L'économie chinoise a ralenti au premier trimestre, affichant une croissance encore supérieure à 10%, avec une inflation préoccupante due à la flambée des prix des produits alimentaires.Le produit intérieur brut de la quatrième économie mondiale a progressé de 10,6% sur un an entre janvier et mars, a annoncé mercredi le Bureau national des statistiques (BNS). Ce taux est inférieur de 1,1 point de pourcentage à celui du premier trimestre de l'an passé. La croissance du géant asiatique avait bondi de 11,9% sur l'ensemble de 2007. "En pleine crise américaine des subprime, les politiques mises en place ont permis un développement rapide et sain de l'économie", a commenté le porte-parole du BNS, Li Xiaochao. Mais M. Li a aussi admis que les intempéries de l'hiver, qui ont paralysé un partie de l'économie pendant plusieurs semaines, ont pesé sur la croissance. Preuve en est que le ralentissement est fragile, dans un contexte de lutte contre la surchauffe, les investissements en capital fixe ont augmenté de 24,6% de janvier à mars, en glissement annuel. La hausse était de 24,3% pour les deux premiers mois de 2008. La Chine a toutes les peines du monde à équilibrer la croissance de son économie, s'efforçant depuis plusieurs années de freiner ces investissements, notamment dans certains secteurs frôlant la surchauffe ou considérés comme en surproduction. Signe de la vitalité de l'économie chinoise en ce début 2008, la production industrielle a grimpé de 16,4% sur trois mois, en rythme annuel. Mais le principal motif d'inquiétude des autorités chinoises aujourd'hui est l'inflation. La stabilité des prix est une "priorité" pour 2008, a indiqué Li Xiaochao. Après avoir enregistré un plus haut de 13 ans en février avec un indice de +8,7%, les prix à la consommation ont bondi de 8,3% en mars. La hausse au premier trimestre s'élève en rythme annuel à 8%, soit bien supérieure à l'objectif de 4,8% fixé pour 2008, le même niveau que l'an passé. L'envol des prix des produits alimentaires au premier trimestre (+21%) fait d'ores et déjà craindre que le pari du gouvernement ne pourra être tenu. "L'inflation reste le problème majeur pour le gouvernement, à cause des répercussions sur le pouvoir d'achat de la population", souligne Sun Mingchun, économiste chez Lehman Brothers. Les autorités redoutent que la flambée des prix des denrées alimentaires n'aggrave un climat social déjà tendu et ne provoque des manifestations. Certains analystes avertissent toutefois que le combat contre la surchauffe ne doit pas pour autant être abandonné, y compris dans un contexte de ralentissement - temporaire ? - de la croissance et du récent déclin de l'excédent commercial de près de 11% au premier trimestre à 41,42 milliards de dollars. "Maintenant, il faut absolument une nouvelle hausse des taux", prône ainsi Stephen Green, économiste chez Standard Chartered.