Les scientifiques en Suisse misent sur un test sérologique qui sera disponible d'ici la fin du mois d'avril en attendant un vaccin ou un traitement pour combattre le coronavirus (Covid-19), ont rapporté des médias locaux citant des responsables de laboratoires. Le test sera disponible fin avril, juste au moment où la crise du Covid-19 atteindra son point culminant en Suisse. Il permet de détecter la présence de ces anticorps dans le sérum sanguin. Etant donné que ces derniers sont produits par notre corps après plusieurs jours ou semaines, le test sert à comprendre non pas si la maladie est en cours, mais si nous l'avons développée. Ici, nous pensons surtout aux personnes asymptomatiques qui ne savent pas qu'elles ont été infectées, selon un chercheur. Le test sérologique a pour objectif d'identifier les personnes qui ont guéri après l'infection et de savoir si elles sont immunisées contre le Covid-19. Le test lui-même est rapide et facile à réaliser, explique Giuseppe Togni, du laboratoire Unilabs. Une machine fait couler le sérum sanguin sur une solution contenant l'antigène dérivé du virus, qui est contenu dans une petite éprouvette. Après une courte période d'incubation, la machine lit automatiquement le résultat: une réaction colorée signifie "positif", des anticorps sont présents dans le sérum. A elle seule, la machine peut effectuer 400 tests par heure, de manière entièrement automatique et, si nécessaire, 24 heures sur 24. Le test est développé dans des laboratoires du monde entier, ce qui s'apparente à une course contre la montre. La Suisse investit également des ressources pour relever ce défi. Différents tests sont déjà sur le marché aujourd'hui. Les meilleurs ont une fiabilité qui se situe entre 85 et 90%. Des données insuffisantes pour Giuseppe Togni, directeur scientifique du laboratoire central d'Unilabs à Coppet, dans le canton de Vaud: "La fiabilité est essentielle avec ce genre de tests. Dans nos laboratoires, nous avons actuellement réussi à avoir une fiabilité de 99%. Mais ce n'est pas suffisant. Nous devons être sûrs à 100 %", a dit la même source. L'étape décisive pour atteindre une fiabilité totale devrait être franchie dans les prochaines semaines. "Jusqu'à il y a quelques jours, je n'aurais pas osé avancer de date", admet Giuseppe Togni, qui est en charge d'une task force internationale, "mais au vu des résultats, je suis très confiant. Un test sérologique fiable sera prêt d'ici la fin du mois d'avril". Dans cette course à l'élaboration d'un test, l'équipe de Giuseppe Togni travaille avec les universités de Genève et de Zurich. Actuellement, il est encore trop tôt pour étiqueter ces anticorps comme neutralisants. "Il n'y a pas encore d'études définitives. D'après l'expérience que nous avons acquise, ces anticorps devraient être protecteurs, car le Covid-19 est très similaire aux autres coronavirus que nous connaissons déjà", commente le chercheur. Si nous parvenons à identifier avec certitude les personnes immunisées, ces dernières pourraient retourner au travail, ce qui minimiserait le risque de contagion. "Ce n'est toutefois pas la question que nous devons nous poser. Nous devons nous demander à qui s'adressent ces tests. Il ne sert à rien de tester l'ensemble de la population". Dès lors, qui doit être testé? Giuseppe Togni en est convaincu: "Avant tout, le personnel soignant. Ensuite, toutes les personnes qui exercent des professions qui ne peuvent pas être mises à l'arrêt, puis on peut envisager d'étendre les tests à d'autres secteurs". Mais attention, prévient le scientifique, "durant cette période, on a vu émerger une grande solidarité entre les personnes et surtout entre les générations. Si on commence à choisir qui peut passer le test et qui ne peut pas, cette solidarité va inévitablement disparaître".