Lounis Aït Menguellet va retrouver son public de la salle Atlas à Alger demain à partir de 22 h 30. Si l'affiche a été retenue dans le cadre du programme spécial Ramadhan 2010 mis au point par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), il n'en demeure pas moins qu'elle signe le retour sur la scène algéroise de celui qui vient tout juste de sortir son nouvel album « Tawriqt tacebhant » (la feuille blanche). Lounis Aït Menguellet va retrouver son public de la salle Atlas à Alger demain à partir de 22 h 30. Si l'affiche a été retenue dans le cadre du programme spécial Ramadhan 2010 mis au point par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), il n'en demeure pas moins qu'elle signe le retour sur la scène algéroise de celui qui vient tout juste de sortir son nouvel album « Tawriqt tacebhant » (la feuille blanche). Le ciseleur du verbe kabyle a toujours soutenu qu'un chanteur ne peut produire une œuvre nouvelle tant qu'il n'avait rien à dire. Aït Menguellet a dû donc attendre cinq années avant de pouvoir renouer avec sa muse. Et ça a donné le titre du nouvel album de sept chansons «Tawriqt Tacebhant». Aït Menguellet veut-il peut-être tourner la page? C'est l'angoisse de dire la vie, de dire la propension à la transcendance pour aller vers le divin, la peur de ne pouvoir s'abreuver à la source de la parole première On entendra le poète du reste s'écrier : « Je me suis réveillé de bonheur/avec la volonté ferme d'écrire/La feuille vierge m'attendait/ Que vais-je lui raconter/je redoutais de m'y mettre/Et que la raison vienne à me manquer/Peut-être pense-t-elle à un arbre/Pour qu'elle puisse s'y adosser/La feuille blanche reste figée/L'encre se refusant à la noircir ». La feuille blanche s'oppose à la feuille noire, noircie par l'encre mais aussi par la vie et ses vicissitudes. Comment vivre sur l'effacement des souvenirs, des sensations, des événements, dont la feuille blanche demeure le parfait miroir ? La relation charnelle qui lie le poète à « Tawriqt » imaginée comme femme fantomatique, pubère et rétive à recevoir la semence, ici l'encre, régénérateur de la vie ; mais aussi prête, quoique hésitante à se livrer à l'acte fécondateur du stylo, ici, métaphore du travail phallique. La frigidité de la feuille blanche établit une relation métonymique avec le corps du poète. La feuille lui transmet la frigidité qui paralyse ses membres et il se sent plus que jamais menacé par la stérilité. Le voici dans le désarroi, dans une évolution labyrinthique. Et pourtant le poète s'en sort au moment où il croit que tout est perdu : « J'allais sortir, résigné/La raison continuait de me tourner le dos /Je me retournai, pourtant/Pour scruter la feuille blanche/J'y ai trouvé accouchés les mots/De tout ce que je venais de décrire/Telles des hirondelles/Sur un fil perchées/La feuille blanche est chargée/Noircie par l'encre. »Ainsi le poète sort de l'impasse où il moisissait et avait risqué sa « peau ». La résurrection se fait pour ainsi dire dans une peau neuve. Lounis, le père, ne craint-il pas l'innovation qu'introduit dans son œuvre, son fils Djaffar ? C'est une appréhension qui a plutôt trouvé une issue heureuse et féconde. Le poète continue l'œuvre au travers de celle de son enfant et ce dernier continue d'une certaine façon celle de son père au travers de la sienne propre. La feuille blanche est en même temps effacement du passé et anticipation sur l'avenir. Elle est peut-être l'incarnation matérielle du laps de temps qui sépare deux instants d'expression et de création. Mais aussi deux générations. Aït Menguellet est-il sûr de travailler encore pour la culture berbère, ne s'écarte-t-il pas de l'humus des origines ? Il avait débuté sa carrière avec le souci constant de la sobriété instrumentale, ne tolérant dans son « orchestre » qu'un nombre réduit d'instruments pour jouer ses morceaux, et ce n'est que sur le tard, qu'il envisage la possibilité de composer des chansons plus « sonorisées ». N'empêche, on peut toujours s'évertuer à trouver des subdivisions à la carrière artistique de Lounis. Les uns trouveront qu'elle est composée de deux phases, celle des débuts consacrée à la chanson d'amour, et celle qui a marqué son engagement politique en faveur de la culture berbère ; les autres la diviseront entre la période d'avant Djaffar et celle d'après, mais si ces subdivisions peuvent en réalité aider sur le plan de la pédagogie à faire l'approche d'une œuvre, elle ne saurait par contre complètement l'épuiser. « Inad Umghar » (Le sage a dit) à lui seul, c'est le titre de l'opus sorti il y a cinq ans, peut renvoyer à une autre phase, celle de la désillusion pas rapport aux siens surtout, par rapport au nouveau pouvoir qui émerge dans la mouvance de la militance berbère. Lounis Aït Menguellet est resté tout de même toujours égal à lui-même, il vit toujours dans son village haut perché d'Ighil Bbamas car il estime que « la vie au village n'est pas aussi ennuyeuse qu'on le pense. » Se réveiller dans l'endroit qui nous a vus naitre, ça fait toujours quelque chose aimait-il à dire. Pour Aït Menguellet, la possibilité d'écrire sur la feuille blanche, de continuer à vivre tout simplement, est à coup sûr inséparable de l'espace natal. Le ciseleur du verbe kabyle a toujours soutenu qu'un chanteur ne peut produire une œuvre nouvelle tant qu'il n'avait rien à dire. Aït Menguellet a dû donc attendre cinq années avant de pouvoir renouer avec sa muse. Et ça a donné le titre du nouvel album de sept chansons «Tawriqt Tacebhant». Aït Menguellet veut-il peut-être tourner la page? C'est l'angoisse de dire la vie, de dire la propension à la transcendance pour aller vers le divin, la peur de ne pouvoir s'abreuver à la source de la parole première On entendra le poète du reste s'écrier : « Je me suis réveillé de bonheur/avec la volonté ferme d'écrire/La feuille vierge m'attendait/ Que vais-je lui raconter/je redoutais de m'y mettre/Et que la raison vienne à me manquer/Peut-être pense-t-elle à un arbre/Pour qu'elle puisse s'y adosser/La feuille blanche reste figée/L'encre se refusant à la noircir ». La feuille blanche s'oppose à la feuille noire, noircie par l'encre mais aussi par la vie et ses vicissitudes. Comment vivre sur l'effacement des souvenirs, des sensations, des événements, dont la feuille blanche demeure le parfait miroir ? La relation charnelle qui lie le poète à « Tawriqt » imaginée comme femme fantomatique, pubère et rétive à recevoir la semence, ici l'encre, régénérateur de la vie ; mais aussi prête, quoique hésitante à se livrer à l'acte fécondateur du stylo, ici, métaphore du travail phallique. La frigidité de la feuille blanche établit une relation métonymique avec le corps du poète. La feuille lui transmet la frigidité qui paralyse ses membres et il se sent plus que jamais menacé par la stérilité. Le voici dans le désarroi, dans une évolution labyrinthique. Et pourtant le poète s'en sort au moment où il croit que tout est perdu : « J'allais sortir, résigné/La raison continuait de me tourner le dos /Je me retournai, pourtant/Pour scruter la feuille blanche/J'y ai trouvé accouchés les mots/De tout ce que je venais de décrire/Telles des hirondelles/Sur un fil perchées/La feuille blanche est chargée/Noircie par l'encre. »Ainsi le poète sort de l'impasse où il moisissait et avait risqué sa « peau ». La résurrection se fait pour ainsi dire dans une peau neuve. Lounis, le père, ne craint-il pas l'innovation qu'introduit dans son œuvre, son fils Djaffar ? C'est une appréhension qui a plutôt trouvé une issue heureuse et féconde. Le poète continue l'œuvre au travers de celle de son enfant et ce dernier continue d'une certaine façon celle de son père au travers de la sienne propre. La feuille blanche est en même temps effacement du passé et anticipation sur l'avenir. Elle est peut-être l'incarnation matérielle du laps de temps qui sépare deux instants d'expression et de création. Mais aussi deux générations. Aït Menguellet est-il sûr de travailler encore pour la culture berbère, ne s'écarte-t-il pas de l'humus des origines ? Il avait débuté sa carrière avec le souci constant de la sobriété instrumentale, ne tolérant dans son « orchestre » qu'un nombre réduit d'instruments pour jouer ses morceaux, et ce n'est que sur le tard, qu'il envisage la possibilité de composer des chansons plus « sonorisées ». N'empêche, on peut toujours s'évertuer à trouver des subdivisions à la carrière artistique de Lounis. Les uns trouveront qu'elle est composée de deux phases, celle des débuts consacrée à la chanson d'amour, et celle qui a marqué son engagement politique en faveur de la culture berbère ; les autres la diviseront entre la période d'avant Djaffar et celle d'après, mais si ces subdivisions peuvent en réalité aider sur le plan de la pédagogie à faire l'approche d'une œuvre, elle ne saurait par contre complètement l'épuiser. « Inad Umghar » (Le sage a dit) à lui seul, c'est le titre de l'opus sorti il y a cinq ans, peut renvoyer à une autre phase, celle de la désillusion pas rapport aux siens surtout, par rapport au nouveau pouvoir qui émerge dans la mouvance de la militance berbère. Lounis Aït Menguellet est resté tout de même toujours égal à lui-même, il vit toujours dans son village haut perché d'Ighil Bbamas car il estime que « la vie au village n'est pas aussi ennuyeuse qu'on le pense. » Se réveiller dans l'endroit qui nous a vus naitre, ça fait toujours quelque chose aimait-il à dire. Pour Aït Menguellet, la possibilité d'écrire sur la feuille blanche, de continuer à vivre tout simplement, est à coup sûr inséparable de l'espace natal.