Les dirigeants du Japon et de l'Union européenne (UE) ont revendiqué une approche “ambitieuse et contraignante” pour lutter contre le réchauffement climatique et réclamé des actions d'urgence face à la crise alimentaire mondiale. “Le Japon et l'UE soulignent qu'une approche internationale très ambitieuse et contraignante est nécessaire pour répondre à l'urgence et à l'étendue du défi (posé par) le changement climatique”, ont-ils déclaré dans un communiqué conjoint à l'issue d'un sommet Japon-UE. Le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda, le président en exercice de l'UE et Premier ministre slovène, Janez Jansa, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, se sont dits “déterminés à promouvoir le partenariat stratégique Japon-UE”, afin de faire face aux “défis mondiaux”. Au premier rang de ces défis, la lutte contre le réchauffement climatique, pour laquelle ils ont appelé à l'instauration “d'objectifs chiffrés de réduction d'émissions (de gaz à effet de serre) à moyen terme”, ce qui constituerait “un élément essentiel d'un accord” post-protocole de Kyoto. Le Japon et l'UE ne donnent toutefois aucun chiffre à atteindre. L'UE voudrait obtenir un engagement sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre allant de 25 à 40% d'ici à 2020, par rapport à 1990. Mais le Japon s'est jusqu'à présent gardé d'avancer tout chiffre, se fixant pendant longtemps sur la position américaine en la matière. En début d'année, l'archipel avait toutefois annoncé qu'il fixerait son propre objectif national de réduction d'émissions. L'évolution actée dans le texte conjoint de mercredi a fait dire à M. Barroso qu'il était “très heureux” des conclusions du sommet. “Ce à quoi nous sommes arrivés aujourd'hui est très important. Nous nous sommes mis d'accord sur des objectifs contraignants”, s'est réjoui le président de la Commission européenne. Il a évoqué une “convergence entre Japon et UE, ce qui est particulièrement important avant le sommet du G8 que va présider le Japon en juillet”, un moment qui pourrait représenter, selon lui, une “percée” dans la lutte contre le réchauffement. M. Fukuda a pour sa part expliqué à ses interlocuteurs la proposition japonaise d'”approche sectorielle” de réduction des émissions - branche économique par branche économique- qui a laissé sceptiques de nombreux pays, notamment en développement. “Je crois que l'UE fait montre de compréhension vis-à-vis de notre approche, qui sera efficace en assurant une équité des objectifs nationaux” de réduction d'émission, a souligné le Premier ministre japonais. Les dirigeants japonais et européens se sont par ailleurs penchés sur la crise alimentaire mondiale, notant “avec beaucoup d'inquiétude” la hausse des prix de la nourriture, ainsi que du pétrole. Ils ont souligné “la nécessité urgente de s'occuper de ce problème, notamment au vu de son impact sur les efforts des pays en développement pour vaincre la pauvreté et atteindre les objectifs de développement du millénaire” de l'ONU. “Nous espérons pouvoir mobiliser la communauté internationale pour un effort supplémentaire dans l'aide au développement, notamment pour l'Afrique”, a précisé M. Barroso, qui a jugé “inquiétante la baisse de l'aide publique au développement en 2007 pour la seconde année consécutive”. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu mardi que la crise alimentaire mondiale menaçait de plonger dans la famine des dizaines de millions de personnes. Le Japon et l'UE se sont enfin engagés à “travailler ensemble pour renforcer la stabilité des marchés financiers”, alors que l'économie mondiale continue de souffrir des suites de la crise du “subprime” aux Etats-Unis.