L'Opep du gaz prend forme. Au moment où la Russie a exprimé son intention de proposer un projet de statuts d'une Opep du gaz, l'Algérie a montré, via le P-DG de Sonatrach, M. Mohamed Meziane, sa ferme intention de renoncer aux contrats gaziers à long terme.En effet, M. Meziane a indiqué, hier, à l'agence britannique Reuters, que les nouveaux contrats destinés à maximiser les revenus en fonction de la hausse des prix seront désormais signés pour une durée maximale de cinq ans, annonce le PDG de Sonatrach. Le but de cette mesure étant donc de profiter de la hausse des prix du baril - ceux du gaz sont indexés sur ceux du pétrole- sur les marchés internationaux. Il faut dire que les contrats gaziers indexés sur le prix du pétrole étaient traditionnellement fixés pour une longue durée, atteignant jusqu'à 20 ans, empêchant ainsi Sonatrach de bénéficier de la hausse du pétrole en vendant son gaz. "Nous avions des contrats de 15 ou 20 ans mais le marché a changé. Nous sommes maintenant engagés dans un processus de renégociation des contrats pour les passer de quatre à cinq ans", a expliqué Mohamed Meziane.Mais au-delà de la rentabilité d'une telle mesure, certaines lectures laisseraient à penser que cette décision a été motivée par les nombreuses difficultés auxquelles Sonatrach a dû faire face pour renégocier les prix du gaz vendu à l'Espagne sans oublier la mésaventure du Medgaz.Une affaire qui a poussé la compagnie nationale à s'interroger sur sa dépendance envers la distribution par gazoduc. Tout autant de raisons qui poussent aujourd'hui Sonatrach à se tourner vers le GNL. Il faut dire qu'en tant que pionnière dans le secteur, l'Algérie est l'un des rares pays à disposer d'équipements de liquéfaction. Elle possède 4 complexes pour une capacité totale de 51 millions de mètres cubes de GNL pour une production annuelle de 30,5 milliards de mètres cubes. La présence de l'Algérie sur le marché du GNL et son rôle dans l'approvisionnement énergétique sera encore plus important en 2010, grâce aux deux unités que la société nationale des hydrocarbures Sonatrach est en train de réaliser à Skikda et Arzew. Par ailleurs, l'Algérie envisage d'acquérir de nouveaux méthaniers. Un appel d'offres de partenariat 50/50 sera prochainement lancé en vue de l'acquisition de deux gros navires, transporteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) au profit de Sonatrach. Ces acquisitions s'inscrivent dans le cadre de la stratégie visant l'exportation d'au moins 50% du GNL algérien à bord de navires propriété de Sonatrach. Les futurs méthaniers qui viendront s'ajouter à la flotte déjà existante, permettront à la compagnie pétrolière nationale de s'organiser au mieux pour répondre à l'importante demande de GNL exprimée par les pays émergents tels la Chine et l'Inde, outre celle des marchés traditionnels du Japon, d'Europe et d'Amérique.Il va sans dire que le développement du GNL peut grandement contribuer à développer un marché sport du gaz, premier pas pouvant conduire à la création d'une Opep du gaz. Il faut dire que l'Algérie a exprimé par des mots à peine voilés tout l'intérêt qu'elle porte à ce projet. Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a, en effet, estimé qu'il serait de l'intérêt des pays producteurs de gaz de coopérer. Récemment, le chef de l'Etat a indiqué dans un entretien au journal qatari Al Arab, que l'Algérie et le Qatar devraient renforcer leur coopération dans le domaine gazier. En tout état de cause, l'idée de créer une Opep du gaz suit un cheminement sûr. Hier encore, le quotidien russe Kommersant indiquait que la Russie présentera, lors du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) à Téhéran, le 28 avril, son projet de statuts du FPEG lequel devrait conduire à la création d'une telle organisation.Selon ces mêmes sources, l'organisation doit devenir une plate-forme internationale pour élaborer la formule du prix du gaz et débattre des itinéraires de nouveaux gazoducs.