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La journaliste Katiba Hocine nous ramène à 1969
Elle a couvert le premier Panaf
Publié dans Le Midi Libre le 26 - 08 - 2010

La guerre et la lutte armée étaient encore dans toutes les mémoires. On avait soif de liberté et on appréciait chaque moment qui s'offrait à nous à l'époque. Le Panaf, c'était 12 jours de spectacle à couper le souffle.
La guerre et la lutte armée étaient encore dans toutes les mémoires. On avait soif de liberté et on appréciait chaque moment qui s'offrait à nous à l'époque. Le Panaf, c'était 12 jours de spectacle à couper le souffle.
C'était il y a quarante ans ! «L'Algérie avait tout juste sept années d'indépendance et le Festival culturel Panafricain était le premier événement du pays libre. L'Afrique a fait son entrée en Algérie par sa culture. On ne peut pas oublier un si grand moment de l'histoire de notre pays et de la culture africaine», se souvient Katiba Hocine. «Comme tous les Algériens, j'ai gardé une vision monoculaire du 1er Festival. C'était pour nous une grande découverte, il n'y avait pas besoin d'explications pédagogiques à ce moment qui se veut, justement, historique», dit-elle.  60 ans depuis le 11 mai dernier, Katiba avait 20 ans en 1969 : «Le plus bel âge pour croquer la liberté à pleines dents. La guerre et la lutte armée étaient encore dans toutes les mémoires On avait soif de liberté et on appréciait chaque moment qui s'offrait à nous à l'époque. Le Panaf, c'était 12 jours de spectacle (ndlr : du 21 juillet au 1er août 1969) à couper le souffle».
Pour tout le continent africain et même au-delà, «l'Algérie était un symbole, un exemple à suivre dans la grande marche vers la décolonisation», lance fièrement cette dame qui a consacré une grande partie de sa vie à la Chaîne III de la Radio algérienne à raconter la Révolution, ses grandes dates, les hommes qui ont marqué l'histoire des sept années de la Guerre d'Algérie. Son émission hebdomadaire, «Les Amis de Katiba », c'est «Pour que nul n'oublie, pour les générations d'aujourd'hui et de demain», précise-t-elle. Et d'autres émissions radio: «Féminin pluriel» (1974), «Diapason» (1995), «Dhikrayate, la Brocante du temps qui passe» et «Marhaba» avec l'ENTV (2001). Durant les années 60 et 70, notre pays était la «Mecque des Mouvements révolutionnaires». En ce temps-là, Katiba, comme tant d'autres Algériennes, était jeune, pleine de vigueur et d'énergie. Elle avait treize ans à l'indépendance, mais la guerre l'avait profondément marquée. Fille de La Casbah, elle a grandi à Bab El-Oued, au cœur même de la tragédie et des événements : «Comment pouvait-il en être autrement ? Comme beaucoup de gens, j'ai été choquée, traumatisée dans mon enfance», se souvient-elle encore. Nous sommes en 2009 et, en véritable machine à remonter le temps, elle nous ramène 40 années auparavant : «Après 1962, l'Algérie, citoyens et dirigeants, sont restés un peuple engagé aux côtés des causes justes : la Palestine, Cuba du leader Maximo (Fidel Castro) et, naturellement, l'Afrique avec la Rhodésie, l'Afrique du Sud de Nelson Mandéla, le Congo et d'autres pays qui poursuivaient la lutte pour le recouvrement de leur liberté. A travers les cinq continents, des peuples vivaient encore dans la douleur». Et c'est ainsi que l'Afrique de la culture «débarque» à Alger : «C'était la première fois dans l'histoire du continent qu'un plateau de couleurs, de folklore, de chants et de danses africains d'une telle dimension était réuni.
C'était naturel, la culture à l'état brut, originel; des vibrations dans les voix de ces ensembles et chœurs qui chantaient avec les tripes», raconte Katiba Hocine. A 20 ans, elle travaillait avec feu Ahmed Asselah au service du protocole du Panaf, basé au 126 ter, rue Didouche-Mourad. «On était chargés de l'accueil des personnalités culturelles à l'aéroport de Dar El-Beïda et leur accompagnement dans les hôtels. Je me souviens qu'on avait installé Myriam Makeba à l'hôtel El-Djazaïr, Nina Simone au Safir, Manu Dibango, etc.», raconte Katiba. Elle se rappelle de «ce concert mythique du saxophoniste Archie Shepp, venu de Philadelphie, avec de superbes improvisations avec des musiciens algériens. Et, bien sûr, de la dame de Soweto, Myriam Makeba qui était l'icône du festival de 1969 avec la célèbre chanson Africa, écrite par Mustapha Toumi […]».
Elle garde dans ses souvenirs cette ambiance indescriptible dans Alger, mais, ce qui a marqué le plus l'époque, c'est la virée à pied du Président Houari Boumediène et de son homologue de Guinée-Bissau et du Cap Vert, Amílcar Cabral, l'un des plus importants théoriciens de la Révolution africaine. C'était magistral ! C'est Amílcar Cabral qui avait dit qu'Alger est devenue la «Mecque des révolutionnaires». Elle se souvient encore de ce ministre de l'Information et de la Culture de l'époque, feu Mohamed-Seddik Benyahia qui les accompagnait… Le Panaf, en 1969, «les spectacles étaient destinés au peuple, il y avait des représentations partout : au stade El-Annassers, El-Mouggar, Afrique, Atlas, la rue Mohamed Bélouizdad. Hachemi Guerouabi a chanté à la Grande Poste […] ». Et, du coup, l'Algérie se découvrait africaine. La guerre de Libération de l'Algérie a encouragé énormément de mouvements de libérations de par le monde. Même les Black Panthers étaient à Alger, en 1969 : «Ils avaient un bureau rue Didouche-Mourad, à côté du cinéma Algeria», se souvient encore Katiba Hocine. Un des points communs entre l'Algérie et les Black Panthers : « Un personnage important : Frantz Fanon, cet homme qui devint algérien inspira beaucoup par ses écrits les Blacks Panthers», tient-elle à préciser.
Dame d'une grande culture, cette mère de quatre enfants a tenu à être présente sur les ondes de la Chaîne III pour raconter le 1er Panaf dans une émission de Malika Lafer. Malgré la maladie, le lourd poids des ans, elle demeure lucide, la mémoire vivace.
Durant le Festival, Katiba se déplaçait avec une amie, dans une… 2 cv décapotable : «C'était super, nous étions noyées au milieu des DS, des 504 et des 403 officielles. On avait nos badges pour pouvoir circuler, c'était drôle… ». Elle se souvient aussi de la première fois où elle avait rencontré le président Houari Boumediène à Club des Pins : « On préparait le Symposium du Festival, organisé sous l'égide de l'OUA et qui avait adopté le Manifeste culturel panafricain. Le président s'est déplacé pour nous encourager, nous motiver. C'était un grand moment pour moi ! », se souvient-elle.
Une 2e édition du Festival culturel panafricain à Alger «est une initiative louable qui va donner la chance à notre jeunesse de retrouver l'Afrique dans sa diversité. En 1969, c'était pour dénoncer le colonialisme et les séquelles du néocolonialisme. Aujourd'hui, autre époque, autres préoccupations, autres difficultés pour nous et pour l'Afrique. Mais, la culture est toujours là, forte. L'Algérie aussi, heureusement !», nous confie Katiba Hocine. Et de conclure: «En 1969, je ne pensais pas que mon fils ferait le même travail que moi dans le cadre du 2e Festival. L'Afrique est la bienvenue chez nous ».
In El Djadel Hors série N°01
spécial Panaf
C'était il y a quarante ans ! «L'Algérie avait tout juste sept années d'indépendance et le Festival culturel Panafricain était le premier événement du pays libre. L'Afrique a fait son entrée en Algérie par sa culture. On ne peut pas oublier un si grand moment de l'histoire de notre pays et de la culture africaine», se souvient Katiba Hocine. «Comme tous les Algériens, j'ai gardé une vision monoculaire du 1er Festival. C'était pour nous une grande découverte, il n'y avait pas besoin d'explications pédagogiques à ce moment qui se veut, justement, historique», dit-elle.  60 ans depuis le 11 mai dernier, Katiba avait 20 ans en 1969 : «Le plus bel âge pour croquer la liberté à pleines dents. La guerre et la lutte armée étaient encore dans toutes les mémoires On avait soif de liberté et on appréciait chaque moment qui s'offrait à nous à l'époque. Le Panaf, c'était 12 jours de spectacle (ndlr : du 21 juillet au 1er août 1969) à couper le souffle».
Pour tout le continent africain et même au-delà, «l'Algérie était un symbole, un exemple à suivre dans la grande marche vers la décolonisation», lance fièrement cette dame qui a consacré une grande partie de sa vie à la Chaîne III de la Radio algérienne à raconter la Révolution, ses grandes dates, les hommes qui ont marqué l'histoire des sept années de la Guerre d'Algérie. Son émission hebdomadaire, «Les Amis de Katiba », c'est «Pour que nul n'oublie, pour les générations d'aujourd'hui et de demain», précise-t-elle. Et d'autres émissions radio: «Féminin pluriel» (1974), «Diapason» (1995), «Dhikrayate, la Brocante du temps qui passe» et «Marhaba» avec l'ENTV (2001). Durant les années 60 et 70, notre pays était la «Mecque des Mouvements révolutionnaires». En ce temps-là, Katiba, comme tant d'autres Algériennes, était jeune, pleine de vigueur et d'énergie. Elle avait treize ans à l'indépendance, mais la guerre l'avait profondément marquée. Fille de La Casbah, elle a grandi à Bab El-Oued, au cœur même de la tragédie et des événements : «Comment pouvait-il en être autrement ? Comme beaucoup de gens, j'ai été choquée, traumatisée dans mon enfance», se souvient-elle encore. Nous sommes en 2009 et, en véritable machine à remonter le temps, elle nous ramène 40 années auparavant : «Après 1962, l'Algérie, citoyens et dirigeants, sont restés un peuple engagé aux côtés des causes justes : la Palestine, Cuba du leader Maximo (Fidel Castro) et, naturellement, l'Afrique avec la Rhodésie, l'Afrique du Sud de Nelson Mandéla, le Congo et d'autres pays qui poursuivaient la lutte pour le recouvrement de leur liberté. A travers les cinq continents, des peuples vivaient encore dans la douleur». Et c'est ainsi que l'Afrique de la culture «débarque» à Alger : «C'était la première fois dans l'histoire du continent qu'un plateau de couleurs, de folklore, de chants et de danses africains d'une telle dimension était réuni.
C'était naturel, la culture à l'état brut, originel; des vibrations dans les voix de ces ensembles et chœurs qui chantaient avec les tripes», raconte Katiba Hocine. A 20 ans, elle travaillait avec feu Ahmed Asselah au service du protocole du Panaf, basé au 126 ter, rue Didouche-Mourad. «On était chargés de l'accueil des personnalités culturelles à l'aéroport de Dar El-Beïda et leur accompagnement dans les hôtels. Je me souviens qu'on avait installé Myriam Makeba à l'hôtel El-Djazaïr, Nina Simone au Safir, Manu Dibango, etc.», raconte Katiba. Elle se rappelle de «ce concert mythique du saxophoniste Archie Shepp, venu de Philadelphie, avec de superbes improvisations avec des musiciens algériens. Et, bien sûr, de la dame de Soweto, Myriam Makeba qui était l'icône du festival de 1969 avec la célèbre chanson Africa, écrite par Mustapha Toumi […]».
Elle garde dans ses souvenirs cette ambiance indescriptible dans Alger, mais, ce qui a marqué le plus l'époque, c'est la virée à pied du Président Houari Boumediène et de son homologue de Guinée-Bissau et du Cap Vert, Amílcar Cabral, l'un des plus importants théoriciens de la Révolution africaine. C'était magistral ! C'est Amílcar Cabral qui avait dit qu'Alger est devenue la «Mecque des révolutionnaires». Elle se souvient encore de ce ministre de l'Information et de la Culture de l'époque, feu Mohamed-Seddik Benyahia qui les accompagnait… Le Panaf, en 1969, «les spectacles étaient destinés au peuple, il y avait des représentations partout : au stade El-Annassers, El-Mouggar, Afrique, Atlas, la rue Mohamed Bélouizdad. Hachemi Guerouabi a chanté à la Grande Poste […] ». Et, du coup, l'Algérie se découvrait africaine. La guerre de Libération de l'Algérie a encouragé énormément de mouvements de libérations de par le monde. Même les Black Panthers étaient à Alger, en 1969 : «Ils avaient un bureau rue Didouche-Mourad, à côté du cinéma Algeria», se souvient encore Katiba Hocine. Un des points communs entre l'Algérie et les Black Panthers : « Un personnage important : Frantz Fanon, cet homme qui devint algérien inspira beaucoup par ses écrits les Blacks Panthers», tient-elle à préciser.
Dame d'une grande culture, cette mère de quatre enfants a tenu à être présente sur les ondes de la Chaîne III pour raconter le 1er Panaf dans une émission de Malika Lafer. Malgré la maladie, le lourd poids des ans, elle demeure lucide, la mémoire vivace.
Durant le Festival, Katiba se déplaçait avec une amie, dans une… 2 cv décapotable : «C'était super, nous étions noyées au milieu des DS, des 504 et des 403 officielles. On avait nos badges pour pouvoir circuler, c'était drôle… ». Elle se souvient aussi de la première fois où elle avait rencontré le président Houari Boumediène à Club des Pins : « On préparait le Symposium du Festival, organisé sous l'égide de l'OUA et qui avait adopté le Manifeste culturel panafricain. Le président s'est déplacé pour nous encourager, nous motiver. C'était un grand moment pour moi ! », se souvient-elle.
Une 2e édition du Festival culturel panafricain à Alger «est une initiative louable qui va donner la chance à notre jeunesse de retrouver l'Afrique dans sa diversité. En 1969, c'était pour dénoncer le colonialisme et les séquelles du néocolonialisme. Aujourd'hui, autre époque, autres préoccupations, autres difficultés pour nous et pour l'Afrique. Mais, la culture est toujours là, forte. L'Algérie aussi, heureusement !», nous confie Katiba Hocine. Et de conclure: «En 1969, je ne pensais pas que mon fils ferait le même travail que moi dans le cadre du 2e Festival. L'Afrique est la bienvenue chez nous ».
In El Djadel Hors série N°01
spécial Panaf


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