Le professeur M'Hand Berkouk est Directeur du Centre de recherches stratégiques et sécuritaires (CRSS) d'Alger. Il est également enseignant et chercheur en sciences politiques et relations internationales à l'université d'Alger 3. Au troisième jour de l'intervention militaire en Libye, il nous parle de l'objectif principal de l'organisation onusienne, de l'abstention de certains pays de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité et de leur rôle dans cette action. Aussi, il porte des éclaircissements quant aux retombées régionales d'une telle offensive, la première du genre dans un pays maghrébin. Suivons l'exposé du politologue… Le Midi Libre : la guerre vient d'éclater entre la coalition internationale, mandatée par le Conseil de sécurité de l'ONU, et les forces de Kadhafi. Quelle est votre lecture? M'Hand Berkouk : la résolution 1973 a engagé un certain nombre d'actions qui visent non pas seulement à mettre fin à la violence dont souffre la Libye mais aussi au système de Mouammar Kadhafi. La révolution, qui a ouvert la boite Condor* à toute l'insécurité, s'inscrit dans le chapitre 7 de la charte des Nations unies qui obligent les 122 Etats membres à recourir à la force contre les pays membres tout en refusant le caractère occupant. Pour ce qui est du cas de la Libye, je tiens à préciser qu'il n'y a pas de rebelles mais de manifestations pacifiques. Ce pays a vécu longtemps un blocus international. L'action militaire internationale en Libye, je vous le rappelle, vise à mettre fin au régime de Kadhafi. Cependant, je crains que l'anarchie politico sécuritaire meublera le quotidien de la Libye. Comment qualifiez-vous les positions prises par la Chine, la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde ? Sachant que le Conseil précise qu'il est exclu le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit. La résolution a été adoptée sans opposition, mais avec des abstentions. Toutefois c'est un consensus de paix et de sécurité pour la Libye qui s'inscrit dans la logique sécuritaire. Pour ce qui est de la Russie et de la Chine, les décisions ont été dictées par les besoins d'intérêts de ses pays. L'Allemagne, pour sa part, ne veut pas participer aux opérations militaires et à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, mais protégera sans réserve les objectifs de la résolution à l'image de la fourniture des aides humanitaires. De leur côté, les pays arabes sont concessionnels dans leurs décisions de se soumettre aux demandes du Conseil de sécurité. Dans ce sens, je tiens à préciser que la position de l'Algérie s'inscrit dans la légalité internationale et dans la sécurité régionale. Des opérations militaires internationales se déroulent près de nos frontières, quelles sont, d'après vous, les menaces auxquelles l'Algérie doit faire face ? L'intervention militaire en Libye pourra provoquer de nouveaux soucis pour la région, à laquelle l'Algérie appartient. Cette action internationale pourra émerger des menaces multiples. L'équation sécuritaire en Libye a le caractère poreux et sensible. Ce qui pourra créer l'extension de la criminalité et du terrorisme du Sahara vers les terres libyennes. Entre autres conséquences majeures de ces opérations, ces extensions qui sont susceptibles à créer des soucis pour l'Algérie et la région. *L'opération Condor : Compagne d'assassinat et de contre-terrorisme en Amérique du sud au milieu des années 1970. Le professeur M'Hand Berkouk est Directeur du Centre de recherches stratégiques et sécuritaires (CRSS) d'Alger. Il est également enseignant et chercheur en sciences politiques et relations internationales à l'université d'Alger 3. Au troisième jour de l'intervention militaire en Libye, il nous parle de l'objectif principal de l'organisation onusienne, de l'abstention de certains pays de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité et de leur rôle dans cette action. Aussi, il porte des éclaircissements quant aux retombées régionales d'une telle offensive, la première du genre dans un pays maghrébin. Suivons l'exposé du politologue… Le Midi Libre : la guerre vient d'éclater entre la coalition internationale, mandatée par le Conseil de sécurité de l'ONU, et les forces de Kadhafi. Quelle est votre lecture? M'Hand Berkouk : la résolution 1973 a engagé un certain nombre d'actions qui visent non pas seulement à mettre fin à la violence dont souffre la Libye mais aussi au système de Mouammar Kadhafi. La révolution, qui a ouvert la boite Condor* à toute l'insécurité, s'inscrit dans le chapitre 7 de la charte des Nations unies qui obligent les 122 Etats membres à recourir à la force contre les pays membres tout en refusant le caractère occupant. Pour ce qui est du cas de la Libye, je tiens à préciser qu'il n'y a pas de rebelles mais de manifestations pacifiques. Ce pays a vécu longtemps un blocus international. L'action militaire internationale en Libye, je vous le rappelle, vise à mettre fin au régime de Kadhafi. Cependant, je crains que l'anarchie politico sécuritaire meublera le quotidien de la Libye. Comment qualifiez-vous les positions prises par la Chine, la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde ? Sachant que le Conseil précise qu'il est exclu le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit. La résolution a été adoptée sans opposition, mais avec des abstentions. Toutefois c'est un consensus de paix et de sécurité pour la Libye qui s'inscrit dans la logique sécuritaire. Pour ce qui est de la Russie et de la Chine, les décisions ont été dictées par les besoins d'intérêts de ses pays. L'Allemagne, pour sa part, ne veut pas participer aux opérations militaires et à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, mais protégera sans réserve les objectifs de la résolution à l'image de la fourniture des aides humanitaires. De leur côté, les pays arabes sont concessionnels dans leurs décisions de se soumettre aux demandes du Conseil de sécurité. Dans ce sens, je tiens à préciser que la position de l'Algérie s'inscrit dans la légalité internationale et dans la sécurité régionale. Des opérations militaires internationales se déroulent près de nos frontières, quelles sont, d'après vous, les menaces auxquelles l'Algérie doit faire face ? L'intervention militaire en Libye pourra provoquer de nouveaux soucis pour la région, à laquelle l'Algérie appartient. Cette action internationale pourra émerger des menaces multiples. L'équation sécuritaire en Libye a le caractère poreux et sensible. Ce qui pourra créer l'extension de la criminalité et du terrorisme du Sahara vers les terres libyennes. Entre autres conséquences majeures de ces opérations, ces extensions qui sont susceptibles à créer des soucis pour l'Algérie et la région. *L'opération Condor : Compagne d'assassinat et de contre-terrorisme en Amérique du sud au milieu des années 1970.