Depuis ce jeudi 10 heures en Chine, les 11 millions d'habitants de Wuhan sont en quarantaine. Bus, trains, avions, ferries : tous les transports en commun à destination ou en provenance de la capitale du Hubei sont suspendus. Une deuxième ville a également été bouclée tandis que la Cité interdite de Pékin ferme ses portes. La mesure est radicale. Inédite à une telle échelle. Tentant de contenir une épidémie de coronavirus qui a déjà fait 17 morts et contaminé près de 600 personnes, les autorités chinoises ont placé, jeudi, deux agglomérations en quarantaine, coupant 18 millions d'habitants du reste du monde. L'opération a débuté à 10 heures à Wuhan, la capitale de la province du Hubei où sont décédés 17 personnes et où se situent la plupart des personnes infectées. Bus, trains, avions, ferries : tous les transports en commun à destination ou en provenance de cette ville de 11 millions d'habitants ont, en principe, été suspendus. Les accès aux autoroutes ont été coupés et des patrouilles de surveillance circulaient sur les axes routiers majeurs. Ordre a été donné aux habitants de ne pas sortir de la ville " sans raisons spécifiques ". Quelques cas de personnes infectées ont été signalés à l'étranger (Japon, Thaïlande, Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Etats-Unis) déclenchant une mobilisation mondiale pour éviter une répétition de la pandémie du SRAS, qui avait tué plus de 800 personnes en 2002-2003.
Course contre la montre Les autorités se sont lancées dans une course contre la montre, craignant que le déplacement de centaines de millions de Chinois à l'occasion, samedi, du Nouvel An lunaire accélère encore la propagation du virus. D'ores et déjà, des malades sont répertoriés dans la plupart des grandes villes chinoises (Pékin, Shanghai, Shenzhen, Chongqing, etc.). Pour éviter les grands rassemblements, la Cité interdite de Pékin va fermer ses portes tandis que la capitale a décrété l'annulation des festivités du Nouvel An . A Genève, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué les mesures " très, très fortes " prises en Chine, avant de décider qu'il était " trop tôt " pour décréter qu'il s'agissait d'une urgence de santé publique de portée internationale ". " Cela pourrait le devenir ", a toutefois précisé son directeur, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Quelques cas de personnes infectées ont été signalés à l'étranger (Japon, Thaïlande, Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Etats-Unis) déclenchant une mobilisation mondiale pour éviter une répétition de la pandémie du SRAS, qui avait tué plus de 800 personnes en 2002-2003. Fuir la ville. Wuhan avait, jeudi, des allures de ville morte en cette veille de congés propice aux départs et à la fermeture des commerces. " Les rares personnes dans les rues ont toutes des masques, les voitures sont rares et mon épicerie a été prise d'assaut ", témoigne une Française bloquée sur place. A l'annonce, en plein milieu de la nuit, de la " fermeture " de Wuhan, des habitants se sont précipités vers les gares et l'aéroport dans l'espoir d'attraper un dernier train ou avion. " Dès que j'ai eu la nouvelle, j'ai décidé de partir, témoigne une étudiante de 23 ans, contactée par 'Les Echos'. J'ai pris un train à 3 heures du matin pour Canton, là où j'avais prévu de passer les fêtes. J'ai un peu honte de fuir la ville mais je suis en bonne santé et je ne pense pas pouvoir infecter d'autres personnes. " Dès 10 heures, les gardes postés à l'entrée de la gare repoussaient les personnes sans tickets. Il y a encore dix jours, les autorités de la ville indiquaient qu'aucun cas nouveau n'avait été détecté depuis le début de l'année, qu'il n'y avait aucune infection parmi le personnel médical et aucune preuve établie de transmission entre humains. Depuis, la transmission humaine a été établie, des membres du personnel médical ont été infectés et des chercheurs de l'Imperial College de Londres estiment qu'environ 4.000 personnes à Wuhan pourraient être actuellement contaminées. L'épidémie du nouveau coronavirus en Chine n'est pas une urgence de santé publique internationale, selon l'OMS. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré jeudi qu'il était encore "trop tôt" pour juger que l'épidémie du nouveau coronavirus apparue en Chine constituait une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), tout en avertissant que le nombre de cas pourrait augmenter du fait que l'on connaisse encore mal ce virus. "J'ai décidé de ne pas déclarer d'urgence de santé publique de portée internationale pour le moment. Comme hier, le Comité d'urgence a aujourd'hui été divisé sur la question de savoir si l'épidémie de ce nouveau coronavirus représentait ou non une USPPI", a indiqué le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse donnée après une réunion à huis clos du Comité d'urgence. "Ne vous méprenez pas, cependant : il s'agit d'une urgence en Chine. Mais ce n'est pas encore une urgence sanitaire mondiale. Elle pourrait néanmoins en devenir une", a ajouté M. Tedros, ajoutant que l'OMS estimait que cette épidémie représentait une menace très élevée en Chine et une menace élevée aux niveaux régional et mondial. "Je tiens à réitérer que le fait de ne pas déclarer une USPPI aujourd'hui ne doit pas être vu comme un signe que l'OMS ne considère pas la situation comme grave ou ne la prend pas au sérieux", a martelé le responsable de l'OMS. L'agence onusienne a prolongé jusqu'à ce jeudi les discussions de son Comité d'urgence sur la nécessité de déclarer ou non une USPPI, alors que ces discussions auraient dû prendre fin mercredi. Une USPPI est définie par l'OMS comme un événement extraordinaire constituant un risque pour la santé publique de plusieurs Etats via la propagation internationale d'une maladie et nécessitant potentiellement une réponse internationale coordonnée. M. Tedros a déclaré que 584 cas avaient pour le moment été signalés à l'OMS, dont 17 décès. Au total, 575 de ces cas - et tous les décès - ont été enregistrés en Chine, les autres l'étant au Japon, en Corée du Sud, à Singapour, en Thaïlande, aux Etats-Unis et au Vietnam. Il a précisé que la Chine avait pris des mesures que l'OMS jugeait appropriées pour contenir la propagation du coronavirus à Wuhan et dans d'autres villes et que l'organisation espérait que ces dispositions soient à la fois efficaces et de courte durée. Le patron de l'OMS a remercié le gouvernement chinois pour sa coopération et sa transparence, soulignant que la Chine avait réussi à isoler et à séquencer le virus très rapidement, partageant sa séquence génétique avec l'OMS et la communauté internationale. Pour le moment, l'OMS ne recommande pas encore de restrictions plus larges sur les voyages ou les échanges commerciaux, mais recommande des contrôles de sortie dans les aéroports, dans le cadre d'un ensemble plus large de mesures d'endiguement. Tous les pays devraient déployer de telles mesures, selon lui. "Il est trop tôt pour considérer cet événement comme une urgence de santé publique de portée internationale", a confirmé de son côté Didier Houssin, chef du Comité d'urgence et conseiller de l'Agence de sécurité nationale de France. Selon lui, l'OMS a reçu des autorités sanitaires chinoises des informations très précises sur l'évolution de l'épidémie. L'OMS a appris que la suspension des transports publics à Wuhan et dans certaines villes voisines n'était pas directement liée à une évolution spécifique de l'épidémie.