Le 8 mai 1945, l'Europe fêtait la victoire contre le nazisme. Ce jour là, jour de l'armistice signifiant la fin de la guerre en Europe, l'Algérie allait connaître un des événements les plus sanglants de son histoire. Suite à un soulèvement spontané des Algériens contre l'occupation coloniale française, une féroce répression devait s'abattre sur les populations de Sétif, Guelma, et Kherrata, dans l'est du pays. La mort d'un scout tué par la police française met le feu aux poudres à Sétif et dans les autres villes algériennes. Ce sera l'émeute. Un soulèvement appuyé par des militants nationalistes laissera place aux frustrations trop longtemps contenues. La répression qui s'est abattue sur des populations, étalée sur près de 10 jours, a provoqué la mort de 45.000 civils, sans oublier les milliers de blessés, d'emprisonnés envoyés dans des camps. Des massacres qui allaient marquer un tournant décisif est irréversible dans l'histoire de la colonisation de l'Algérie. Dès le 10 mai, la réaction française allait se caractériser par une répression féroce sur la population civile. A Sétif, Guelma, Kherrata, de terribles massacres ont été perpétrés. Sétif était cette étape cruciale. Rien ne sera plus comme avant. Le fossé qui séparait la population «indigène» des colons allait se creuser considérablement. Et pour cause, l'armée coloniale, conduite par le général Duval, «le boucher de Sétif», fusille, exécute, torture et viole tandis que l'aviation et la marine bombardent les villages. A Guelma, les avions de l'armée coloniale ont mitraillé des jours durant tout ce qui bougeait et à Kherrata, des familles entières sont jetées du haut d'un précipice. Il faut dire que le contexte de l'époque allait être favorable aux Algériens. Dans l'Algérie de l'après Seconde guerre mondiale, des mouvements de contestation sont observés et qui tournèrent souvent à de sanglantes émeutes anti-européennes dans l'est algérien. La donne internationale avait profondément évolué. Les puissances coloniales enregistraient des défaites qui ont remis en cause leurs suprématies militaires. La guerre a remis en question la place des puissances coloniales. Les Algériens, ceux qui ont échappé à la barbarie des nazis et qui ont participé aux batailles et campagnes dans les pays européens contre l'Allemagne nazie, sont de retour chez eux. Ils attendaient, chez eux, des changements à la hauteur du prix du sang que leurs camarades morts ont versé. Ils exigeaient l'égalité des droits avec les colons et le respect de leur identité pour service rendu et, pour toute réponse, aucune concession de la part de la France coloniale. La barbarie coloniale continue de s'exercer et d'une manière aveugle. L'après-guerre allait ainsi sonner le glas de la révolte et du changement. C'est comme cela que les Algériens voulurent marquer leur 8 mai 1945, jour de la reddition allemande et fin de la guerre en Europe. Les Algériens ne voulaient plus dépendre du code de l'indigénat. Un code officialisé en 1881 qui prévoyait l'instauration de pénalités exorbitantes de droit commun et une série de mesures relevant d'un droit parallèle discriminatoire ne s'appliquant qu'aux Algériens musulmans. Un code discriminatoire qui laissait sur le carreau presque toute la population autochtone et que les Algériens ont de tout temps contesté par des soulèvements très durement réprimés. Il reste que pour les Algériens, la lutte armée devenait le seul moyen de libération. Le 8 mai 1945 allait être une étape. Et, ce jour là, la marche pour la libération s'est mise en branle. Sadek Belhocine Le 8 mai 1945, l'Europe fêtait la victoire contre le nazisme. Ce jour là, jour de l'armistice signifiant la fin de la guerre en Europe, l'Algérie allait connaître un des événements les plus sanglants de son histoire. Suite à un soulèvement spontané des Algériens contre l'occupation coloniale française, une féroce répression devait s'abattre sur les populations de Sétif, Guelma, et Kherrata, dans l'est du pays. La mort d'un scout tué par la police française met le feu aux poudres à Sétif et dans les autres villes algériennes. Ce sera l'émeute. Un soulèvement appuyé par des militants nationalistes laissera place aux frustrations trop longtemps contenues. La répression qui s'est abattue sur des populations, étalée sur près de 10 jours, a provoqué la mort de 45.000 civils, sans oublier les milliers de blessés, d'emprisonnés envoyés dans des camps. Des massacres qui allaient marquer un tournant décisif est irréversible dans l'histoire de la colonisation de l'Algérie. Dès le 10 mai, la réaction française allait se caractériser par une répression féroce sur la population civile. A Sétif, Guelma, Kherrata, de terribles massacres ont été perpétrés. Sétif était cette étape cruciale. Rien ne sera plus comme avant. Le fossé qui séparait la population «indigène» des colons allait se creuser considérablement. Et pour cause, l'armée coloniale, conduite par le général Duval, «le boucher de Sétif», fusille, exécute, torture et viole tandis que l'aviation et la marine bombardent les villages. A Guelma, les avions de l'armée coloniale ont mitraillé des jours durant tout ce qui bougeait et à Kherrata, des familles entières sont jetées du haut d'un précipice. Il faut dire que le contexte de l'époque allait être favorable aux Algériens. Dans l'Algérie de l'après Seconde guerre mondiale, des mouvements de contestation sont observés et qui tournèrent souvent à de sanglantes émeutes anti-européennes dans l'est algérien. La donne internationale avait profondément évolué. Les puissances coloniales enregistraient des défaites qui ont remis en cause leurs suprématies militaires. La guerre a remis en question la place des puissances coloniales. Les Algériens, ceux qui ont échappé à la barbarie des nazis et qui ont participé aux batailles et campagnes dans les pays européens contre l'Allemagne nazie, sont de retour chez eux. Ils attendaient, chez eux, des changements à la hauteur du prix du sang que leurs camarades morts ont versé. Ils exigeaient l'égalité des droits avec les colons et le respect de leur identité pour service rendu et, pour toute réponse, aucune concession de la part de la France coloniale. La barbarie coloniale continue de s'exercer et d'une manière aveugle. L'après-guerre allait ainsi sonner le glas de la révolte et du changement. C'est comme cela que les Algériens voulurent marquer leur 8 mai 1945, jour de la reddition allemande et fin de la guerre en Europe. Les Algériens ne voulaient plus dépendre du code de l'indigénat. Un code officialisé en 1881 qui prévoyait l'instauration de pénalités exorbitantes de droit commun et une série de mesures relevant d'un droit parallèle discriminatoire ne s'appliquant qu'aux Algériens musulmans. Un code discriminatoire qui laissait sur le carreau presque toute la population autochtone et que les Algériens ont de tout temps contesté par des soulèvements très durement réprimés. Il reste que pour les Algériens, la lutte armée devenait le seul moyen de libération. Le 8 mai 1945 allait être une étape. Et, ce jour là, la marche pour la libération s'est mise en branle. Sadek Belhocine