L'auteur, à travers l'histoire qu'il relate sur ces Algériens qui avaient émigré vers la Syrie, réactive comme à rebours du temps le mythe de la grande nation arabe en la faisant remonter loin dans l'histoire, à ces moments précisément où celle-ci n'existait pas. L'auteur, à travers l'histoire qu'il relate sur ces Algériens qui avaient émigré vers la Syrie, réactive comme à rebours du temps le mythe de la grande nation arabe en la faisant remonter loin dans l'histoire, à ces moments précisément où celle-ci n'existait pas. Si on l'expurge de sa carapace idéologique, le nouveau livre de Kamel Bouchama, «Les Algériens de Bilâd ec-Shâm, de Sidi Boumediene à l'Emir Abdelkader (1187-1911)» édité par les éditions Juba, peut être un très bon manuel d'histoire de l'émigration algérienne vers le Moyen-Orient. L'auteur, il faut le dire, à travers l'histoire qu'il relate sur ces Algériens qui avaient émigré vers la Syrie, réactive comme à rebours du temps le mythe de la grande nation arabe en la faisant remonter loin dans l'histoire, à ces moments précisément où celle-ci n'existait pas. N'empêche le livre présente l'intérêt particulier de ne pas lier l'émigration algérienne vers le Moyen-Orient à la présence française en Algérie à partir de 1830. Les historiens qui avaient abordé auparavant le sujet se sont tous appesantis sur cette époque. Bouchama a donc fait le lien avec les Croisades du Xe siècle, qui avaient mis aux prises chrétiens et musulmans. L'auteur soulignera la présence algérienne à Jérusalem (El Qods) en rappelant que le saint patron de Tlemcen, Sidi Boumediene, y a laissé des biens (qui sont devenus des biens wakf) lors de son passage dans cette ville de Palestine dans les années 1180. Il fera remonter la fondation du quartier maghrébin «point de chute pour tant de pèlerins venus du Maghreb» à l'époque des croisades. De facture apologétique, l'écrit de Bouchama se veut un hommage appuyé à nos ancêtres dont il veut souligner la grandeur d'âme, eux qui ont soutenu Saladin (Salâh ad-Dîn Yûsuf al Ayyoubi) dans son combat contre les croisés francs. L'autre volet du livre aborde l'émigration algérienne vers la Syrie du XIXe siècle, celle consécutive au débarquement du corps expéditionnaire français en Algérie. On verra alors comment les confréries religieuses et les notables religieux seront amenés à prôner le départ vers le Bilad ec-Shâm. La Kabylie sous l'égide de la Rahmaniyya notamment s'illustrera en ce domaine. Des familles par milliers prendront le chemin de l'exil. Pour l'auteur «l'exode (…) s'inscrit dans l'Histoire du militantisme du peuple algérien». Le lecteur trouvera une foultitude d'informations sur les villages qu'ont fondés ces Algériens ainsi que les villes qu'ils ont habitées. Il restitue aussi le contexte géopolitique de l'époque dominé par les agissements de la France, de l'empire ottoman, de l'Angleterre, et dans un degré moindre de l'Allemagne et de l'Italie. Les Algériens ayant fui le colonialisme français se retrouveront ballottés entre les Turcs et les Français, les uns et les autres les considérant comme ressortissants de leurs pays respectifs mais quand sonnera le glas de l'empire ottoman, la Syrie tombera désormais entre les mains des Français, ceux-là mêmes que les Algériens avaient fuis quelques années plus tôt ! Et ce n'est pas fini. Par exemple les gens qui avaient accompagné dans son exil en Palestine Bensalem, khalife de l'Emir Abdelkader pour la Kabylie, se retrouveront en pleine guerre contre les sionistes. Les Algériens sont les premiers à s'enrôler dans le mouvement de libération de la Palestine. On saura aussi beaucoup sur l'émir Abdelkader et sa famille. L'épisode de l'intervention du chef de la résistance algérienne contre le massacre à Damas des Chrétiens par les Druzes est restitué avec moult détails. L'auteur insiste sur l'osmose existant entre Algériens et Syriens en mettant en exergue l'importance du personnel politique et de la Culture issu de l'immigration algérienne à Damas. Beaucoup de ministres et de responsables dans le gouvernement syrien sont d'origine algérienne. Bouchama justifie son ouvrage par le désir de contribuer «à la correction d'une mentalité que véhiculent malheureusement, jusqu'à maintenant, certains Européens, pour ne pas dire la majorité» Et d'ajouter : «Nous devons, selon eux, souffrir du complexe de n'avoir pas contribué, ni même alimenté l'Histoire ancienne et contemporaine, comme nous devons vivre les frustrations pour n'avoir pas été le berceau de l'universalité et de progrès». Pour rappel, Kamel Bouchama a été ministre et ambassadeur d'Algérie en Syrie. «Les Algériens de Bilâd ec-Shâm, de Sidi Boumediene à l'Emir Abdelkader (1187-1911)», de Kamel Bouchama, Editions Juba, Alger, 2010, 343 pages Si on l'expurge de sa carapace idéologique, le nouveau livre de Kamel Bouchama, «Les Algériens de Bilâd ec-Shâm, de Sidi Boumediene à l'Emir Abdelkader (1187-1911)» édité par les éditions Juba, peut être un très bon manuel d'histoire de l'émigration algérienne vers le Moyen-Orient. L'auteur, il faut le dire, à travers l'histoire qu'il relate sur ces Algériens qui avaient émigré vers la Syrie, réactive comme à rebours du temps le mythe de la grande nation arabe en la faisant remonter loin dans l'histoire, à ces moments précisément où celle-ci n'existait pas. N'empêche le livre présente l'intérêt particulier de ne pas lier l'émigration algérienne vers le Moyen-Orient à la présence française en Algérie à partir de 1830. Les historiens qui avaient abordé auparavant le sujet se sont tous appesantis sur cette époque. Bouchama a donc fait le lien avec les Croisades du Xe siècle, qui avaient mis aux prises chrétiens et musulmans. L'auteur soulignera la présence algérienne à Jérusalem (El Qods) en rappelant que le saint patron de Tlemcen, Sidi Boumediene, y a laissé des biens (qui sont devenus des biens wakf) lors de son passage dans cette ville de Palestine dans les années 1180. Il fera remonter la fondation du quartier maghrébin «point de chute pour tant de pèlerins venus du Maghreb» à l'époque des croisades. De facture apologétique, l'écrit de Bouchama se veut un hommage appuyé à nos ancêtres dont il veut souligner la grandeur d'âme, eux qui ont soutenu Saladin (Salâh ad-Dîn Yûsuf al Ayyoubi) dans son combat contre les croisés francs. L'autre volet du livre aborde l'émigration algérienne vers la Syrie du XIXe siècle, celle consécutive au débarquement du corps expéditionnaire français en Algérie. On verra alors comment les confréries religieuses et les notables religieux seront amenés à prôner le départ vers le Bilad ec-Shâm. La Kabylie sous l'égide de la Rahmaniyya notamment s'illustrera en ce domaine. Des familles par milliers prendront le chemin de l'exil. Pour l'auteur «l'exode (…) s'inscrit dans l'Histoire du militantisme du peuple algérien». Le lecteur trouvera une foultitude d'informations sur les villages qu'ont fondés ces Algériens ainsi que les villes qu'ils ont habitées. Il restitue aussi le contexte géopolitique de l'époque dominé par les agissements de la France, de l'empire ottoman, de l'Angleterre, et dans un degré moindre de l'Allemagne et de l'Italie. Les Algériens ayant fui le colonialisme français se retrouveront ballottés entre les Turcs et les Français, les uns et les autres les considérant comme ressortissants de leurs pays respectifs mais quand sonnera le glas de l'empire ottoman, la Syrie tombera désormais entre les mains des Français, ceux-là mêmes que les Algériens avaient fuis quelques années plus tôt ! Et ce n'est pas fini. Par exemple les gens qui avaient accompagné dans son exil en Palestine Bensalem, khalife de l'Emir Abdelkader pour la Kabylie, se retrouveront en pleine guerre contre les sionistes. Les Algériens sont les premiers à s'enrôler dans le mouvement de libération de la Palestine. On saura aussi beaucoup sur l'émir Abdelkader et sa famille. L'épisode de l'intervention du chef de la résistance algérienne contre le massacre à Damas des Chrétiens par les Druzes est restitué avec moult détails. L'auteur insiste sur l'osmose existant entre Algériens et Syriens en mettant en exergue l'importance du personnel politique et de la Culture issu de l'immigration algérienne à Damas. Beaucoup de ministres et de responsables dans le gouvernement syrien sont d'origine algérienne. Bouchama justifie son ouvrage par le désir de contribuer «à la correction d'une mentalité que véhiculent malheureusement, jusqu'à maintenant, certains Européens, pour ne pas dire la majorité» Et d'ajouter : «Nous devons, selon eux, souffrir du complexe de n'avoir pas contribué, ni même alimenté l'Histoire ancienne et contemporaine, comme nous devons vivre les frustrations pour n'avoir pas été le berceau de l'universalité et de progrès». Pour rappel, Kamel Bouchama a été ministre et ambassadeur d'Algérie en Syrie. «Les Algériens de Bilâd ec-Shâm, de Sidi Boumediene à l'Emir Abdelkader (1187-1911)», de Kamel Bouchama, Editions Juba, Alger, 2010, 343 pages