«L'Amérique continuera certainement à cultiver des stratégies, lui permettant de préserver une place de superpuissance en déchéance. Au Moyen-Orient, Obama aura certainement la même conception de la politique déjà initiée par ses précédents ». C'est ce qu'a déclaré M. Berkouk, dans un entretien qu'il nous a accordé, en réaction à l'élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unies d'Amérique. Une manière de dire que si ce qui s'est produit en Amérique a valeur de révolution dans ce pays, il n'en est pas forcément de même pour le reste du monde. M. Berkouk nous l'explique. Midi Libre : Le monde entier n'a pas manqué d'afficher un intérêt sans précédent pour les élections présidentielles américaines. Pourquoi à votre avis ? M. Berkouk M'hand : En effet, l'élection présidentielle américaine a toujours été un sujet passionnant, et ce, au vu des implications mondiales qu'auraient ces échéances aussi bien au plan diplomatique que stratégique. C'est une échéance exceptionnelle, marquée par une ascension électoraliste et une volonté de changement. Ce changement, tant réclamé par Barack Obama, s'articule aussi bien sur le volet de la rhétorique que sur le volet du programme. Cependant, l'élément essentiel dans ces élections que l'opinion internationale a suivi, attentivement est surtout le phénomène Barack Obama. Ce dernier risquera, faut-il le préciser, de provoquer une révolution normative, qui engendrera par voie de conséquence la fin de la règle (de Waspeen). Ceci veut dire la fin de la prédominance des «Anglo-Saxons». Ceci s'explique notamment par les résultats positifs enregistrés par Obama au cours de ces élections. Ce dernier a gagné une forte audience auprès des citoyens américains, tous confondus. C'est la première fois qu'on voit un Afro-américain arriver au virage final d'une élection présidentielle et la remporter. Barack Obama a, pour rappel dès le début de la course électorale, su prendre de l'avance sur son rival républicain, M. John McCain. Ce qui a animé cette élection, c'est surtout l'incertitude raciale, animant des craintes quant à l'échec d'un Noir à concrétiser le rêve américain comme cela a été déjà le cas en 1982 avec Bradley, qui n'avait pas pu de devenir gouverneur de la Californie, alors que les sondages politiques l'annonçaient vainqueur. La défaite de Bradley avait, précise-t-on, comme cause principale sa couleur de peau. Ainsi, il convient de relever que la couleur de peau et la religion sont deux éléments fondamentaux, qui déterminent le résultat final des élections aux Etat-Unis d'Amérique. Quels sont à votre avis les changements attendus, notamment sur la scène internationale, après les élections présidentielles remportées par Barack Obama? Le scénario le plus plausible, est sans doute, celui de la continuité. Dans ce contexte, il faut dire que la présidence de George Bush a été notamment marquée par de grands événements ayant altéré la logique des relations internationales. A cet effet, il faut dire que ce n'est pas seulement la guerre contre le terrorisme international, c'est aussi l'unilatéralisme militaire américain, qui est un facteur de déstabilisation. Ce dernier est aussi derrière l'effondrement du mythe de la supériorité de l'Amérique en Irak, en Afghanistan et l'enfoncement des troupes américains dans le bourbier irakien, qui coûte quelque 200 milliards de dollars de dépenses. Cette situation altère de manière continuelle a la crédibilité des Etats-Unis d'Amérique. Cet état de fait a, relevons-le, poussé plusieurs Etats à parler de la nécessité de voir émerger dans le monde une force multipolaire, surtout que l'Amérique économique rentre de plain-pied en récession et en phase de crise financière, qui compromettra sa réputation au sein des instances internationales. En outre, au plan de la politique étrangère, il y a lieu de signaler que celle-ci se rationalise par rapport à la distribution de la puissance, mais aussi à des intérêts. L'Amérique continuera certainement à cultiver des stratégies lui permettant de préserver une place de superpuissance en déchéance. Au Moyen-Orient Obama aura certainement la même conception de la politique déjà initiée par ses précédents. Envers les juifs et s'agissant de la politique de sécurité internationale, je pense que Barack Obama n'acceptera jamais l'émergence d'un Etat stratégiquement équivalant à la puissance israélienne au Moyen-Orient. Pis encore, le nouveau président américain refusera une quelconque solution au conflit palestino israélien, qui entraînera un affaiblissement à l'Etat Israélien sur le contexte régional. Obama a, signalons-le, défendu et d'une manière virulente l'Etat Israélien, et ce, en tant qu'ami éternel des Etats-Unis d'Amérique. A cet effet, il convient de dire que l'Iran sera endiguée, les Palestiniens continueront à être domestiqués, le monde continuera à être soumis à la volonté américaine. Cette victoire de Barack Obama, pourrait-elle provoquer un changement en matière de politique étrangère à l'égard de l'Afrique en général et de l'Algérie en particulier ? L'Afrique constitue pour les Etats-Unis d'Amérique un domaine stratégique et d'intérêt. Cette situation s'explique, faut-il le préciser, par trois raisons fondamentales. Pour développer un pôle concurrentiel, l'Amérique recourra essentiellement à sa capacité et son pouvoir d'action pour influencer sur toute l'Afrique. C'est une logique géopolitique et prospective définie par une volonté concurrentielle de l'Europe à s'étendre d'Alger au Cap. La deuxième raison réside également dans les desseins militaires, fixés par les Etats-Unis d'Amérique depuis 2002, voulant rattacher l'Afrique à la zone centrale, que constitue l'Europe avec l'Africom, Pan sahel et les autres initiatives sécuritaires, qui s'inscrivent dans une logique de prédominance sur le continant africain, le bassin méditerranéen et aussi sur l'Europe. C'est une logique de construction d'une puissance stratégique et d'une puissance omniprésente à travers le globe. La troisième raison est due, cependant, au pétrole, qui constitue une dimension essentielle de la sécurité nationale de l'Amérique. Car, actuellement, l'Amérique dépend des importations de pétrole, qui sont de l'ordre du 15%. Celles-ci seront de 25% à l'horizon 2012. En plus de ces raisons, les objectifs US soulignent les analystes s'expliquent par la volonté des décideurs américains, dans le cadre de la réussite d'Obama de créer une nouvelle image du pardon historique envers l'Afrique. C'est l'émancipation civique des Afro-américains, voire la réconciliation entre le continent source d'esclavage et un pays destinataire d'esclaves. Mais il faut toujours dire que chez les Américains tout est relatif à la priorité d'Etat. C'est elle qui prime sur tous les niveaux et au détriment de tout. Propos receuillis par K. L. C. *M. Berkouk M'hand, professeur en sciences politiques à l'université d'Alger et à l'Institut diplomatique et des relations internationales, directeur du centre des études stratégiques du journal Chaâb, membre du conseil consultatif international du Congrès mondial pour les études sur le Moyen-Orient. Docteur d'Etat en études stratégiques internationales de l'université de Southampton et également docteur d'Etat en philosophie des sciences de l'université de Londres. Le professeur M'hand Berkouk est aussi auteur d'une centaine de publications sur la sécurité internationale. «L'Amérique continuera certainement à cultiver des stratégies, lui permettant de préserver une place de superpuissance en déchéance. Au Moyen-Orient, Obama aura certainement la même conception de la politique déjà initiée par ses précédents ». C'est ce qu'a déclaré M. Berkouk, dans un entretien qu'il nous a accordé, en réaction à l'élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unies d'Amérique. Une manière de dire que si ce qui s'est produit en Amérique a valeur de révolution dans ce pays, il n'en est pas forcément de même pour le reste du monde. M. Berkouk nous l'explique. Midi Libre : Le monde entier n'a pas manqué d'afficher un intérêt sans précédent pour les élections présidentielles américaines. Pourquoi à votre avis ? M. Berkouk M'hand : En effet, l'élection présidentielle américaine a toujours été un sujet passionnant, et ce, au vu des implications mondiales qu'auraient ces échéances aussi bien au plan diplomatique que stratégique. C'est une échéance exceptionnelle, marquée par une ascension électoraliste et une volonté de changement. Ce changement, tant réclamé par Barack Obama, s'articule aussi bien sur le volet de la rhétorique que sur le volet du programme. Cependant, l'élément essentiel dans ces élections que l'opinion internationale a suivi, attentivement est surtout le phénomène Barack Obama. Ce dernier risquera, faut-il le préciser, de provoquer une révolution normative, qui engendrera par voie de conséquence la fin de la règle (de Waspeen). Ceci veut dire la fin de la prédominance des «Anglo-Saxons». Ceci s'explique notamment par les résultats positifs enregistrés par Obama au cours de ces élections. Ce dernier a gagné une forte audience auprès des citoyens américains, tous confondus. C'est la première fois qu'on voit un Afro-américain arriver au virage final d'une élection présidentielle et la remporter. Barack Obama a, pour rappel dès le début de la course électorale, su prendre de l'avance sur son rival républicain, M. John McCain. Ce qui a animé cette élection, c'est surtout l'incertitude raciale, animant des craintes quant à l'échec d'un Noir à concrétiser le rêve américain comme cela a été déjà le cas en 1982 avec Bradley, qui n'avait pas pu de devenir gouverneur de la Californie, alors que les sondages politiques l'annonçaient vainqueur. La défaite de Bradley avait, précise-t-on, comme cause principale sa couleur de peau. Ainsi, il convient de relever que la couleur de peau et la religion sont deux éléments fondamentaux, qui déterminent le résultat final des élections aux Etat-Unis d'Amérique. Quels sont à votre avis les changements attendus, notamment sur la scène internationale, après les élections présidentielles remportées par Barack Obama? Le scénario le plus plausible, est sans doute, celui de la continuité. Dans ce contexte, il faut dire que la présidence de George Bush a été notamment marquée par de grands événements ayant altéré la logique des relations internationales. A cet effet, il faut dire que ce n'est pas seulement la guerre contre le terrorisme international, c'est aussi l'unilatéralisme militaire américain, qui est un facteur de déstabilisation. Ce dernier est aussi derrière l'effondrement du mythe de la supériorité de l'Amérique en Irak, en Afghanistan et l'enfoncement des troupes américains dans le bourbier irakien, qui coûte quelque 200 milliards de dollars de dépenses. Cette situation altère de manière continuelle a la crédibilité des Etats-Unis d'Amérique. Cet état de fait a, relevons-le, poussé plusieurs Etats à parler de la nécessité de voir émerger dans le monde une force multipolaire, surtout que l'Amérique économique rentre de plain-pied en récession et en phase de crise financière, qui compromettra sa réputation au sein des instances internationales. En outre, au plan de la politique étrangère, il y a lieu de signaler que celle-ci se rationalise par rapport à la distribution de la puissance, mais aussi à des intérêts. L'Amérique continuera certainement à cultiver des stratégies lui permettant de préserver une place de superpuissance en déchéance. Au Moyen-Orient Obama aura certainement la même conception de la politique déjà initiée par ses précédents. Envers les juifs et s'agissant de la politique de sécurité internationale, je pense que Barack Obama n'acceptera jamais l'émergence d'un Etat stratégiquement équivalant à la puissance israélienne au Moyen-Orient. Pis encore, le nouveau président américain refusera une quelconque solution au conflit palestino israélien, qui entraînera un affaiblissement à l'Etat Israélien sur le contexte régional. Obama a, signalons-le, défendu et d'une manière virulente l'Etat Israélien, et ce, en tant qu'ami éternel des Etats-Unis d'Amérique. A cet effet, il convient de dire que l'Iran sera endiguée, les Palestiniens continueront à être domestiqués, le monde continuera à être soumis à la volonté américaine. Cette victoire de Barack Obama, pourrait-elle provoquer un changement en matière de politique étrangère à l'égard de l'Afrique en général et de l'Algérie en particulier ? L'Afrique constitue pour les Etats-Unis d'Amérique un domaine stratégique et d'intérêt. Cette situation s'explique, faut-il le préciser, par trois raisons fondamentales. Pour développer un pôle concurrentiel, l'Amérique recourra essentiellement à sa capacité et son pouvoir d'action pour influencer sur toute l'Afrique. C'est une logique géopolitique et prospective définie par une volonté concurrentielle de l'Europe à s'étendre d'Alger au Cap. La deuxième raison réside également dans les desseins militaires, fixés par les Etats-Unis d'Amérique depuis 2002, voulant rattacher l'Afrique à la zone centrale, que constitue l'Europe avec l'Africom, Pan sahel et les autres initiatives sécuritaires, qui s'inscrivent dans une logique de prédominance sur le continant africain, le bassin méditerranéen et aussi sur l'Europe. C'est une logique de construction d'une puissance stratégique et d'une puissance omniprésente à travers le globe. La troisième raison est due, cependant, au pétrole, qui constitue une dimension essentielle de la sécurité nationale de l'Amérique. Car, actuellement, l'Amérique dépend des importations de pétrole, qui sont de l'ordre du 15%. Celles-ci seront de 25% à l'horizon 2012. En plus de ces raisons, les objectifs US soulignent les analystes s'expliquent par la volonté des décideurs américains, dans le cadre de la réussite d'Obama de créer une nouvelle image du pardon historique envers l'Afrique. C'est l'émancipation civique des Afro-américains, voire la réconciliation entre le continent source d'esclavage et un pays destinataire d'esclaves. Mais il faut toujours dire que chez les Américains tout est relatif à la priorité d'Etat. C'est elle qui prime sur tous les niveaux et au détriment de tout. Propos receuillis par K. L. C. *M. Berkouk M'hand, professeur en sciences politiques à l'université d'Alger et à l'Institut diplomatique et des relations internationales, directeur du centre des études stratégiques du journal Chaâb, membre du conseil consultatif international du Congrès mondial pour les études sur le Moyen-Orient. Docteur d'Etat en études stratégiques internationales de l'université de Southampton et également docteur d'Etat en philosophie des sciences de l'université de Londres. Le professeur M'hand Berkouk est aussi auteur d'une centaine de publications sur la sécurité internationale.