure tardive pour les assurer après que les salaires furent longtemps gelés dans un contexte durable de dérive des prix a permis que soit creusé le déficit en terme de pouvoir d'achat, un déficit qui n'est pas encore comblé selon les syndicats autonomes. Il y a des questions auxquelles il faudrait d'abord répondre avant d'envisager les augmentations de salaire. Faudrait-il augmenter les salaires à l'identique pratiquement entre les catégories les plus basses de la Fonction publique et les ingénieurs ou dentistes ? Ce sont là autant de questions que se posent les intéressés. Le problème le plus grand est maintenant ailleurs. Lorsque les syndicats autonomes appellent à la grève après que les travailleurs eurent obtenu satisfaction, cela démontre que les pouvoirs publics ont perdu toute capacité de dissuasion sur ces syndicats. Mais, lorsqu'il est fait le constat que quelles que soient les durées des grèves et leur ampleur, les pouvoirs publics ne reconnaissent toujours pas la capacité de nuisance de ces syndicats, c'est-à-dire en fin de compte, leur représentativité, nous nous trouvons bien dans une sorte d'impasse. Il y a également un autre grand problème. Les travailleurs et syndicats du secteur économique observent avec intérêt ce bras de fer. La nature de la sortie de crise aura des implications sur leur stratégie de revendication.