Le gratin mondial de l'énergie, dont les ministres du Pétrole des principaux pays de l'Opep et les P-DG des majors, se réuniront à partir d'aujourd'hui et jusqu'à mardi à Rome pour le Forum international de l'Energie (IEF), sur fond de flambée des prix de l'or noir et de ralentissement économique. Il faut dire que le prix du baril de pétrole n'en finit pas d'aligner les records: il a touché pour la première fois le seuil des 117 dollars vendredi à New York, à la suite de nouvelles perturbations de la production au Nigeria, premier producteur africain d'or noir. Le baril de “light sweet crude” est monté à 117,00 dollars vers 18H50 GMT sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), un niveau inédit depuis le début de la cotation du brut en 1983 à New York. A Londres, où s'échange une qualité de pétrole plus lourde et plus soufrée, un nouveau record a également été enregistré, le baril de Brent de la mer du Nord atteignant un plus haut historique à 114,22 dollars. Les prix du pétrole ont gagné environ 54 dollars à New York par rapport à leur niveau il y a un an, et 47 dollars à Londres. Cette nouvelle flambée des prix est due, selon les analystes, aux sabotages d'un oléoduc, exploité par une filiale du groupe pétrolier Shell, dans la région pétrolière du delta du Niger, au sud du Nigeria.Aussi, les réserves de brut et d'essence américains ont chuté la semaine dernière, alors qu'approche l'été, saison des grands déplacements en voiture (“driving season”). “Les investisseurs se demandent s'il y aura assez de réserves pour faire face à la forte consommation d'essence habituelle pendant l'été”, explique Eric Wittenauer, stratège chez Wachovia Securities. Par ailleurs, le retour de l'optimisme sur les Bourses vendredi, sous l'effet de résultats d'entreprises meilleurs que prévu, a ravivé l'idée d'un redressement de l'économie. “Les investisseurs prévoient désormais une hausse de la consommation énergétique à cause du redémarrage prévu de l'activité économique”, estime John Kilduff, stratège chez MF Global. Il est donc clair que la flambée des prix du pétrole constituera l'essentiel des débats entre producteurs et consommateurs. Aussi, et durant les trois jours de conférence, les intervenants discuteront notamment de l'accès aux ressources énergétiques, de la sécurité des approvisionnements, du manque d'investissements et des énergies renouvelables. Parmi les intervenants figurent plusieurs ministres de l'Energie de pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont le chef de file du cartel, le Saoudien Ali al-Nouaïmi, mais aussi l'Emirati Mohammad Ben Zaën al-Hameli, le Qatari Abdallah al-Attiyah, le Vénézuélien Rafael Ramirez, le Nigérian Odein Ajumogobia, l'Iranien Gholamhossein Nozari ou le président de la compagnie nationale libyenne de Pétrole, Choukri Ghanem, qui tient lieu de ministre. Le secrétaire général de l'Opep, Abdallah el-Badri, sera présent de même que Nobuo Tanaka, directeur de l'Agence internationale de l'énergie, qui défend les intérêts énergétiques des pays industrialisés. Chez les producteurs hors Opep, la Russie et la Norvège seront représentées par leur ministre de l'Energie respectif, Viktor Khristenko et Aslaug Haga. Du côté des majors, le P-DG de l'anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell Jeroen van der Veer, ceux des italiennes Eni (Paolo Scaroni), Enel (Fulvio Conti), de la française Total (Christophe de Margerie), de la chinoise Sinopec (Liu Yan) ou de l'algérienne Sonatrach (Mohammed Meziane) participeront aux débats. Parmi les personnalités politiques, le président du Conseil italien Romano Prodi, le ministre des Affaires étrangères Massimo D'Alema et le ministre français de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, seront également présents. Et les débats risquent d'être houleux. L'Opep devrait rejeter les appels des pays consommateurs en faveur d'une augmentation de sa production. Gholamhossein Nozari a répété, mercredi, le message du cartel, à savoir que la montée des prix n'était pas due à une insuffisance de l'offre mais à “d'autres conditions sur le marché”, notamment à la spéculation. Pour sa part, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré que le prix du pétrole était trop bas à 115 dollars le baril, ajoutant qu'il devait trouver sa vraie valeur. Le président iranien a également indiqué que la baisse du dollar par rapport à d'autres monnaies était l'une des raisons de la hausse des prix du pétrole