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Pour Moscou l'organisation est un adversaire en puissance
Alors que l'OTAN étudie un projet de nouvelle stratégie adapté aux évolutions mondiales
Publié dans Le Midi Libre le 08 - 02 - 2010

Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a proposé hier à Munich, lors de la 46e conférence sur la sécurité, un changement profond de l'Alliance atlantique, organisation militaire née de la Guerre froide.
Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a proposé hier à Munich, lors de la 46e conférence sur la sécurité, un changement profond de l'Alliance atlantique, organisation militaire née de la Guerre froide.
Prenant en compte les bouleversements intervenus sur la scène mondiale, notamment depuis la fin de l'URSS, la montée du terrorisme et autres conflits asymétriques particulièrement dans des zones sensibles pour la sécurité de l'Occident, mais aussi la nouvelle politique sécuritaire appliquée selon laquelle la sécurité nationale doit etre défendue y compris à l'extérieur des frontières, M. Rasmussen voit bien cette organisation muer en un "forum", plate-forme et carrefour de la sécurité mondiale.
"Nous devons porter la transformation de l'Otan à un nouveau stade, en liant l'Alliance au système international de sécurité d'une manière entièrement nouvelle", a-t-il déclaré dans son premier grand discours sur sa vision de l'Otan.
Pour ce faire, son secrétaire général, arrivé en fonction en août 2009, énoncé trois grands points : "Premièrement, qu'à une époque d'insécurité mondiale, la défense de notre territoire" -mission originelle de l'Otan depuis sa création en 1949- doit se porter au delà de nos frontières".
"Secundo, que le succès dans la préservation de notre sécurité commune dépend de plus en plus de notre bonne coopération ou pas avec les autres".
"Tertio, que l'Otan devrait devenir un forum pour des consultations sur les questions de sécurité à l'échelle mondiale".
L'ancien Premier ministre danois a expliqué que c'était "notre expérience en Afghanistan" qui l'avait conduit à croire nécessaire de faire de l'Otan un tel "forum" international.
Mais, a-t-il affirmé, "pas comme un concurrent des Nations unies. Cela n'est ni possible ni désirable".
Prenant la parole à son tour, le ministre allemand de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg a de son côté insisté sur cette mise en garde: "Nous ne voulons pas entrer en compétition avec les Nations unies. Nous ne voulons pas faire de l'Otan une agence de sécurité mondiale", a-t-il également asséné.
En prévision de son prochain sommet prévu en novembre à Lisbonne, l'Otan est lancé dans une entreprise de réflexion sur le nouveau concept stratégique.
Le précédent document qui date de 1999 est devenu obsolète, en raison de l'aggravation de phénomènes anciens comme le terrorisme et la piraterie, le risque de conflits pour l'accès aux ressources naturelles, ou de l'apparition de nouvelles menaces comme la guerre cybernétique ou les conséquences du réchauffement climatique.
Le travail exploratoire a été confié à un comité de 12 sages présidé par l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright, présente à la Conférence de Munich.
M. Rasmussen avait rappelé auparavant qu'existaient déjà des partenariats institutionnels entre l'Otan et les pays méditerranéens, asiatiques ou moyen-orientaux.
Il a aussi insisté sur la coopération sur le terrain civilo-militaire avec l'Union européenne et les agences de l'ONU, mise en exergue par les opérations en Afghanistan.
"Pour moi, transformer l'Otan en une institution branchée sur le monde n'est pas affaire de choix, c'est une affaire de nécessité", a poursuivi M. Rasmussen.
"La mondialisation est un fait irréversible", a-t-il dit.
La réaction de la Russie n'a pas tardé à se faire entendre. Le président Dmitri Medvedev vient de signer un document sur la nouvelle stratégie militaire russe qui dépeint l'Otan comme un adversaire en puissance. Le document, publié sur le site internet du Kremlin, a classé au premier au premier rang des "principales menaces militaires extérieures" la tentative de l'Otan de "mondialiser ses activités en contravention des lois internationales".
Le texte évoque aussi les efforts de l'Otan "pour rapprocher ses infrastructures militaires des frontières russes, y compris en s'élargissant" à de nouveaux pays voisins de la Russie, question qui suscite des frictions entre les deux parties.
La Russie a exprimé sa vive opposition aux candidatures à l'Otan de deux anciennes républiques soviétiques, l'Ukraine et la Géorgie. Le conflit armé russo-géorgien d'août 2008 a provoqué un net refroidissement des relations Otan-Russie, qui n'ont été normalisées que tout récemment.
Au cours de la conférence sur la sécurité de Munich à laquelle il participait, le ministre russe de la Défense, Sergueï Pavlov, n'a pas manqué de critiquer de nouveau les "glissements vers l'Est" de l'Alliance atlantique.
Lundi passé, à l'Otan à Bruxelles, Anders Fogh Rasmussen a appelé à plus de coopération entre l'Otan et les pays membres de l'Initiative de Coopération d'Istanbul (ICI). C'est par l'ICI que l'Otan a, lors de son sommet à Istanbul en 2004, décidé d'étendre sa coopération concrète en matière de sécurité aux pays de la région du Moyen-Orient élargi, en commençant par les pays membres du Conseil.
Rasmussen s'est dit "surpris" samedi que la Russie considère toujours l'alliance occidentale comme un grave danger pour sa sécurité au moment même où leurs relations s'améliorent.
"J'ai été surpris que la Russie considère l'Otan comme la menace principale dans sa nouvelle doctrine stratégique. Cela ne reflète pas le monde réel", a-t-il déclaré, selon son porte-parole, James Appathurai.
Appelant implicitement les Occidentaux à se défaire du "triomphalisme" que, selon lui, ils ont manifesté "ces dernières décennies", autrement dit depuis la fin de la Guerre froide, il a ajouté que "L'Otan n'est pas un ennemi de la Russie. Nous voulons entretenir un partenariat stratégique avec la Russie car nous faisons face aux mêmes menaces".
Il a insisté sur les "faiblesses de l'OSCE" (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et promu le traité sur la nouvelle architecture de sécurité en Europe qu'a proposé M. Medvedev en juin 2008 à Berlin.
En outre, Rasmussen a exprimé le souhait de l'Otan d'entendre ce que les autorités et la société civile de Russie attendent de la nouvelle conception stratégique de l'Alliance. "Nous allons également saluer toutes les idées et toute l'information venant de la partie russe", a-t-il déclaré, en expliquant que l'Otan enverra prochainement à Moscou un groupe d'experts chargé d'élaborer la nouvelle conception stratégique de l'Alliance.
Le "groupe des sages" de l'Otan, présidé par l'ex-secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright, se rendra du 9 au 11 février prochains à Moscou pour discuter du projet de nouvelle stratégie de l'Alliance. N. S.
Prenant en compte les bouleversements intervenus sur la scène mondiale, notamment depuis la fin de l'URSS, la montée du terrorisme et autres conflits asymétriques particulièrement dans des zones sensibles pour la sécurité de l'Occident, mais aussi la nouvelle politique sécuritaire appliquée selon laquelle la sécurité nationale doit etre défendue y compris à l'extérieur des frontières, M. Rasmussen voit bien cette organisation muer en un "forum", plate-forme et carrefour de la sécurité mondiale.
"Nous devons porter la transformation de l'Otan à un nouveau stade, en liant l'Alliance au système international de sécurité d'une manière entièrement nouvelle", a-t-il déclaré dans son premier grand discours sur sa vision de l'Otan.
Pour ce faire, son secrétaire général, arrivé en fonction en août 2009, énoncé trois grands points : "Premièrement, qu'à une époque d'insécurité mondiale, la défense de notre territoire" -mission originelle de l'Otan depuis sa création en 1949- doit se porter au delà de nos frontières".
"Secundo, que le succès dans la préservation de notre sécurité commune dépend de plus en plus de notre bonne coopération ou pas avec les autres".
"Tertio, que l'Otan devrait devenir un forum pour des consultations sur les questions de sécurité à l'échelle mondiale".
L'ancien Premier ministre danois a expliqué que c'était "notre expérience en Afghanistan" qui l'avait conduit à croire nécessaire de faire de l'Otan un tel "forum" international.
Mais, a-t-il affirmé, "pas comme un concurrent des Nations unies. Cela n'est ni possible ni désirable".
Prenant la parole à son tour, le ministre allemand de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg a de son côté insisté sur cette mise en garde: "Nous ne voulons pas entrer en compétition avec les Nations unies. Nous ne voulons pas faire de l'Otan une agence de sécurité mondiale", a-t-il également asséné.
En prévision de son prochain sommet prévu en novembre à Lisbonne, l'Otan est lancé dans une entreprise de réflexion sur le nouveau concept stratégique.
Le précédent document qui date de 1999 est devenu obsolète, en raison de l'aggravation de phénomènes anciens comme le terrorisme et la piraterie, le risque de conflits pour l'accès aux ressources naturelles, ou de l'apparition de nouvelles menaces comme la guerre cybernétique ou les conséquences du réchauffement climatique.
Le travail exploratoire a été confié à un comité de 12 sages présidé par l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright, présente à la Conférence de Munich.
M. Rasmussen avait rappelé auparavant qu'existaient déjà des partenariats institutionnels entre l'Otan et les pays méditerranéens, asiatiques ou moyen-orientaux.
Il a aussi insisté sur la coopération sur le terrain civilo-militaire avec l'Union européenne et les agences de l'ONU, mise en exergue par les opérations en Afghanistan.
"Pour moi, transformer l'Otan en une institution branchée sur le monde n'est pas affaire de choix, c'est une affaire de nécessité", a poursuivi M. Rasmussen.
"La mondialisation est un fait irréversible", a-t-il dit.
La réaction de la Russie n'a pas tardé à se faire entendre. Le président Dmitri Medvedev vient de signer un document sur la nouvelle stratégie militaire russe qui dépeint l'Otan comme un adversaire en puissance. Le document, publié sur le site internet du Kremlin, a classé au premier au premier rang des "principales menaces militaires extérieures" la tentative de l'Otan de "mondialiser ses activités en contravention des lois internationales".
Le texte évoque aussi les efforts de l'Otan "pour rapprocher ses infrastructures militaires des frontières russes, y compris en s'élargissant" à de nouveaux pays voisins de la Russie, question qui suscite des frictions entre les deux parties.
La Russie a exprimé sa vive opposition aux candidatures à l'Otan de deux anciennes républiques soviétiques, l'Ukraine et la Géorgie. Le conflit armé russo-géorgien d'août 2008 a provoqué un net refroidissement des relations Otan-Russie, qui n'ont été normalisées que tout récemment.
Au cours de la conférence sur la sécurité de Munich à laquelle il participait, le ministre russe de la Défense, Sergueï Pavlov, n'a pas manqué de critiquer de nouveau les "glissements vers l'Est" de l'Alliance atlantique.
Lundi passé, à l'Otan à Bruxelles, Anders Fogh Rasmussen a appelé à plus de coopération entre l'Otan et les pays membres de l'Initiative de Coopération d'Istanbul (ICI). C'est par l'ICI que l'Otan a, lors de son sommet à Istanbul en 2004, décidé d'étendre sa coopération concrète en matière de sécurité aux pays de la région du Moyen-Orient élargi, en commençant par les pays membres du Conseil.
Rasmussen s'est dit "surpris" samedi que la Russie considère toujours l'alliance occidentale comme un grave danger pour sa sécurité au moment même où leurs relations s'améliorent.
"J'ai été surpris que la Russie considère l'Otan comme la menace principale dans sa nouvelle doctrine stratégique. Cela ne reflète pas le monde réel", a-t-il déclaré, selon son porte-parole, James Appathurai.
Appelant implicitement les Occidentaux à se défaire du "triomphalisme" que, selon lui, ils ont manifesté "ces dernières décennies", autrement dit depuis la fin de la Guerre froide, il a ajouté que "L'Otan n'est pas un ennemi de la Russie. Nous voulons entretenir un partenariat stratégique avec la Russie car nous faisons face aux mêmes menaces".
Il a insisté sur les "faiblesses de l'OSCE" (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et promu le traité sur la nouvelle architecture de sécurité en Europe qu'a proposé M. Medvedev en juin 2008 à Berlin.
En outre, Rasmussen a exprimé le souhait de l'Otan d'entendre ce que les autorités et la société civile de Russie attendent de la nouvelle conception stratégique de l'Alliance. "Nous allons également saluer toutes les idées et toute l'information venant de la partie russe", a-t-il déclaré, en expliquant que l'Otan enverra prochainement à Moscou un groupe d'experts chargé d'élaborer la nouvelle conception stratégique de l'Alliance.
Le "groupe des sages" de l'Otan, présidé par l'ex-secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright, se rendra du 9 au 11 février prochains à Moscou pour discuter du projet de nouvelle stratégie de l'Alliance. N. S.


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