Le gouvernement japonais pourrait annoncer de nouvelles mesures de relance pour un maximum de 2.700 milliards de yens (20,2 milliards d'euros), la croissance du PIB allant vraisemblablement ralentir l'année prochaine du fait de dépenses des ménages en demi teinte et d'une hausse des stocks. Les économistes doutent que ce montant sera suffisant pour doper significativement la croissance dans la mesure où ces mesures seront financées par des coupes sur le budget construit par le gouvernement précédent. L'énorme dette publique du Japon réduit les marges de manoeuvre du Parti démocrate, arrivé au pouvoir en septembre, et ne lui permet pas de dépenser davantage. Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a progressé de 1,2% sur le trimestre juillet-septembre par rapport à la période précédente, selon les statistiques officielles publiées lundi, alors que les analystes interrogés par Reuters tablaient sur une croissance de 0,7%. Les analystes s'attendent toutefois à un ralentissement de la croissance au cours des prochains trimestres, la baisse du pouvoir d'achat des ménages réduisant les perspectives de consommation, notamment dans les secteurs automobile et électronique. Hirohisa Fujii, ministre des Finances, a déclaré, d'après l'agence de presse Kyodo, que les dépenses budgétaires supplémentaires ne dépasseraient pas les 2.700 milliards de yens (20 milliards d'euros) et que le gouvernement pourrait apporter des précisions plus tard lundi. "Les mesures de relance viendraient de ce qu'ils ont coupé ailleurs, l'effet sur l'économie pourrait donc être quasiment neutre", a déclaré Satoru Ogazawara, économiste chez Crédit Suisse. "La demande intérieure va probablement se maintenir à des niveaux élevés jusqu'à la fin de l'année, mais nous nous attendons à une certaine mollesse de l'économie l'année prochaine." Le PIB japonais est ressorti en hausse pour le deuxième trimestre consécutif après une hausse de 0,6% sur avril-juin. Il s'agit de la plus forte croissance trimestrielle pour l'économie japonaise depuis le premier trimestre 2007. Les économistes interrogés par Reuters tablent sur une croissance du PIB japonais de 0,3% en octobre-décembre avant une hausse de 0,1% au premier trimestre 2010, l'effet des mesures de relance allant en s'atténuant. En rythme annualisé, la croissance de la deuxième économie mondiale ressort à +4,8% (consensus Reuters à 2,9%) après +2,7% sur la période avril-juin et une contraction de 12,2% en janvier-mars. Les Etats-Unis et l'Europe sont également sortis de la récession mais font face aux mêmes défis que le Japon, autrement dit combattre le chômage et les pressions à la baisse sur les prix une fois que l'effet des mesures de relance se sera estompé. "L'économie devrait se remettre à mesure que les conditions économiques à l'étranger s'améliorent", a déclaré Naoto Kan, ministre de la Stratégie nationale, après la publication des statistiques du PIB. "En même temps, la situation sur le marché du travail reste très préoccupante et il y a des risques baissiers à l'étranger." Naoto Kan a ajouté qu'il voyait des signes de déflation et qu'il souhaitait travailler étroitement avec la Banque du Japon pour éviter que les tendances déflationnistes ne s'aggravent. Les pressions déflationnistes peuvent pousser les consommateurs et les entreprises à reporter certains achats, ralentissant l'économie encore davantage, mais les dirigeants japonais n'ont pas réussi à faire remonter les prix du fait d'un important décalage entre l'offre et la demande. Sur la période juillet-septembre, la consommation des ménages a augmenté de 0,7%, une hausse plus forte que celle anticipée par les économistes (+0,5%) mais moins élevée que celle du trimestre précédent (+1%). La demande domestique a contribué à hauteur de 0,8 point de pourcentage à la croissance, première contribution positive en six trimestres. Si des subventions et des crédits d'impôt décidés par le gouvernement sortant ont dopé la consommation, la baisse attendue du montant des primes de fin d'année et un marché du travail atone impacteront les dépenses à venir des ménages. "La faiblesse attendue de la consommation des ménages et des dépenses publiques se traduira nécessairement par un ralentissement au premier et deuxième trimestres 2010", a déclaré Kyohei Morita, économiste chez Barclays Capital. "La hausse des dépenses d'investissement est le seul point positif. Cela étant, (...) cette augmentation n'est pas suffisamment importante pour permettre d'atteindre le rythme nécessaire pour éviter un ralentissement pendant le premier semestre 2010." Les dépenses d'investissement ont augmenté de 1,6%, première hausse en six trimestres. Les stocks ont commencé à augmenter au troisième trimestre, ce qui est de mauvaise augure pour l'activité manufacturière. La hausse des stocks a contribué à hauteur de 0,4 point de pourcentage à la croissance du troisième trimestre, la première contribution positive depuis le quatrième trimestre 2008. "Les entreprises augmentent leur production depuis environ un an, et les stocks vont probablement augmenter autour de la fin de l'année et autour du nouvel an chinois", a déclaré Yasuo Yamamato, économiste chez Mizuho Research Institute. "Ceci pourrait mener à un ralentissement de la production et de la croissance au Japon sur la période avril-juin 2010." Malgré tout, les économistes jugent peu probable un retour en récession de l'économie nippone dans la mesure où les dispositifs de relance décidés par les gouvernements étrangers devraient être suffisants pour stimuler une hausse des exportations japonaises. Les exportations japonaises ont augmenté de 6,4% au troisième trimestre, en ligne avec la hausse du trimestre précédent.