Une société allemande qui essaye de développer un vaccin contre le Covid-19 a rejeté une proposition de la Maison-Blanche d'aller s'établir aux États-Unis. La course au vaccin anti-Covid-19 a commencé et, pour certains, tous les coups sont permis. Le journal Die Welt a révélé dimanche que l'administration de Donald Trump aurait proposé une somme importante - on parle de 1 milliard de dollars - à la société allemande de biotechnologies CureVac pour s'assurer l'exclusivité d'un vaccin contre le coronavirus qu'elle est en train de développer. But de ce coup : la distribution exclusive du produit aux États-Unis. L'entreprise, établie depuis l'an 2000 à Tübingen, dans le Bade-Wurtemberg, a rejeté la proposition et précisé qu'elle n'avait pas l'intention de quitter l'Allemagne. Le gouvernement allemand et la Commission européenne ont volé à son secours. " Il est exclu qu'une société allemande développe un vaccin qui serait utilisé exclusivement aux États-Unis ", a déclaré Dietmar Hopp, un milliardaire allemand qui possède 80 % des parts de la firme non cotée. L'entreprise travaille depuis le mois de janvier, en collaboration avec l'Institut fédéral allemand de recherche sur les vaccinations, pour mettre au point son produit.
Indignation À Bruxelles, la Commission européenne a offert lundi 80 millions d'euros à CureVac pour l'aider à accélérer ses recherches. " Je suis fière que nous ayons dans l'Union européenne des sociétés comme CureVac ", a déclaré la présidente Ursula von der Leyen. " Elles sont chez elles ici, mais leurs vaccins bénéficieront à tout le monde, en Europe et au-delà. " Les révélations de Die Welt ont soulevé l'indignation en Allemagne. Heiko Maas, ministre des Affaires étrangères, manifestement furieux, a rappelé que " nous combattrons le virus ensemble et non pas l'un contre l'autre ". Au Bundestag, l'" America First " de Donald Trump en ces temps de pandémie a provoqué la colère. Plusieurs députés ont condamné le " cynisme ", " l'égoïsme " et le " manque de solidarité " du président américain. " Le capitalisme a ses limites ", protestent les sociaux-démocrates, qui rappellent que, dans une situation de crise sanitaire, l'éthique passe avant l'économie ou les intérêts nationaux. Quand il arrivera sur le marché, ce vaccin devra être mis à la disposition de tous pour sauver le plus grand nombre de vies possible. Les plus optimistes espèrent que les laboratoires auront trouvé un vaccin d'ici au mois de juin ou juillet et qu'il pourra à ce moment-là être testé sur des humains.
Efforts Au début du mois de mars, Daniel Menichella, le directeur général de CureVac depuis 2018, ancien étudiant à Havard et à l'université de Caroline de Nord, a participé à une réunion présidée par Donald Trump à la Maison-Blanche. Une photo montre Daniel Menichella en bout de table. Le vice-président Mike Pence, les membres de la cellule d'urgence de la Maison-Blanche et les représentants des industries pharmaceutiques et biotechnologiques participaient également à cette réunion au sommet. Le 11 mars, CureVac annonçait le départ de Daniel Menichella, remplacé par Ingmar Hoerr, biologiste allemand cofondateur de CureVac. Mais, le 16 mars, Ingmar Hoerr annonçait à son tour qu'il se mettait temporairement en congé maladie, tout en précisant qu'il n'était pas victime du Covid-19. Sur son site Internet, CureVac rappelle que tous les efforts de ses scientifiques portent depuis le mois de janvier sur le développement d'un vaccin " puissant, efficace et sûr " pour enrayer le virus " dans le but d'atteindre, d'aider et de protéger les personnes et les malades dans le monde entier ". CureVac entend mettre à profit ses plus de vingt ans d'expertise en matière de vaccins. Le porte-parole de CureVac rappelle que la compagnie entretient des liens étroits avec de nombreuses organisations et autorités à travers le monde, mais s'abstient de commenter les spéculations actuelles. À côté de Dietmar Hopp, l'actionnaire minoritaire de la société est la Fondation américaine Bill-et-Melinda-Gates.